Opération Epervier: Pourquoi Marafa, Abah Abah et Fotso sont au SED

YAOUNDÉ - 28 Mai 2012
© Thierry Djoussi | La Météo

Initialement détenus à la prison centrale de Yaoundé, ces trois ex-gestionnaires de crédits publics ont été transférés vendredi dernier dans les geôles du secrétariat d'Etat à la Défense (Sed). Quelles en sont les causes? La Météo tente d'y répondre.

«Ceux que vous venez vous-même d’évoquer se trouvent bien ici chez nous (Sed, Ndlr)»a répondu à la météo, une source en tenue jointe hier. Il faut dire que la rumeur les y avait expédiés de longues semaines auparavant. Pour l'heure, aucune information officielle n'explique les raisons du transfèrement des détenus Marafa Hamidou Yaya (ancien ministre de l'Administration territoriale), Polycarpe Abah Abah (ancien ministre de l'Economie et des Finances) et Yves Michel Fotso (ancien Adg de la Camair) du pénitencier de Kondengui pour le Sed. Cette dernière structure, aux yeux du commun des Camerounais, est plus un camp militaire qu'une prison au sens propre du mot. Opaques aussi sont les nouvelles conditions de détention de ces figures médiatiques de la campagne d'assainissement des mœurs publiques ou, selon l'appellation populaire, «l'Opération épervier».

Qui a ordonné leur transfèrement? Un silence tacite se dresse devant tout journaliste qui formule cette demande d'information. Toutefois, d'aucuns excipent de ce qu'il existe, désormais, un texte officiel (qui aurait été pris et rendu public vendredi dernier en mi-journée), faisant du Sed une prison au même titre que le pénitencier de Yaoundé-Kondengui. Soit! Pourquoi donc, sur la pléthore de prisonniers de luxe écroués à Kondengui, le sort ne s’est-il acharné que sur les trois personnalités ci-haut citées?


Marafa Hamidou Yaya

L'ancien ministre d'Etat, ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, est en détention préventive depuis le 16 avril 2012. Il est soupçonné par le juge d'instruction, Pascal Magnaguemabe, de détournement de deniers publics en-coaction et en complicité dans le cadre de l'achat d'un avion pour les déplacements du président de la République. Une affaire qui remonte à 2002. Bien évidemment, l'ancien secrétaire général de la présidence de la République balaie ces accusations du revers de la main. Très prolifique, Marafa a déjà publié trois lettres ouvertes dont deux dirigées frontalement vers son patron d'hier. Sa stratégie de défense, iconoclaste d'un bout à l'autre, ferait de lui un prisonnier à surveiller de près. Peut-être ceci explique-t-il cela!


Polycarpe Abah Abah.

L'ancien argentier national est détenu, depuis mars 2008, suite à des accusations de détournement d'une somme de 4,9 (au départ 6,8) milliards FCFA qui devait être reversée au Crédit foncier du Cameroun. Abah Abah a fait son grand retour à la une des journaux après que les éléments de la Dgre l'ont retrouvé dans son domicile privé en compagnie de son escorte carcérale, le 11 mai dernier.

Poursuivi en outre pour évasion aggravée, l'ex-pensionnaire de Kondengui a, à son corps défendant, prêté le flanc à ses détracteurs qui avaient tôt fait de lui coller des projets d'évasion. Un homme à surveiller d’aussi de près, a-t-on certainement conclu dans les milieux judiciaires.


Yves Michel Fotso.

L'ancien administrateur-directeur général de la (défunte) Camair tâte la paille de Kondengui depuis le 1er décembre 2010. Le juge d'instruction Pascal Magnaguemabe lui reproche d'avoir dérobé une partie des 31 millions de dollars transférés par le Cameroun à Gia International, via la Snh. Or, dans sa lettre ouverte au peuple camerounais, mercredi dernier, Marafa Hamidou Yaya s'étonnait de ce que les 31 millions de dollars en question avaient été "virés directement dans le compte de Gia Int'l aux Etats-Unis par le ministre de l'Economie et des Finances (sic)". C'est à n'y plus rien comprendre! Par delà le brouillard, un fait se dessine: les destins de Marafa et de Fotso sont liés comme la main et le doigt. Au Sed, ils seront, comme jadis à Kondengui, unis dans l'épreuve.

Au-delà de l'analyse de ce transfèrement, il s'en dégage comme conséquence la perception selon laquelle Abah Abah, Marafa et Fotso sont des prévenus pas comme les autres. Ils rejoignent dans cette singularité d'autres prisonniers d'envergure tels Titus Edzoa (ex-tout-puissant Sg/Pr), Emmanuel Gérard Ondo Ndong (ex-Dg Feicom) et Thierry Michel Atangana (ancien président du Comité de pilotage et de suivi de l'axe Ayos-Bonis, Copisur). Lesquels n'ont jamais connu d'autres cachots que ceux du Sed.


29/05/2012
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