Oraison: Eto’o, Milla, Mboma et Bell rendent hommage à Théophile Abéga

DOUALA - 19 NOV. 2012
© Christian TCHAPMI | Le Messager

Ces Lions indomptables éprouvés par la disparition de ce monument du football camerounais, ont tenu à saluer la mémoire de l’ancien et emblématique capitaine de l’équipe nationale championne d’Afrique en 1984. De lui, ils gardent tous, le souvenir d’un footballeur hors pair et d’un modèle pour la jeunesse sportive du Cameroun.

Hommage posthume à un héros ! Le décès brutal et tragique de Théophile Abéga Mbida, telle une onde de choc, a fait le tour du monde en un laps de temps. De l’instance faîtière du football mondial en passant par les clubs où l’ancien milieu de terrain des Lions indomptables a évolué, les messages de sympathie et de condoléances à l’endroit de la famille du disparu si durement éprouvée n’en finissent plus. Vingt quatre heures après son décès, Samuel Eto’o Fils-qui justifie le retard de sa réaction par le fait qu’il voulait croire que quelqu’un l’appellerait pour lui dire que l’emblématique capitaine du Canon de Yaoundé est toujours en vie-saisit sa plume pour dire, le cœur serré, ce qu’il garde du Ballon d’or africain 1984. « J’ai cru en un poisson d’avril, en plein mois de novembre », avoue-t-il. Et de poursuivre, « au moment où nous sommes décidés à réécrire la belle histoire des Lions indomptables, c’est un mur de cet édifice qui vient de s’effondrer. Une page centrale de l’histoire de notre sélection nationale de football fanion vient d’être déchirée. Il fait partie de ces joueurs dont les légendes ont guidé mes pas et mes envies. Mettre le brassard qu’il a fièrement porté est aujourd’hui plus qu’un honneur pour moi, et sa disparition est une tragédie pour le football », écrit l’actuel capitaine de la sélection nationale fanion qui se remémore des « conseils galvanisateurs » que le célèbre Docteur a prodigué au « Onze national » à la veille du match Cameroun-Cap-Vert du 14 octobre dernier à Yaoundé.

C’est pourquoi « je voudrais présenter à son épouse et à ses enfants, mes condoléances les plus attristées auxquelles je joins toutes celles de mes coéquipiers au sein des Lions indomptables. Que ce moment douloureux soit vécu avec respect de la mémoire de l’illustre disparu, et rappelle à tous, la nécessité d’honorer de leur vivant, ceux qui ont servi avec dévouement le drapeau camerounais. Que la Terre de nos ancêtres lui soit légère.», conclut l’attaquant d’Anzhi Makhachkala. Quelques heures avant Samuel Eto’o, c’est Roger Milla, ancienne gloire et coéquipier d’Abéga en sélection, qui s’est confié. Le meilleur joueur africain de tous les temps, nostalgique et profondément touché par cette disparition, reconnaît que Abéga était plus qu’un ami, un frère. « Comme footballeur, il restera pour moi sans aucun doute comme le meilleur de notre génération. Sur le plan technique, il était le plus fort. Je me souviens encore du but en finale à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 1984 contre le Nigeria. J’ai revu les images et écouté le reporter qui crie « Abega-Milla-Abega »…but ! Trop de souvenirs se bousculent dans ma tête », confesse-t-il. Joseph-Antoine Bell, surpris et bouleversé par cette nouvelle triste retient de son aîné le souvenir de son immense talent. « J’ai rarement vu un joueur qui contrôlait le ballon sans le regarder. Quand je suis arrivé à Marseille, sa réputation m’avait précédé. Tout le monde me parlait de ce joueur évoluant à Toulouse qui jouait sans baisser la tête. Et puis, quelle élégance dans la conduite de balle (…) Il avait déjà fait du chemin mais à l’époque, le football n’était pas très médiatisé. Aujourd’hui, les jeunes ne peuvent pas imaginer à quel point les anciens avaient du talent ».


Michel Platini

Paul Bahoken, ancien Lion indomptable et coéquipier de Théophile Abéga en sélection, avoue qu’il lui a fallu plusieurs coups de fil à des amis pour en avoir le cœur net car étant en contact quasi-permanent avec le disparu. « Nous perdons un grand homme, un monsieur qui a galvanisé l'ensemble du football camerounais pour une ère de succès. J'étais au Tonnerre de Yaoundé, lui au Canon. Ce qui devait se passer sur le terrain se passait, mais une fois les rencontres terminées, nous vivions comme une seule famille. Il était un frère pour moi ». Humainement parlant, confie-t-il, « c'était un garçon très discret mais aussi très serviable. Abéga était altruiste : quand il était capitaine de l'équipe nationale et qu'un joueur avait un problème, il allait toujours voir sans tarder le sélectionneur pour trouver une solution.»

Patrick Mboma, lui, parle de choc puisque le football camerounais est en deuil. L’ancien ballon d’or africain 2000 souhaite d’ailleurs que les autorités fassent le nécessaire pour honorer la mémoire de ce champion. « Abega était tout d'abord pour moi « Docteur ». Après le Mondial héroïque de 82, son arrivée en France est venue nous mettre du baume au cœur. N'ayant pas les moyens techniques de nos jours, on se contentait de petits passages à la télé et surtout des récits qu'en faisaient nos grands frères. Il est clair que j'ai plus fantasmé sur le numéro 14 des Lions que sur ses matchs à Toulouse quasiment inaccessibles à l'époque. Néanmoins, comme les Mbappe Leppe ou autres Manga Onguéné, il fait partie des mythes de mon enfance », confie-t-il. Gérard Dreyfus, ancien journaliste à Radio France international (Rfi) qu’on ne connait pas excessif dans la louange affirme pourtant que Théophile Abega est le meilleur numéro 10 de toute l’histoire du football africain, qu’il côtoie depuis quarante ans. Pour lui, c’était un autre Michel Platini. « Il avait la vision de jeu, il avait les jambes qui paraissaient gigantesques quand on le voyait sur le terrain. Pareil pour le buste. Il était légèrement cambré et il était capable d’assurer des passes millimétrées de trente mètres. Je n’ai jamais connu un autre milieu de terrain de ce niveau-là », écrit à titre posthume l’expert du football africain.


19/11/2012
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