Opération épervier: Les Etats-Unis dénoncent le parti-pris des juges

YAOUNDÉ - 04 Juin 2012
© Nicolas Vounsia | Mutations

Dans son dernier rapport, le Département d’Etat américain déplore aussi la composition d’Elecam.

Le ton du dernier rapport du Département d’Etat américain, mis en ligne sur le site de l’ambassade des Etats-Unis, est particulièrement vif contre le régime de Yaoundé. «Le Cameroun est dominé par un régime présidentiel fort […] le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) s’est maintenu au pouvoir depuis sa création en 1985. Il exerce un contrôle absolu sur toutes les branches du gouvernement», lit-on, dès le début du rapport. La suite est encore plus «agressive»: «Au terme du scrutin du 09 octobre, Paul Biya, a été réélu président de la République, poste qu’il occupe depuis 1982. Cette élection a été entachée d’irrégularités».

Et de poursuivre que «selon le Centre pour la défense des droits de l'homme et de la paix (Chrapa), une organisation dotée d’un statut consultatif spécial à l'ONU, le taux de participation était inférieur à 30%. Le gouvernement, quant à lui, a affirmé que 66% de la population ont exprimé des suffrages. Cette élection a été administrée par Elections Cameroon (Elecam). Les dix huit membres ont été nommés par le président de la République. Les douze membres du Conseil électoral d’Elecam étaient des membres actifs du RDPC, ce qui a entraîné le scepticisme du public quant à la crédibilité et à l'objectivité de cette institution».

Le rapport fait savoir que la communauté anglophone s’indigne de sa sous «représentation dans le secteur public». Les ressortissants anglophones ont fait valoir que leurs deux régions (le Nord-Ouest et le Sud-Ouest), ne reçoivent pas leur juste part des biens et services publics. De nombreux résidents des régions anglophones pensent à l’autonomie régionale plutôt que par des réformes politiques nationales, informe le Département d’Etat.

Ledit rapport dénonce également la corruption au Cameroun. Celle-ci «est largement répandue à tous les niveaux de l’appareil étatique». Des agents publics se sont livrés à des pratiques de corruption en toute impunité. La dernière édition des indicateurs de la gouvernance dans le monde, publiés par la Banque mondiale, reflètent la gravité du problème. La police et des responsables de services judiciaires sont également corrompus, lit-on.

«Le parti-pris des juges (agissant souvent sur instruction du gouvernement) a souvent eu pour effet d'interrompre ou de prolonger les procédures judiciaires. De nombreuses personnes politiquement ou économiquement bien placées ont bénéficié d'une immunité quasi totale les protégeant de toutes poursuites, et certaines affaires politiquement délicates ont parfois été réglées au moyen de pots-de-vin», écrit le Département d’Etat.

La non-application de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens figure aussi dans le chapelet de problème que décrie le Département d’Etat américain dans son rapport sur le Cameroun. Tout comme les entraves aux droits humains. Notamment les «arrestations et détentions arbitraires, les détentions préventives prolongées, parfois avec mise au secret, les conditions carcérales rudes, mettant les vies des personnes détenues en danger, et les atteintes à la vie privée».



04/06/2012
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