Performances économiques: les critiques du patronat camerounais

Performances économiques: les critiques du patronat camerounais
(journal du cameroun 21/12/2010)


Ce constat est celui du président du GICAM, lors de l’assemblée générale annuelle de cette organisation

Des prévisions économiques inquiétantes au regard des déclarations politiques

Dans son discours prononcé lors de la 110ème assemblée générale du Groupement interpatronnal du Cameroun (GICAM), Olivier Behle, a fait savoir que le bilan de l’activité économique au Cameroun, pour l’année 2010, était mauvais. Les performances économiques du Cameroun se situent en deçà de la moyenne mondiale, africaine et sous régionale. Notre pays est l’un des moins performants du monde et ses résultats sont en déphasage avec le potentiel que tout le monde lui reconnaît, a déclaré le président du groupement. Selon lui, les estimations du gouvernement et des organismes parallèles de sondage qui tablent sur une croissance de 2,6% en 2010 en raison de l’effondrement de la production pétrolière, sont le signe de la persistance des difficultés structurelles.

Dans l'analyse qu'il a présentée sur les secteurs d’activités, il apparaît que la croissance est estimée à 3,8% dans le primaire, à 3,9% dans le tertiaire et à 0,5% dans le secondaire, qui subit les conséquences de la baisse soutenue de la production pétrolière, avec une chute de l’extraction d'hydrocarbures de plus de 13%. En ce qui concerne l’environnement global des affaires, le président du GICAM a fait savoir que malgré la prise des quelques mesures d’encouragement, les durées des opérations d’importation et d’exportation sont toujours très longues.

De même, les procédures et délais de paiement des impôts sont eux aussi longs, les entreprises camerounaises consacrant en moyenne 27 jours par an au règlement des impôts, contre 7 jours environ en Ile Maurice. Aussi critiqué, le manque de politique agricole claire du gouvernement. Pour Olivier Behle, le Cameroun ne peut espérer dans ces conditions, être un pays émergent que s’il améliore de façon concrète, la qualité de la dépense publique et diminue sérieusement le niveau des importations des produits alimentaires agricoles, pour passer de 500 milliards FCFA aujourd’hui à 100 milliards FCFA en deux ans. Le gain réalisé par cette mesure forte, pourrait être investi dans le financement de l’agriculture, dans la multiplication des infrastructures de production et contribuer à augmenter l’accès au crédit a-t-il fait savoir.

Une politique fiscale toujours peu incitative

Le président du Gicam a aussi dénoncé l’attitude unilatérale du gouvernement, qui a élaboré et adopté sa loi de finance sans respecter le principe de consultation préalable du secteur privé. Le patronat dans sa politique de veille, avait porté à l’attention du gouvernement des observations sur des choix de politique fiscale qui pour lui seraient de nature à réduire la pression fiscale et donc relancer ou tout au moins maintenir les investissements. Entre autre mesures critiquées, la suppression de la réduction de 50% de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur les revenus de capitaux mobiliers pendant la phase d’exploitation dans le cadre des régimes du Code des investissements, la suppression du taux zéro de TVA pour les entreprises situées en zones franches et points francs industriels, l’exigence de mentions obligatoires - concernant le fournisseur et le client - à faire figurer sur une facture, et l’allongement du délai de notification au contribuable du redressement ou de l’avis d’absence de redressement à compter de la fin des opérations de contrôle sur place ainsi que du délai de réponse aux observations du contribuable.

Une autre conséquence sérieuse du manque de dialogue franc entre les secteurs privés et publics est selon le groupement, le fait que la loi de finances 2011 récemment votée a dépouillé l’article 262 de l’alinéa « b » et a vidé le régime des investissements de toute sa substance. De la même manière le président du Gicam fait remarquer, qu’avec la modification de l'article 614 du Code Général des Impôts, l'effet rétroactif sera désagréable pour les entreprises auxquelles des avantages fiscaux avaient été accordés par des textes spécifiques. Promettre une chose et décider du contraire deux ans plus tard n’est pas de nature à encourager ceux qui ont pris des risques pour créer de la richesse et encore moins à attirer de nouveaux investisseurs, a conclu le président du Gicam.


Par Idriss Linge - 20/12/2010


21/12/2010
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