Opinion: L’État Parti, le Parti Etat RDPC, le CODE et la Presse ou le TRIO de la désespérance et de la désolation

PARIS - 12 MAI 2010
© Alexandre MANGA ZOA (PDC) | Correspondance
 
Par Alexandre MANGA ZOA, Membre de la Cellule de communication du PDC.

Pour paraphraser les propos de Jeanne d’Arc parus dans un journal d’extrême droite française, le pouvoir néocolonial UC/UNC/RDPC nous fait comprendre que, « pour imposer un ordre, il faut une autorité, et au Cameroun, ce ne peut être que le sceptre, le glaive, le bras de la justice (AMADOU Ali) et du Roi (Paul BIYA) ». Ainsi, pour Ahmadou AHIDJO et son successeur Paul BIYA, la construction de la société camerounaise idéale passe nécessairement par "une sévère limitation de la liberté individuelle" (Se référer à De la République de Platon et Utopia de Thomas Moore).

Les positions du pouvoir de Yaoundé peuvent se résumer en trois points.

1/- L’ordre naturel est inégalitaire en ce sens que naturellement, les pontes du régime, leurs descendants et les autres camerounais ne sont pas égaux. Par conséquent, ce serait un crime pour les dignitaires d’un tel système de valeurs de s’asseoir auprès des autres et de mener à bien une réflexion d’ordre social: toute discussion est vue d’un mauvais œil.

2/- Cet ordre est corporatiste puisque pour le Renouveau National, chacun doit rester là où il se trouve, c’est-à-dire à sa place. Seuls ceux qui sont dans des réseaux se voient confier certaines tâches ou nommer à des postes de responsabilité. Les exclus du système peuvent toujours courir à moins de se renier en portant un coup fatal à leur dignité : en langage populaire l’on dira que vous devez courber l’échine.

3/- C’est un ordre tribal : il faut appartenir aux cercles mystiques et/ou ésotériques où l’on s’abreuve et se nourrit de la souffrance d’autrui. Ces cercles ne sont pas accessibles à la plupart des gens ordinaires, du fait de leur caractère hermétique. Pour réussir, les camerounais se sentent parfois obligés de s’intégrer dans certains groupes païens ou de « Libres Penseurs » (nom donné lors dernier recensement de la population).

Le rôle du pouvoir RDPC est donc de maintenir et de défendre les trois points de l’ordre énumérés au-dessus. De toute façon, pour le parti des flammes, les plus faibles n’ont pas à se mesurer aux plus forts c’est-à-dire au pouvoir néocolonial. Les émeutes de février 2008 attestent de la véracité de ces faits. Le train de la mort, l’exécution d’hommes d’église, les déportations vers les camps de concentration de Mantoum, Tcholliré et Mokolo des leaders de l’opposition regroupés au sein d’un parti politique (le Front National Unifié) ou des militants et sympathisants du Parti des Démocrates Camerounais, le refus d’assistance au premier chef de l’Etat de facto du Cameroun André-Marie MBIDA, les neufs disparus de Bepanda sont autant d’exemples qui prouvent que nous vivons dans un système totalitaire. Pour la normalienne et énarque Valérie Charolles, « dès que la société quitte le terrain de la discussion rationnelle et se laisse dominer par une idéologie, on entre dans un mode de pensée totalitaire ». C’est ici qu’interviennent les révolutionnaires du CODE.

Pour les activistes du CODE, l’Etat doit être contrôlé par une minorité lucide. Comme le font remarquer certains internautes camerounais, ses membres, nouveaux ou anciens, s’ils ne sont pas appelés patriotes, sont parfois sanctifiés. Or le fascisme c’est de s’autoproclamer « patriote » et de qualifier de « traitres » ceux qui pensent autrement. Les révolutionnaires pensent qu’il faut au préalable détruire la société existante afin d’en reconstruire une qui soit moins inégalitaire. Le dialogue étant bloqué, ils n’hésiteront certainement pas à avoir recourt à la violence pour parvenir à leurs objectifs puisque c’est l’une des alternatives (peu nombreuses hélas) qui s’offrent à eux. Tout le monde est unanime sur le fait qu’il faille changer d'équipe dirigeante au Cameroun. D’ailleurs, les dernières vidéos de ces activistes montrant, avec un certain enthousiasme, le sort qui fut réservé à certains dictateurs n’équivoquent qu’un point : insurrection populaire ou guerre civile avec à la clé la tête de Paul Barthélemy BIYA’A bi MVONDO et de ses affidés.

