Opération Épervier: le Consupe met à nu le scandale des recettes forestières

YAOUNDE - 30 OCT. 2014
© Nadine Bella | La Météo

 

Les conclusions d’une mission des hommes d’Henri Eyebe Ayissi, de 2007 à 2011, font état d’un préjudice de près de 130 millions de Fcfa, subi par l’État. L’ancienne coordinatrice du Programme de sécurisation des recettes forestières (Psrf), épinglée. Le dossier transmis au Tribunal criminel spécial (Tcs).

 

 

Dame Isabelle Esther Niondi a décidé, elle aussi, d’inscrire son nom en gros caractère dans le chapitre des détournements des fonds publics. Actuellement en poste à la Direction des grandes entreprises, celle qui était encore hier la coordinatrice du Psrf est aujourd’hui rattrapée par ses casseroles bruyantes. Selon des informations concordantes, dame Niondi n’a pas fait mieux que de transformer, à son tour, ce programme d’envergure en grenier à sou. Ceux qui le soutiennent en veulent pour preuve, le rapport de la mission mobile de contrôle et de vérification déployée en 2013 par le Contrôle supérieur de l’État (Consupe) auprès dudit programme, soumis à la très haute attention du chef de l’État, le 26 août dernier. En effet, rapportent nos sources, il est reproché à cette dame, des carences et irrégularités dans les volets de la gestion administrative, budgétaire et financière. Pour une version plus large des faits, le rapport du Consupe déplore, sur le plan de la gestion administrative, l’existence d’un organigramme en marge de celui adopté ; l’inadaptation de l’organisation en place à l’évolution du secteur d’activité ; le recrutement de certains cadres en marge de la réglementation en vigueur ; l’absence de maîtrise du portefeuille des entreprises du secteur forestier par le Psrf ; le caractère peu fiable des données produites par le Psrf sur les recettes forestières ; l’existence de postes non pourvus par les agents en service au Psrf ; l’entretien des relations avec certaines structures sans formalisation d’un protocole de collaboration ; l’absence d’arrimage de la réglementation spécifique du Psrf à l’évolution de la législation et de la réglementation fiscale, au niveau national ; la tenue des sessions du Comité exécutif à intervalles irréguliers ; l’absence d’interface informatique effective entre le Prsf et les structures partenaires intervenant dans la fiscalité forestière.


Opérations douteuses.

Dans la même veine, le rapport du Consupe fustige également, sur le plan de la gestion budgétaire et financière,  l’octroi d’avantages et rémunérations indus à certains cadres de la structure ; l’octroi des primes de rendement sans évaluation du personnel assujetti ; le maniement des fonds par le coordonnateur, en lieu et place du régisseur d’avances ; l’affectation irrégulière de certaines lignes de crédits ; le dépassement, sans autorisation, des plafonds des lignes de crédits délégués ; l’engagement et le règlement de certaines dépenses sans pièces justificatives suffisantes. Comme pour démontrer comment la gestion calamiteuse des fonds de l’État par dame Niondi s’est faite à travers des opérations mirifiques qui ont permis des sorties d’argent peu classiques, au détriment des caisses de l’État.

Faisant la somme des irrégularités avec incidence financière, le rapport des fins limiers du Consupe chiffre le préjudice subi par l’État à un montant total de 126 682 425 Fcfa. Suffisant pour que la mission recommande non seulement des mesures spécifiques à mettre en œuvre, mais également des mesures préconisées et pouvant être prescrites en conformité avec les dispositions des textes en vigueur. C’est ainsi que de nombreuses actions et mesures ont été ordonnées, dont «la traduction, devant le Conseil de discipline budgétaire et financière, des fautes et irrégularités ayant engendré un préjudice financier à l’État ; la saisine, le cas échéant, des autorités judiciaires compétentes pour les fautes de gestion et actes posés, susceptibles d’être qualifiés de crimes ou de délits par les lois et règlements en vigueur.» C’est dire si le temps est orageux au sein du Psrf, au regard des sommes illégalement dépensées. «Bombardée à la tête du Psrf, dame Niondi avait endossé les oripeaux du gestionnaire probe pour leurrer tout le monde. Elle a si bien caché son jeu que certains observateurs en sont venus à lui trouver suffisamment de qualités pour prétendre au Nobel de l`intégrité managériale. Mais aujourd’hui, le rapport du Consupe à l’adresse du chef de l’État démontre qu’elle est tout sauf un ange», commente un inspecteur des Impôts, sous anonymat. Nous y reviendrons.

Nadine Bella

 



01/11/2014
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