Parti politique: John Fru Ndi accusé de semer la division au SDF - Il est reproché au Chairman le rejet des candidatures indésirables lors des investitures - Vers un congrès houleux demain

DOUALA - 11 OCT. 2012
© Joseph OLINGA | Le Messager

Le chairman du Social democratic front est accusé de mettre à l’écart des « candidats indésirables » dans l’optique de la prochaine élection aux instances dirigeantes lors du congrès du Sdf prévu du 12 au 14 octobre prochain.

Congrès: John Fru Ndi divise le Sdf


John Fru Ndi (Yaounde, 2011)
Photo: © AFP


Le chairman du Social democratic front est accusé de mettre à l’écart des « candidats indésirables » dans l’optique de la prochaine élection aux instances dirigeantes lors du congrès du Sdf prévu du 12 au 14 octobre prochain.

Il a siégé à la Commission d’investiture des candidats du Social democratic front (Sdf) et, au terme des assises, la température est montée d’un cran dans «le parti du changement». Quoique unique candidat à sa propre ré-investiture, le chairman sortant du Sdf ne connaît pas l’assentiment unanime de ses camarades. C’est que, certains candidats accusent, variablement, le chef de file du premier parti de l’opposition camerounaise d’être juge et partie dans le processus de validation des candidatures des prétendants aux postes dans le bureau national de ce parti. L’illustration a été faite lors de la session du National executive comite (Nec) qui s’est tenue dans la ville de Bamenda les 8 et 9 octobre dernier. Acceptées et validées par leurs bureaux provinciaux, les candidatures de certains ont été rejetées au cours de ces assises. C’est dans cette logique que la candidature de Célestin Ndjamen, candidat à la cinquième vice-présidence a été recalée. Idem pour celle de Maître Manga Moussole, avocat au barreau du Cameroun ainsi que celle de Beleme, candidat au poste de secrétaire national à la communication et de Chantal Kambiwa, candidate au poste de deuxième vice-présidence nationale du Social democratic front.

Des candidatures rejetées pour des raisons diverses mais pas toujours élucidées. Autant que le retrait «curieux» de certaines. Une situation d’autant plus préoccupante lorsque des sources, multiples, évoquent l’absence de quorum lors de la dernière session du Nec. Au sein du Sdf, l’un des sujets à polémique est celui de la nouvelle élue au présidium (l’instance suprême) de l’Internationale socialiste. Des sources indiquent alors que sa candidature aurait fait l’objet d’un vice de procédure. Sous cape, des sources laissent entendre que «la candidature de la camarade Kambiwa n’a pas respecté la procédure du parti en cas de candidature.» Plus explicite, le président de la Commission électorale de Douala 1er argue du fait que, «être membre du Nec ne lui permet pas de mettre sur pied une coordination.» Des propos relativisés par la vice-présidente de l’Internationale socialiste. En fait, le débat dans la Social democratic front se généralise et prend des allures de défiance.

Sous anonymat, un membre du Nec met en cause le fait que, «la Commission de coordination est truffée de candidats». Pour illustration des sources dignes de foi évoquent les cas du chairman du Sdf, Ni John Fru Ndi, celui du président régional de l’Ouest, l’ancien député Tchomulu Jean, du député Mbah Ndam et de la Secrétaire générale du Sdf entre autres et qui, à des niveaux divers, sont candidats aux élections prévues lors du 8e congrès du Social democratic front qui se déroulent du 12 au 14 octobre 2012. Une situation en contradiction avec les oppositions du Professeur Kofele-Kale, membre du shadow cabinet en charge des questions juridiques. Une élite de ce parti qui dénonçait en son temps la présence de certains de ses camarades «candidats» au sein de la commission de validation des candidatures au sein du Sdf. Joint au téléphone, plusieurs cadres du Social democratic front mettent en exergue le fait que «les résolutions de la Commission de validation des candidatures sont souveraines.» Des raisons pour indiquer que le rejet d’une candidature lors des assises de cette instance du Sdf n’est pas motivé. Bonjour les tensions qui planent sur le congrès qui s’ouvre demain.

Joseph OLINGA



Méthodes: La Commission d’investiture comme Elecam?

Tout en réclamant une équité certaine dans la structuration de l’organe en charge des élections au Cameroun, le premier parti de l’opposition s’illustre à travers des méthodes du même acabit.

Statutairement la Commission d’investiture du Social democratic front (Sdf) est l'instance connue comme étant la Cellule des Conseillers. Selon des sources, une sorte de Bureau politique ou un Conseil des sages du parti. Sa composition, selon des sources crédibles, n'a jamais fait l'objet d'une ratification ouverte du National executive comite (Nec). Une instance de décision entre deux Congrès, ni même du Congrès, instance suprême du parti laisse songeur sur sa légitimité voire sa représentativité de la diversité sociologique actuelle du parti dirigé par Ni John Fru Ndi. De fait, elle est un peu à l'image d’Elecam. Partisane. Hyper-verrouillée. Ou si l'on veut: trop dominée par la volonté d'un seul individu et de «son clan ethno-régional» du Nord-Ouest. Ou, comme l’affirme certains de ces détracteurs, est ouverte à quelques amis.