Dès lors, la question que l’on pourrait se poser est de savoir si une guerre civile ou une insurrection populaire, souhaitée par exemple au SDF (cf. le débat télévisé du député Jean Michel NINTCHEU sur équinoxe TV et le communiqué de presse signé pas son vice-président National Joshua OSIH) est la solution. Autrement dit, le recours à une révolution violente pour construire une société camerounaise, parfaite, est-elle d’actualité ?

A fortiori, une insurrection non cordonnée provoquera une scission des tribus et le partage du pays (voir l’exemple de la Côte d’Ivoire ou du Soudan). Il y aura une répression sans précédent et d’une extrême cruauté parce que les conservateurs néocolonialistes de l’UC/UNC/RDPC ne sont pas prêts à abandonner le pouvoir qu’ils ont mis un demi siècle à consolider par des méthodes répréhensibles. Ce sont de pauvres gens qui seront au front, les dirigeants du parti Etat et des associations révolutionnaires seront tous à l’abri et au chaud dans des bunkers ou à l’étranger : leur dessein est de gouverner et les morts n’ont pas vocation à tenir les rênes du pouvoir.

L’issue d’une révolte étant incertaine, il est fort à parier qu’il y aura une chasse aux sorcières et l’instauration de l’Etat d’urgence proclamé par une dictature d’extrême gauche ou droite, voire militaire. Puis se pose aussi problème du financement. Officiellement, le rapport de force est en faveur des autorités. De quelles ressources disposent les révolutionnaires qui n’arrivent même pas à lever des fonds dans leurs associations ? Comptent-ils signer des accords secrets avec des puissances étrangères et se retrouver pieds et mains liés en cas de victoire armée ?

Comme me le fit remarquer un compagnon de lutte, afin d’habituer les camerounais aux pires des scénarii, afin de les conditionner à des montages politiques inacceptables et incongrus, les journaux camerounais ne cessent de nous présenter Marafa, Amadou Ali, Akame MFoumou, Mebe Ngo’o, Laurent Esso, Luc Ayang, Yang Philémon, Sadi René, Fame Ndongo, Franck Biya… comme de futurs successeurs de BIYA. Une façon de dire qu’en dehors de BIYA seuls des hommes, encore une fois, issus du RDPC peuvent diriger le Cameroun après Biya. Au PDC nous disons : faux ! C’est de la manipulation et une tentative de conditionnement des esprits. Nous dénonçons et accusons tous les journalistes et pas toujours des moindres qui participent à répandre ces scénarii qui n’ont de valeurs que dans leur tête pour des raisons qu’ils sont seuls à connaître.

Ces hommes fabriqués par BIYA ne seront jamais meilleurs que le maitre qui les a construits. Ils sont tous aussi responsables que l’actuel chef de l’Etat de l’échec de ces 28 dernières années. Ils ne sont donc pas un recours. Ils devront s’éloigner des affaires en même temps que leur mentor et auront le droit de se refonder dans l’opposition. C’est cela la démocratie.

Parfois, si vous voulez être publiés dans certaines colonnes alors, il faut : 1/- être vulgaire envers le pouvoir au point de passer pour une marionnette ou un révolutionnaire violent ; 2/- avoir des affinités tribales ou idéologiques avec les éditorialistes; 3/- arrondir leurs fins de mois.

