Opposition politique, société civile et la diaspora combattante face à l'avenir

La réussite de l’alternance démocratique au Cameroun en 2011 suppose  avant toute chose une union des partis politiques de l’opposition sur la base d’une plate forme de gouvernement, avec l’élaboration d’un projet politique commun crédible. A l’approche de la date fatidique de 2011, aucun leader politique de l’opposition, aucune personnalité de la société civile, aucun homme providentiel de la diaspora ne pourra battre  M. Biya et la machine RDPC, structurée et galvanisée.Le Cameroun est déjà mûr politiquement et attend de l’opposition un message de vérité, un message d’unité, des propositions concrètes, et crédibles.

 

 

 

LETTRE OUVERTE A L’OPPOSITION POLITIQUE
A LA SOCIETE CIVILE  ET  LA DIASPORA  D’OPPOSITION

 

Mesdames, Messieurs, les Responsables des partis politiques,
Mesdames, Messieurs, les Représentants de la société civile et de la diaspora,

 

Le Cameroun est riche de plus de deux cents ethnies, et de plusieurs religions qui traversent le pays du nord au sud et de l’est à l’ouest. Depuis bientôt un demi-siècle d’indépendance, les camerounais ont su préserver une unité profonde qui n’était pas acquise d’avance, mais qui traduit nos tolérances réciproques et notre volonté de vivre ensemble au-delà des différences qui nous caractérisent.

 

Aujourd’hui, cette unité vacille. Il règne un sentiment de frustration et de gâchis dans l’immense majorité de nos compatriotes, aussi bien à l’étranger que sur le territoire national. Un sentiment d’individualisme et de séparatisme grandit dans la population. Des replis identitaires se manifestent. L’existence même de notre pays est remise en question. On parle « ethnie », on parle « fédéralisme »…des mots jusque là absent de notre vocabulaire.

 

Nous ne nous appesantirons pas sur  les souffrances des camerounais de l’intérieur qui sont connus de chacun d’entre nous, ni sur l’état de désolation du pays tout entier tant au niveau des infrastructures que de la morale publique. Il n’y a pas un jour où ce pays jadis prospère et admiré en Afrique et dans le concert des nations, est pointé du doigt dans la presse ou dans les institutions internationales du fait des insuffisances qui sont devenues notre lot quotidien.

 

Le gouvernement a récemment accusé les médias et les associations de ternir l’image du Cameroun, alors que les manifestations d’humeur observées ci et là aussi bien dans les médias qu’à l’étranger, ne sont que la manifestation légitime d’un peuple qui ne trouve pas sur son sol  un cadre d’expression libre et démocratique.

 

Nous attendons que les partis de l’opposition camerounaise se fassent entendre au moment où nos institutions sont vacillantes, que le peuple commence à ne plus croire en la nation camerounaise, où le gouvernement est fragilisé, pris en défaut par l’opinion publique internationale avec le rapport du CCFD sur les biens mal acquis. Mais par votre silence et vos divisions vous ne parviendrez pas à vous assurer le soutien du peuple, et inverser le rapport de force pour le changement.

 

Vos égoïsmes et calculs politiciens ont pris le dessus. Vous aussi faites preuve de népotisme, de clientélisme et de démagogie.La réussite de l’alternance démocratique au Cameroun en 2011 suppose  avant toute chose une union des partis politiques de l’opposition sur la base d’une plate forme de gouvernement, avec l’élaboration d’un projet politique commun crédible. Ce projet politique appelle une réponse adaptée à la faiblesse de nos institutions et à la stabilité politique qui n’est nullement un corollaire à la longévité d’un parti ou d’un homme au pouvoir, mais à la capacité de ces institutions à favoriser et à permettre une rotation d’hommes et de femmes, mais aussi de partis différents au sommet de l’état sans que cela soit cause d’émeutes ou de troubles à l’ordre public et d’atteinte à la sécurité des personnes et des biens.

 

Sur le plan économique et social, nous n’avons aucune lisibilité sur le projet alternatif de l’opposition, quel que soit le parti. Si vous en avez concocté, le peuple camerounais lui en est ignorant. Le seul message qui nous parvient est que « Biya doit partir… ». Mais si donc Biya doit partir, nous aimerions savoir quelle politique sera mise en pratique, avant de parler de l’homme  qui l’incarnera? L’élection présidentielle est particulière en ce qu’elle constitue avant tout un choix d’une politique, d’un projet, et ensuite dans un deuxième temps, un engagement envers un homme ou une femme devant assurer l’avenir de millions d’êtres humains.

 

Le régime présidentiel en vigueur au Cameroun ne peut à l’évidence nous assurer cette alternance du fait de la concentration excessive des pouvoirs aux mains d’une seule personne. Le chef de l’Etat, dans nos institutions est omnipotent. Il fait et défait les institutions et les hommes. Il est le maitre absolu. Il a droit de vie et de mort sur les citoyens. Les contre pouvoirs nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie n’existent pas. Nous avons eu à nous plaindre d’Ahidjo hier, nous nous plaignons de Biya aujourd’hui, et nous nous plaindrons certainement de son successeur demain.

 

Vous avez pour mission de nous proposez une alternative, d’offrir une ultime chance à notre pays avant qu’il ne sombre dans le chaos. Il nous revient d’offrir à notre jeunesse un espoir de développement et l’envie de sortir de la pauvreté et de la misère. Notre jeunesse veut encore croire à notre Nation.
 

