Pierre Kwemo: «J'entre de façon farouche en campagne pour la perte du RDPC»

Douala, 19 Août 2013
© Souley ONOHIOLO | Le Messager

Le Président national de l'Union des mouvements socialistes revient sur les contours du rejet de sa candidature et analyse les chances de l'opposition.

Pensez-vous qu'il y a nécessairement des mains tapies dans l'ombre qui œuvrent pour votre perte?

Assurément. Il y a des affairistes, des forces de l'argent et des manipulateurs qui tirent les marrons du feu. Plusieurs listes du Rdpc devaient être disqualifiées et rejetées; tel n'a pas été le cas. C'est très choquant d'observer, la tournure que prennent les choses. Pendant plus de 21 ans d'un semblant de démocratie, l'on a encouragé les acteurs politiques et les citoyens à aller aux urnes. Aujourd'hui, c'est l'envers de la démocratie: on décourage les gens à accomplir ce devoir citoyen. Et parce que c'est mal organisé; à cause de la filouterie, la ruse et les manigances de toutes sortes, les gens ne retirent pas les cartes électorales. En éliminant nos listes, les mains d'argent, les émissaires qui se sont rendus responsables de cette pagaille, le braquage et le hold-up, par des pratiques d'exclusion, du monnayage, du trafic d'influence, ont provoqué le courroux des populations. Le Rdpc a mis le Conseil constitutionnel et Elecam dans sa poche. Le seul espoir pour le Rdpc était d'invalider ma candidature dans le Haut Nkam. Je suis un adversaire redouté. Voilà pourquoi j'étais dans le viseur. Pour éviter le trouble à la paix et à l'ordre public, il fallait qu'ils acceptent que j'aille aux élections quitte à ce qu'ils m'éliminent sur le terrain, par la tricherie.


A observer le rejet de votre candidature dans votre fief, n'est-ce pas le début, de votre déchéance politique?

Je ne me déclare pas vaincu. Mes adversaires vont me trouver sur leur chemin. Je vais me déployer à les mettre en difficulté; à constituer un obstacle sérieux. Je vais démonter toute cette mise en scène à travers laquelle on observe un ensemble de collusions entre Elecam, le Rdpc, le Conseil constitutionnel et le gouvernement. J'ai le sentiment que les autres partis politiques disqualifiés pour les motifs identiques de non-respect du genre meurent à cause de moi qu'on cherchait à éliminer de la course absolument. Nous sommes indignés; en tant que tête de liste, je vais en campagne pour expliquer aux populations que les prochaines élections sont un canular, une comédie. Je vais leur expliquer comment le processus est torpillé et qu'il n'y a rien à en attendre.


Une fois de plus, les partis de l'opposition vont à ces élections, démembrés, résignés et presque sûrs de ne pas faire des bons scores. Quand est-ce que cette opposition va faire sa propre mue?

On s'aperçoit une fois de plus que le parti au pouvoir et ses déférents instruments de conservation du pouvoir, nous ont bluffés. Après un tel coup dur, l'opposition devrait se retrouver; former une coalition pour mettre un terme à la théâtralisation des élections dans notre pays. Il faut que le Cameroun se mette résolument au pas, des nations démocratiques. Malheureusement, il est difficile pour nous d'évoluer en rangs serrés. Les jours qui viennent seront difficiles. En se retranchant dans une sorte d'indolence, l'opposition est devenue institutionnelle.

Aujourd'hui, l'on s'accorde à dire, qu'elle est simplement une caution démocratique illusoire au Président de la République Paul Biya. L'union sacrée de l'opposition camerounaise reste une utopie.


19/08/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres