Opération Epervier: Sarkozy et Bolloré contre l’arrestation de Marafa

YAOUNDE - 26 MARS 2012
© Marlyse Sibafo | La Nouvelle

Tout serait entrain d'indiquer dans les milieux diplomatiques à Yaoundé que l'interpellation de Marafa Hamidou Yaya serait retardée par ses protecteurs français. Davantage, Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré, selon des proches de l'ancien ministre d'Etat camerounais, se seraient opposés à l'arrestation de leur protégé. Et l'auraient déjà fait savoir aux autorités de Yaoundé.

Selon nos sources, Marafa Hamidou Yaya ne se permettrait pas une épreuve de force avec le président Paul Biya s'il ne se savait pas soutenu par le duo français Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré. Voilà pourquoi quand en privé, les plus prudents de son entourage lui conseillent de baisser quelque peu la garde, il ne se prive pas de rappeler avec arrogance qu'un changement de génération s'impose aussi au Cameroun pour préserver la paix. Exactement le même discours tenu par ses protecteurs français au rang desquels Nicolas Sarkozy. En effet, selon nos sources, le désir sincère du président Français de prendre ses distances avec le président Paul Biya, aurait déjà clairement été exprimé à maintes occasions, quoique de temps en temps refroidi par un Alain Juppé dont la volonté de débarrasser la politique africaine de la France des réseaux occultes qui l'encombrent depuis des décennies, est tout aussi évidente. Une attitude paradoxale avec le soutien accordé aujourd'hui à l'ancien Minatd. Très en vue dans les milieux de la droite française et des circuits parallèles qui parasitent l'autorité de l'Etat du Cameroun, Marafa Hamidou Yaya serait l'homme sûr de la droite française pour succéder à Paul Biya. Voilà pourquoi, bien que sous la menace de plus en plus vivace d'une interpellation dans le cadre de son implication présumée dans l'affaire de l'acquisition d'un aéronef présidentiel, de nombreux observateurs indiquent que ce dernier point ne serait plus en discussion dans les milieux de la droite française. Il s'agirait simplement pour eux de formaliser à temps opportun, l'accession de l'ancien Minatd à la magistrature suprême. Au même moment, du côté du noyau dur des hommes d'Etoudi, l'impatience gagne ceux d'entre eux qui souhaitent qu'il soit déjà arrêté pour répondre devant la justice des faits qui lui sont reprochés. Face à cette détermination, le Peulh de Garoua n'aurait pour ultime salut que sa proximité longtemps entretenue avec l'aristocratie du capitalisme français (Bolloré, Bouygues, Proglio, Lagardère, Arnault, Pébereau, tous des proches de Nicolas Sarkozy).

D'ailleurs pour confirmer ce soutien de la droite française, nos sources indiquent que lors de son «retour triomphal» à Garoua au mois de février dernier (voir La Nouvelle n° 156 du lundi 20 février 2012), l'ancien Minatd s'était habilement arrangé pour que celui-ci coïncide avec le passage de Vincent Bolloré dans sa ville natale. Des témoins affirment que l'homme d'affaires français aurait été aperçu à sa résidence avant de prendre la route de Ndjamena où il avait été reçu en compagnie du Dg de Camrail, par le président tchadien ldriss Deby Itno. Pour la petite histoire, on se souvient que la stratégie de Marafa Hamidou Yaya visait à montrer à ses protecteurs français, qu'il demeure bel et bien omniprésent sur son territoire. Une manière claire de signifier à ceux qui avaient tenté de présenter sa sortie du gouvernement comme une mort politique, que cela n'a en rien entamé une côte de popularité qui ira sans cesse croissante, tant, en tant que "seul présidentiable du Grand Nord", il sera perçu auprès des siens comme cette victime expiatrice d'une cabale politico-judiciaire cyniquement orchestrée par les faucons «sudistes» de l'entourage de Paul Biya. Un présidentiable à même de réunir à lui tout seul sous le même label tous les militants réunis du Rdpc, de l'Undp, de l'Andp, de l'Udc, du Mdr et du Fsnc. En matière d'intrigues, pourrait-on dire, l'élève n'a peut-être pas encore dépassé le maître, mais il a beaucoup appris. Seulement, il reste à cet effet le plan B... B comme Biya.


Majorité kirdi

C'est pourquoi, tel que les choses se précisent ces derniers temps devant la barre, de nombreux observateurs se demandent comment malgré la protection officieusement affirmée de ses «amis» français, Marafa Hamidou Yaya pourrait éviter le coup de harpon que sont entrain de lui infliger Hubert Otele et les autres personnes impliquées qui tiennent à ce que l'ancien Sg/Pr s'explique sur son rôle devant la justice camerounaise. Ce d'autant plus qu'au-delà de l'habilité des manœuvres de Marafa Hamidou Yaya, il y a la réalité socio-politique du terrain qui risque de surprendre plus d'un stratège du Peulh de Garoua. Les Français ont à cet effet bien pressenti l'impératif de renvoyer le pouvoir au Grand Nord, pour respecter le traditionnel axe Nord-Sud. Seulement Marafa, un Peulh musulman, pourrait-il faire l'unanimité face aux autres ambitions affirmées de la majorité kirdi, animiste ou chrétienne? Paul Biya, lui, pourrait avoir la réponse appropriée à cette question. Est-ce pour cela que pendant que l'impatience gagne certains cœurs dans son entourage, il prend son temps de son côté?

Surtout en ce moment où tout semble indiquer sous les chaumières que les choix de certains faucons de son entourage sont davantage portés sur François Hollande, un homme neuf qui ne pourrait pas porter le poids moral de l'ère mitterrandienne et de ses pénibles compromissions africaines (Rwanda, Angolagate, etc..). Ces faucons d'Etoudi pensent en petits comités qu'ayant assurément le moins d'expérience africaine, le temps d'apprentissage d'un François Hollande, élu président de la France, pourrait permettre à Paul Biya d'opérer ses petits réglages, afin d'entamer véritablement son mandat de 7 ans, obtenu à l'issue du scrutin d'octobre 2011, a savoir, un vrai remaniement ministériel, l'organisation des élections sénatoriales et la mise en place effective des autres institutions prévues par la Constitution, et la poursuite de l'opération Epervier. On soupçonne pour cela que le candidat Hollande bénéficierait auprès de ces faucons d'un préjugé favorable lié au rejet de Nicolas Sarkozy et de sa politique.



27/03/2012
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