Point de vue: la non-participation de la diaspora au processus électoral démontre l’imposture et dévoile l’étendue de la mascarade électorale en cours au Cameroun.

BRUXELLES - 09 SEPT. 2011
© Dr. Moïse ESSOH | Correspondance

"...Bien qu’en diaspora, presque toute la population est en âge de voter (très faible proportion de Camerounais de moins de 20 ans), admettons malgré tout qu’on réduise les potentiels électeurs à 2/3 de ces 450.000 compatriotes, soit 300.000 personnes, on n’est toujours qu’à 0,5 % du corps électoral..."

C’est donc en direct sur les antennes de la CRTV, média d’Etat au Cameroun, que Joseph Bienvenu Foe Atangana, ambassadeur du Cameroun aux USA l’a annoncé avec « fierté »: 1600 Camerounais vivant aux Etats-Unis d’Amérique se sont inscrits sur les listes électorales. (Cf. www.cameroon-info.net/stories/0,29350,@,presidentielle-2011-aux-etats-unis-l-ambassadeur-annonce-1600-inscriptions-sur-l.html)

Pourtant, dans une tonitruante tribune publiée dans « Mutations » et intitulée « Cameroun, Cinquantenaires de l'indépendance et de la réunification: Pour une mobilisation patriotique de la diaspora camerounaise », son supérieur et ministre des Affaires Etrangères du régime camerounais, M. Eyebe Ayissi nous informait que « d'après les estimations faites à partir des données fournies par nos missions diplomatiques et postes consulaires », donc d’après ses propres services consulaires, il y a aux « Etats-Unis : plus de 700 000 [Camerounais] (dont 250 000 se sont naturalisés Américains) ». Soit au moins 450.000 qui sont toujours Camerounais. Et il ajoute que «Ces statistiques sont, bien évidemment, largement en-deçà de la réalité.». (Cf. http://www.camer.be/index1.php?art=9269&rub=6:1 ).

Voici donc une imposture officialisée par les sbires de M. Paul Barthélemy Biya lui-même :

1600 inscrits sur un total 450.000 attendus au minimum, soit un taux d’inscription de 0,36 % du corps électoral de la diaspora camerounaise aux USA. Quelle prouesse !!!

Bien qu’en diaspora, presque toute la population est en âge de voter (très faible proportion de Camerounais de moins de 20 ans), admettons malgré tout qu’on réduise les potentiels électeurs à 2/3 de ces 450.000 compatriotes, soit 300.000 personnes, on n’est toujours qu’à 0,5 % du corps électoral.

En comparaison avec l‘intérieur du pays, c’est comme si 64.800 personnes seulement s’inscrivaient sur les 18 millions d’habitants.

Pour le cas de la Belgique, où jusqu’à présent nous n’avons aucune estimation des inscrits (L’ambassadeur aurait-il honte d’annoncer les chiffres ?) la situation est encore plus rocambolesque. Depuis le passage de la deuxième délégation d’ELECAM, composée de Maître Ebanga et de Mme Biyong, qui semble-t-il étaient venus « installer » les membres de la commission chargée de l'établissement et de la révision des listes électorales (chapitre II, section I du décret scélérat de Paul Biya), aucune commission n’a été installée. A moins que ses membres soient devenus des agents secrets opérant en cagoule et incognito.

« Dès la clôture des inscriptions, la liste sera affichée à l’ambassade. Tout le monde pourra venir vérifier » : c’est ce que disait le vice-président du Conseil Electoral d’ELECAM, Me Ebanga, dans un one man show verbal lénifiant, sans honte ni respect de lui-même.

Au jour de cet article, c’est le brouillard le plus total : plus d’une semaine après la clôture de l’inscription sur les listes électorales, aucun chiffre ni aucune liste n’est publiée à l’ambassade du Cameroun en Belgique. Auraient-ils honte d’afficher une liste d’inscrits qui serait quasiment identique à la liste de présence de l’assemblée générale de la section RDPC du Benelux ?

En Allemagne, en France, au Royaume Uni, le scénario est le même : opacité volontaire du processus électoral, boycott de l’inscription par les Camerounais, inscription des seuls sympathisants RDPC, cache-cache des autorités consulaires avec les organisations patriotiques de la diaspora.

Tout ceci, le chiffre de 0,36% d’inscrits aux USA, l’absence de chiffre et de transparence en Belgique et ailleurs, démontre que le mot d’ordre de boycott lancé par la diaspora patriotique contre la mascarade électorale a été largement suivi.

C’est un véritable désaveu par la diaspora de ce « droit de vote » tronqué qui, je le rappelle, n’était qu’une vulgaire manœuvre politicienne pour distraire la diaspora dont M. Biya et son régime ont de plus en plus peur.
C’est donc une victoire pour la résistance camerounaise, active ou passive, contre la dictature RDPC de M. Paul Barthélemy Biya.

Par ailleurs, ces faibles taux d’inscriptions annoncent une véritable imposture. Les 0,36% ou 0,5% de Camerounais de la diaspora inscrits dans les différents pays (probablement la totalité des militants et sympathisants RDPC, leurs femmes, leurs enfants et leurs obligés), iront donc « voter » Paul Biya à 100 %. Et sans aucune honte ni dignité, le régime sanguinaire exprimera « sa fierté que la diaspora ait voté à 100 % pour Paul Biya ». 100% des 0,36%. Un vote totalement illégitime, contestable et à annuler tout de suite, avant même de le tenir. Une véritable fanfaronnade d’élection.

Après de telles preuves de la mascarade électorale en cours, il faut que tous les Camerounais de la diaspora, ceux qui ont boycotté l’inscription sur les listes électorales d’une part, et d’autre part ceux ont pris des nationalités occidentales, se mettent ensemble pour empêcher, par tous les moyens, que cette dernière forfaiture devienne une énième caravane de malheur qui passera sur leur avenir pendant que le peuple camerounais aboie de douleur, de misère et de détresses en tous genres.


Dr. Moïse ESSOH
Secrétaire exécutif du CODE - Membre du CD de l’UPC



09/09/2011
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