Plate-forme: Le code électoral sème le trouble entre le Rdpc et l'Undp

YAOUNDÉ, 17 avril 2012
© GEORGES ALAIN BOYOMO | Mutations

Pour la première fois depuis 1997, les députés de l'Undp n'ont pas adopté un texte soumis par le gouvernement au Parlement.

C'est l'histoire d'un ménage en équilibre instable. En effet, entre l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), la plate-forme signée en 1997, à la veille de l'élection présidentielle d'alors, vacille depuis la fin de l'année dernière, sous l'effet de la ruse de l'un des deux partenaires, en l'occurrence le Rdpc.

L'étincelle qui met définitivement le feu aux poudres est la loi portant code électoral adoptée vendredi dernier à l'Assemblée nationale. Grande première, les députés de l'Undp ne se sont pas prononcés en faveur du texte soumis à l'auguste chambre par le gouvernement. «Notre position a été contraire parce que notre partenaire (le Rdpc) ne nous a pas associé à l'élaboration de ce texte et nous nous désolidarisons de ce code électoral qui ne prend pas en compte les préoccupations du peuple camerounais», a tempêté le député du Diamaré-centre, Amadou Adji.

Même son de cloche du côté de Basile Yagaï, autre député de l'Undp : «Nous estimons que nos partenaires du Rdpc n'ont pas pris nos considérations en compte. Nous avons élaboré et soumis un certain nombre de points lors de diverses consultations, mais malheureusement tout a été balayé du revers de la main. Nous avons demandé la suppression des circonscriptions spéciales, le vote à deux tours pour l'élection du président de la République, l'augmentation du nombre de députés et une nouvelle répartition par circonscriptions électorales».

Dimanche dernier déjà, le secrétaire général de l'Undp, Pierre Flambeau Ngayap avait prévenu l'opinion publique et partant le Rdpc au sujet de ce code : «Si les cartes électorales ne sont pas délivrées immédiatement au moment de l'inscription, si les dispositions relatives à la durée du mandat et au mode du scrutin présidentiel ne sont pas revues, si le découpage électoral n'est pas équitable, les députés de l'Undp ne voteront pas ce texte».

Selon des sources proches de l'Undp, après l'adoption de la loi sur le code électoral en commission, et la non prise en compte des revendications de l'Undp, jeudi dernier, le président national de l'Undp, Bello Bouba Maïgari, a saisi le secrétaire général du comité central du Rdpc, Jean Nkueté pour crier son ras-le-bol. C'est ainsi que, selon les mêmes sources, Jean Nkueté s'est rendu vendredi dernier au ministère du Tourisme où il a eu un entretien avec Bello Bouba Maïgari. Le patron administratif du Rdpc aurait «rassuré» à cette occasion son partenaire sur le code électoral, apprend-on.

Assurances

Mais la bombe est-elle pour autant désamorcée? De fait, l'on se rappelle qu'avant la dernière élection présidentielle, le Sg du Rdpc d'alors, René Emmanuel Sadi, avait déjà «rassuré» le président national de l'Undp sur la qualité et la pérennité du partenariat entre les deux parties. Ce qui avait amené l'Undp à battre campagne pour le candidat du Rdpc, Paul Biya. Tout cela au grand dam des caciques 3e parti politique camerounais (en termes de représentativité au Parlement), qui réclamaient à cor et à cri la fin du «marché de dupes» entre l'Undp et le Rdpc.

Le «marché de dupes» décrié va d'ailleurs se poursuivre après la formation du gouvernement, le 9 décembre dernier, faisant une fois de plus mousser la colère au sein du parti de Bello Bouba : «l'Undp s'est fait duper par le Rdpc. Ce parti n'a pas respecté ses engagements comme il a été convenu. Une de nos revendications avait trait aux postes au sein du gouvernement, mais cela n'a pas été fait. On nous console avec un poste de ministre d'Etat, un ministre délégué et un poste de secrétaire d'Etat. Le poste (ambassadeur itinérant) de Mohamadou Ahidjo est une reconnaissance par rapport à son père. Pour moi, je trouve qu'il ne faut plus parler de plate-forme», s'emportait le député Paul Badama lors du dernier congrès de l'Undp. Avec l'adoption d'un code électoral en contradiction avec les attentes de cette formation politique, il y a lieu de s'interroger sur l'avenir de la plate-forme scellée en 1997, «au nom de la paix et de la démocratie», entre le Rdpc et l'Undp.





18/04/2012
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