Opération épervier : Sed : 22 nouvelles cellules attendent leurs détenus

 

 

 

Du matériel de couchage a été réceptionné vendredi dernier à cet effet. La liste des probables futurs prisonniers.

 

 
Vendredi dernier en fin de journée, alors que les résidents de Yaoundé avaient encore les esprits à la célébration de la Fête nationale et que des dignitaires du régime se dirigeaient vers le Palais de l’unité pour la traditionnelle réception présidée par le chef de l’État, une curieuse procession motorisée se dirigeait vers le lac municipal. Au milieu, un camion de la gendarmerie nationale escorté par des véhicules banalisés dans lesquels avaient pris place des hommes armés.
 

Le cortège s’engouffre ensuite dans l’enceinte du Secrétariat d’État à la Défense en charge de la gendarmerie (Sed), qui abrite également l’annexe de la prison secondaire de Yaoundé. C’est en ces lieux que sont détenus certains des célèbres prisonniers de l?«opération Épervier», accusés ou présumés coupables de détournement de deniers publics. La ridelle du camion aussitôt baissée, des hommes en tenue s’empressent d’en débarquer du matériel de couchage. En tout, 16 lits et autant de matelas.

 

Ici, rapportent des sources introduites, 22 cellules viennent d’être aménagées. Certaines recevront ledit matériel, en attendant de nouveaux pensionnaires. Comme ce fut le cas en novembre 2013, au lendemain de l’érection de 21 nouvelles cellules sur le même site. Les mêmes sources affirment que des travaux et agencements similaires ont lieu du côté de la prison annexe de Kondengui dénommée «Bmm», sise juste en face de la prison centrale de la capitale.

 

Selon toute vraisemblance, et à en croire des rumeurs persistantes, les nouveaux espaces de détention devraient recevoir des prisonniers «Vip» dans les tout prochains jours, ou mois. «Il ne s’agit pas de reloger ceux qui sont déjà derrière les barreaux, mais d’y héberger une nouvelle vague de prisonniers», a affirmé, sous le sceau de l’anonymat, une source proche de l’escorte. Si cette confidence était avérée, c’est d’une relance foudroyante de l?«opération Épervier» qu’il va donc s’agir.

 

Ces derniers mois en effet, plusieurs têtes couronnées de la République, en délicatesse avec la justice du pays, ont défilé au parquet du Tribunal criminel spécial (Tcs). Et, à en croire des avis autorisés, un certain nombre de dossiers y sont bouclés et n’attendent que la phase des arrestations. Au premier rang de ces dignitaires déchus, l’ex-directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), Jean Williams Sollo, son camarade de galère de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), Jean Jacques Ndoundoumou, l’ancien ministre des Transports, Rober Nkili, l’ex-directeur général de la Cameroon Postal Services (Campost), Maurice Bayemi, l’actuel patron de l’Agence de régulation des télécommunications (Art) Jean Louis Beh Mengue.

 

Cette fournée de – nouveaux – «prisonniers de luxe» pourrait aussi comporter celui qui, jusqu’au 2 octobre dernier, était ministre des Postes et Télécommunication (Minpostel), Jean Pierre Biyiti Bi Essam, le directeur général de la Cameroon Radio Television (Crtv), Amadou Vamoulke, le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, par ailleurs ex-Dg de la Mission d'aménagement et d'équipement des terrains urbains et ruraux (Maetur). Son successeur à la tête de cette société publique, Emmanuel Etoundi Oyono, qu’on dit en outre très mal en point, est aussi cité avec insistance dans la liste des appelés au cachot.
 
Indemnisation à Kribi

A cette liste non exhaustive de clients de l’opération Epervier viennent se greffer d’autres personnalités qui attendent frileusement d'être interpellées dans le scandale des indemnisations liés aux travaux de construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi. En effet, outre les membres de commission de constats et d’évaluation des biens mis en cause par les travaux de cet important projet, actuellement en détention à la prison centrale de Kondengui, d’autres architectes de cette filouterie dont les actes relatifs aux procédures foncières, domaniales et cadastrales ont provoqué des manquements au cours des différentes phases de paiement du processus d’indemnisation, sont dans le viseur du Tcs.

 

On cite notamment les différents patrons du comité de pilotage (les ministres de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze et Emmanuel Nganou Djoumessi), les ministres successifs des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Pascal Anong Adibimé, Jean Baptiste Béléoken et Jacqueline Koung à Bessiké), en passant par les services du Premier ministre ( l’ancien Sg Jules Doret Ndongo, en l’occurrence), sans oublier les hauts cadres du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (notamment l’ancien gouverneur du Sud, Jules Marcelin Ndjaga) , qui ont de bonnes raisons d’intéresser la justice.

Pour les observateurs éclairés, les choses risquent donc allées très vite du côté du Tcs, surtout que de nombreuses missions d’enquête (Commission nationale anti-corruption, comité interministériel, direction de la police judiciaire, la Direction générale à la recherche extérieure, etc) dépêchées sur le terrain ont bouclé leurs dossiers depuis longtemps et remis leurs copies à qui de droit.
 
En tout cas, si pour les personnalités ciblées par le très célèbre et redoutable rapace de la lutte contre la mal gouvernance, aucune réserve ni obstruction ne devrait a priori se poser à leur éventuelle interpellation, il n’en est pas de même de ceux encore en fonction. Comme chacun le sait, le chef de l’État et premier magistrat du Cameroun, tient particulièrement au respect et au prestige de la fonction. En d’autres termes, il est exclu que des dirigeants en poste soient arrêtés. Cela revient ainsi à les décharger préalablement de leur engagement vis-à-vis du service public afin de les mettre à la disposition des tribunaux. Suivez notre regard…

 

Camer.be



26/05/2016
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