Nous appelons les divers responsables politiques, les représentants de la société civile, et des associations de la diaspora à se prononcer sur leur engagement ferme dans un front commun de l’opposition pour 2011 selon le principe ci après :

 

 1°) Adoption d’une plateforme politique commune

Ce projet politique devant aborder la question de la réduction des pouvoirs du président de la république, qui ne devrait plus pouvoir dissoudre le parlement, révoquer le premier ministre, nommer les sénateurs, et qui aurait serait élu  pour un mandat unique de 7 ans, qui s’appliquerait dores et déjà au prochain président de la république. Dans le même temps, les pouvoirs du parlement seront renforcés de même que ceux du premier ministre qui devrait assumer pleinement ses fonctions de chef du gouvernement. Nous devons parvenir à une véritable séparation des pouvoirs dans le cadre d’une démocratie parlementaire.

 

 2°) Elaboration et promulgation d’un programme économique et social commun

De grands chantiers de développement nous attendent et le Cameroun dispose de ressources nouvelles avec les nouvelles découvertes opérées récemment en termes de minerais et gisements : bauxite, diamant, pétrole, nickel. Au vu de l’état de pauvreté qui persiste au Cameroun, il est urgent que le peuple camerounais puisse aussi profiter de ces ressources qui lui ont été volées depuis un demi-siècle. Il en va de l’avenir de notre jeunesse.

 

3°) Organiser, pour le 1er semestre 2010, des élections primaires de l’opposition pour
le choix d’un candidat unique de l’opposition devant affronter Paul Biya en 2011.

Cet acte sera pour le peuple camerounais une preuve de démocratie venant des partis de l’opposition en direction du RDPC du président de la République et de l’opinion internationale, une illustration que le discours de l’opposition sur la faisabilité des élections démocratiques libres et  transparentes n’est pas une simple vue de l’esprit, mais une conviction profonde et engagement incontestable.

 

 4°) Organiser le  financement de la campagne présidentielle du futur candidat et mettre en place une structure de contrôle de l’élection présidentielle de 2011, associant tous les partis de l’opposition et les organisations de la société civile aux côtés de ELECAM.
 
5°) Prendre un engagement de justice et d’équité face à la lutte contre la corruption et les biens mal acquis, et garantir la mise en place des institutions – sénat, conseil constitutionnel  et régions – et un véritable pouvoir décentralisé et démocratique.

Si l’opposition qui gagne ne va pas à la chasse aux sorcières, au demeurant, les futurs dirigeants doivent s’engager devant le peuple camerounais qu’ils sont résolus à lutter contre la corruption et à poursuivre en toute équité toutes les personnes coupables de détournements de biens publics, et d’œuvrer pour le retour de ces fonds et biens mal acquis dans le patrimoine national.

 

A l’approche de la date fatidique de 2011, aucun leader politique de l’opposition, aucune personnalité de la société civile, aucun homme providentiel de la diaspora ne pourra battre  Paul Biya et la machine RDPC, structurée et galvanisée, s’il ne peut s’assurer le soutient des partis de l’opposition toute entière, de la société civile et de l’immense majorité des déçus du Biyaïsme.

 

Auréolé par sa visite en France et des motions de soutien des sections RDPC qui lui assurent pour l’instant une légitimité  dont il ne peut plus se réclamer du peuple camerounais tout entier, le Président serait tenté d’anticiper les échéances électorales et consacrer le régime de la présidence à vie qu’il appelle de tous ses vœux.

 

Nous ne pouvons donc continuer plus longtemps de cette opposition de slogans, d’injures, d’incantations et de boycott qui n’a donné aucun résultat  ni aucune perspective d’alternance jusqu’à présent. Au contraire, le RDPC est plus que présent dans toutes les circonscriptions électorales du pays, il culmine en sièges au parlement, alors que les divisions permanentes de l’opposition l’affaiblissent au fur et à mesure que chaque chef de parti se trouve un destin national, ou que certains font allégeance au pouvoir à chaque appel à la mangeoire.

 

L’opposition ne doit pas laisser la majorité RDPC occuper le terrain avec ses manifestations en faveur du chef de l’Etat. Elle doit faire front et se battre projet contre projet, motion de soutien contre motion de soutien. Chaque parcelle du territoire national doit être visitée et revisitée par les leaders de l’opposition. Chaque citoyen, où qu’il soit doit entendre l’appel de l’union de l’opposition pour un changement démocratique crédible. Le peuple sera convaincu que l’opposition existe et s’organise quand celle-ci se manifestera par une action constructive et déterminante.

 

Le Cameroun est déjà mûr politiquement et attend de l’opposition un message de vérité, un message d’unité, des propositions concrètes, et crédibles. Le choix de l’homme ou de la femme qui incarnera ce projet se fera d’autant plus aisément que les partis s’y associeront avec conviction et honnêteté.

 

Nous osons espérer, Mesdames et Messieurs que cette lettre et cet appel parviendront jusqu’à vous, et que vos réponses nous parviendront bientôt.

 

Dans l’attente, recevez, Mesdames et Messieurs, l’expression de notre franche collaboration.

Dieu bénisse le Cameroun !

 

 

 Laura Lee Atangana

LE CERCLE  DES PATRIOTES CAMEROUNAIS   -  CERPAC

Laura Lee Atangana  |  Paris  ,  France   |  Publié le 12-08-2009


12/08/2009
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