Paris refuse de commenter la candidature de Biya

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, a refusé mardi 6 septembre de commenter le dépôt de la candidature du président camerounais Paul Biya pour la présidentielle du 9 octobre.

M. Valero a indiqué lors d’un point-presse qu’il n’avait "pas de commentaire particulier" à faire sur la candidature de M. Biya, 78 ans, au pouvoir depuis 1982, a rapporté l’Agence France-Presse (AFP). "C’est une question de politique intérieure du Cameroun", a dit M. Valero, toujours cité par l’AFP. "Ce que nous souhaitons c’est que le processus politique, électoral qui va s’ouvrir se passe de la façon la plus normale et conforme aux règles constitutionnelles, institutionnelles de ce pays", a-t-il souligné. M. Biya s’apprête à briguer un sixième mandant à la tête du Cameroun alors que beaucoup d’opposants et d’observateurs jugent son bilan négatif.

Le 4 septembre, son dossier de candidature à la présidentielle du 9 octobre a été déposé par une délégation de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Au total, 51 candidatures ont été enregistrées, un record dans l’histoire des présidentielles au Cameroun.

Né en 1933 à Mvomeka’a dans le sud du Cameroun, M. Biya est le deuxième président du pays depuis son indépendance en 1960. Il doit son arrivée au pouvoir au premier président Ahmadou Ahidjo qui avait démissionné en 1982, intronisant M. Biya.

A l’époque, Ahidjo avait de l’estime pour Biya, et vis-versa, mais leurs relations s’étaient très vite détériorées, le successeur accusant son prédécesseur d’avoir notamment fomenté un coup d’Etat manqué contre lui en 1984.

Le bail de M. Biya à la présidence camerounaise devait en principe s’achever en 2011 : il avait été réélu en 1997, puis en 2004, sur la base d’une disposition constitutionnelle limidant le nombre de mandats à deux, chacun ayant une durée de sept ans.

Seulement, l’Assemblée nationale, dominée par son parti (153 députés sur 180), a supprimé en 2008 cette disposition, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle candidature de M. Biya.

Peu avant cette suppression, des jeunes avaient manifesté à travers le pays pour exprimer leur opposition à un tel projet. La répression de cette révolte par l’armée et la police avait entraîné la mort de 40 personnes, selon un bilan officiel, au moins 139 d’après des ONG camerounaises. La plupart des victimes avaient été tuées par balles.

En 1992, le leader de l’opposition John Fru ndi avait vraisemblablement remporté la première présidentielle multipartite mais la victoire avait été attribuée à M. Biya.

Les Etats-Unis avaient dénoncé les défaillances de ce scrutin, estimant qu’il avait été "entaché de sérieuses irrégularités".

De son côté, la France avait pris l’option de féliciter M. Biya avant de le soutenir financièrement. "Les bailleurs de fonds du Cameroun avaient alors largement la possibilité de faire plier le régime : celui-ci était complètement asphyxié financièrement, avec d’importants arriérés de payement dus aux institutions financières internationales", souligne la journaliste française Fanny Pigeaud dans son ouvrage "Au Cameroun de Paul Biya". "Mais la France n’a pas voulu voir Biya quitter la tête du pays", note-t-elle. "Se méfiant de l’anglophone Fru Ndi et voyant l’ombre de Washington derrière l’opposition et le FMI, elle a choisi de remettre Biya à flots en l’aidant sur le plan financier : son aide annuelle a plus que doublé, passant de 175 millions de dollars ( plus de 82 milliards de FCFA) en 1991 à plus de 407 millions ( près de 191 milliards de FCFA) en 1992", poursuit-elle.

M. Biya bénéficie toujours du soutien de Paris. Mais si la France le soutient, c’est avant tout parce qu’elle tient " à préserver ses intérêts", le Cameroun constituant "un marché pour ses produits et fournit d’importantes ressources, comme le gaz ou le pétrole", selon Pigeaud.

En 2011, on dénombrait au Cameroun 110 filiales et 200 sociétés appartenant à des français.

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09/09/2011
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