C’est ici que se pose le problème du statut du journaliste camerounais. Les conditions dans lesquelles ils évoluent font-elles d’eux des Hommes moralement et matériellement libres quand on sait de plus que les journaux les plus vendus plafonnent à cinq mille exemplaires par parution ? Comment peuvent-il mener à bien leurs missions ? La précarité du métier de journaliste camerounais et l’influence des biens matériels justifient-elles la présence dans nos kiosques et tribunes virtuelles de journaux qui font de la communication et non de l’information ? Quelle est la place des journalistes qui s’adonnent à la manipulation de l’opinion dans un pays qui ne connaît ni des sondages fiables ni des enquêtes d’opinion dignes de ce nom ? Dans de vraies démocraties, les journaux ne se cachent pas pour afficher leur ligne idéologique. En France, « le Figaro » est à droite, « Libération » à gauche, « l’Humanité » à gauche du parti PS etc. Au Cameroun, à l’exception de Cameroon-tribune, Dikalo et l’Action qui roulent d’une façon décomplexée pour le RDPC, où se situe Le Jour, Le Messager, Mutations, la Nouvelle Expression, la Météo, Cameroon-Info.Net, Camer.be, Camerounlink.net, Icicemac.com, Bonaberi.com, Camerounexpress.com, kwalai.com etc. Un minimum d’honnêteté intellectuelle ne ferait pas de mal.

Avant que l’irréparable ne se produise, la communauté internationale ne saurait rester sourde face aux revendications des camerounais. Nos parents se sont engagés dans une guerre qui n’était certainement pas la leur face à l’Allemagne Nazi. Ils ont combattu aux cotés des alliés. Certains y ont succombé, d’autres en sont revenus infirmes. Même s’il est vrai que l’autodétermination doit venir des citoyens camerounais, il n’en demeure pas moins vrai que nous avons besoin de l’aide des « vieilles démocraties » : même les Etats-Unis ont eu besoin de l’aide de la France. Les Etats-Unis ont permis aux iraniens de s'exprimer librement sur Facebook et Twitter malgré la répression du pouvoir islamiste.

Au Parti des Démocrates Camerounais, nous ne demandons pas d’arsenal militaire, mais des mesures fortes contre les dignitaires du régime dictatorial de Yaoundé. Il est possible de geler les avoirs et les comptes bancaires des ces hommes. Les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et les autres nations du G8 peuvent restreindre les déplacements des prévaricateurs de la république qui détournent 70% du budget de l’Etat et des aides internationales. Un embargo sur l’achat d’armes dont la finalité est de tirer sur les civils sans défense. Quelle différence existe-t-il entre Omar-el BECHIR, Robert MUGABE et Paul BIYA ? S’agit-il d’une justice, deux poids, deux mesures ?

Si l’opposition républicaine camerounaise veut gagner en 2011, elle doit s’atteler à former ses cadres, ses masses et ses scrutateurs. Il est assez inquiétant de constater que les scrutateurs de certains partis politiques se font parfois corrompre par quelques billets de banques, « un bout de pain » et « une boite de sardine ». Le discours de l’opposition doit être cohérent, structuré, ferme et sans invective. L’opposition doit amener les camerounais à s’inscrire sur les listes électorales : c’est la seule arme dont nous disposons. Comme ce fut le cas à l’élection législative fédérale de 1964, à l’élection présidentielle de 2011, les Démocrates Camerounais défendront énergiquement leur vote, quel que soit le terrain juridique. Monsieur BIYA et son gouvernement doivent arrêter de travestir délibérément les élections.

L’opposition camerounaise, la société civile et les syndicats devraient d’ores et déjà réfléchir sérieusement à des moyens modernes et sophistiqués de désobéissances civiles non violentes. L’exemple de l’Inde, des Etats-Unis, de la Thaïlande ou de la France pourrait servir de socle. Pour reprendre les propos de Sawit Kaemvarn « Quand un gouvernement abuse du pouvoir, le peuple a le droit de réagir par la désobéissance civile. Parfois, vous devez choisir de vous rebeller. C’est ce qui distingue l’homme de l’animal ». Mais une désobéissance civile ne s’improvise pas. Elle nécessite des stages ou des ateliers de formation de deux à trois jours où l’on demande par exemple aux stagiaires de réfléchir à ce qu’est la non-violence.


Alexandre MANGA ZOA
Membre de la Cellule de communication
Parti des Démocrates Camerounais (PDC)



17/05/2010
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