Originellement constituée des 9 membres fondateurs du parti (Founding fathers), il n'en reste plus que deux en son sein. Il s'agit de Ni John Fru Ndi et Aloysius Teboh. De fait la Cellule des Conseillers (un organe statutaire consultatif, qui devient la Commission d'investiture à l'occasion des élections au Nec sur le plan national) est devenue, du fait des lois de la nature, des décès de certains de ses membres (Nyo Wakaî; Mbanga, Albert Mukong, etc) ou la démission des autres ( Pr Carlson Anyangwe et Vincent Feko, engagés dans la revendication autonomiste anglophone), un véritable instrument de «clientélisme clanique» aux mains du chairman du Sdf, Ni John Fru Ndi. De fait juge et partie, comme l’affirment de nombreuses sources au sein du Sdf. Ainsi, outre le président national, Ni John Fru Ndi, par ailleurs candidat régulier au Nec, notamment au poste de président national, les autres membres sont Aloysius Teboh (membre fondateur); Me Joseph Mbah Ndam ( Conseiller juridique au Nec/vice président de l'Assemblée nationale, membre coopté par le Chairman) ; Maître Francis Sama (Bâtonnier des avocats du Cameroun et Conseiller juridique du Nec, membre coopté); Docteur Nkwende ( médecin personnel du Chairman et membre coopté), Mme Teboh ( membre coopté par le chairman); Atekwana (vice-trésorier national et ancien président provincial du Nord-Ouest; membre coopté); M. Lucas Tandap, secrétaire du shadow cabinet et ancien trésorier adjoint); M. Jean Tsomelou (ancien député et président provincial de l'Ouest, néo membre invité); M. Tchatchouang, ancien député du Khounghi et candidat à la 2ème vice-présidence), et enfin Mme Tomedi Ndando, ancien député du Fako, et seule originaire du Sud- Ouest. Précision, comme cette fois-ci, cette dame a rarement participé à la réunion de la Cellule des Conseillers. La raison officielle de ses absences est son «état de santé fragile». Interrogé sur la légitimité de cette instance, capable de faire et défaire des carrières politiques, comme les candidats non retenus, un membre très régulier au Nec dit ne pas se souvenir de ce qu’une seule fois la liste des membres de ladite Cellule ait été soumise au Nec pour ratification ou validation. Encore moins au Congrès.


«Motion Kale» et contestations électorales

Pourtant, ce même Nec, qui est censé être l'instance de décision entre deux congrès et qui a ainsi cautionné ses décisions au cours de sa session spéciale du 8 octobre 2012, après un premier report lundi faute de quorum, n'interroge que très peu ces faits qui finissent de déteindre sur la crédibilité du parti du 26 mai 1990, notamment ses processus électoraux internes. Les questions nées autour du travail présumé de la Cellule des Conseillers/ Commission d'Investiture, remet au goût du jour une polémique née en 2000/2001, à la veille du 5ème Congrès. A cette époque-là, précisent des sources, « tirant les enseignements des tensions autour des investitures pour les élections prévues au 3ème Congrès de Buea en 1996. Elections finalement renvoyées pour le Congrès de 1998 à Yaoundé. Le Pr Ndiva Kofele Kale, l'un des juristes politiques camerounais les plus réputés sur le plan international, proposa une réforme de la structure d'organisation des élections internes pour la rendre autant autonome pour des candidats que possibles».

Connue sous la désignation de «Motion Kale», sa proposition suggérait une composition moins marquée par l'emprise du président national, afin de montrer la voie au pouvoir en place à qui l'opposition, conduite par le Sdf, exigeait une libération du système électoral, notamment son organe de supervision dénommé à l'époque Observatoire national des élections (Onel). Malheureusement, la proposition fut combattue de toutes leurs forces par les proches de Ni John Fru Ndi, qui au contraire, proposèrent une réforme renforçant l'emprise de ce dernier sur la composition du Nec. Ainsi depuis cette date, plus de la moitié des 54 membres du Nec, dont le Secrétaire général, sont nommés par le président national. Réagissant aux recommandations de la Commission d'investiture pour les élections au Nec du Congrès de 2012, un éminent membre du Nec, aguerris aux us et coutumes du parti depuis 1991, a eu ces mots lourds de sens: «ceci est la pire des investitures que j'ai jamais vu de ma participation dans ce parti.» Illustrations.

J.O.



11/10/2012
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