Opération Epervier - Le cas Mendo Ze : le serment trahi de Paul Biya

DOUALA - 17 NOV. 2014
© Souley ONOHIOLO | Le Messager

 

Pour s’être volontairement donné en holocauste à l’effet de sauver le président Paul Biya du naufrage, l’ex-Dg de la Crtv avait des bonnes raisons d’attendre meilleure récompense.

 

 

Nous sommes au mois de mai 1997; Eyenga Elle Anastasie, épouse Mvondo Assam Etienne, vient d’être arrachée à la vie, à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) d’Essos. L’illustre disparue n’est autre que la mère du président de la République, Paul Biya. Des sources dignes de foi, avouent que du vivant de la mère du chef de l’Etat, le professeur Gervais Mendo Ze avait développé une grande proximité, des actions de bonté et de générosité, au point de mériter l’estime et la grande affection de la génitrice du président Paul Biya. Durant le reste de sa vie, Eyenga Elle Anastasie, a concédé une part de son amour maternel, pour ce fils adoptif. Les mêmes sources affirment qu’elle a présenté et demandé à son fils de président de la République, d’avoir le cœur tendre et attentionné à l’endroit de son «demi-frère». Jusqu’ici, le chef de l’Etat a tenu à la promesse et s’est engagé pour le respect de la mémoire de sa mère de tenir le serment.

 

L’on peut comprendre la colère homérique du chef de l’Etat, qui apprend à travers les ondes de radio, les conclusions du conseil de discipline budgétaire et financière, épinglant et accablant le professeur Gervais Mendo Ze. Depuis lors, Paul Biya avait exigé que toute résolution de cette instance, porte le sceau de la présidence de la République avant sa publication. L’on peut dire que  de son côté, Gervais Mendo Ze rendait si bien la monnaie de la pièce à Paul Biya. A la différence des autres  collaborateurs du chef de l’Etat qui extériorisaient, chacun à sa manière, des visées de succession et des démangeaisons de pouvoir, le chef traditionnel de 3ème degré du village Otoakam, n’a jamais exprimé des ambitions successorales. Très loin de là.

 

Mieux encore, il aimait à dire que la radio et la télévision sont des armes que Paul Biya lui a données pour le défendre. C’est à juste titre qu’il clamait sa fierté de défendre non pas le président de la République, mais la notoriété d’un frère au pouvoir. S’agissant desdites armes, Gervais Mendo Ze  a su les utiliser à bon escient pour maquiller la réalité, faire digression, divertir l’opinion, désillusionner les critiques, en quête de liberté et de démocratie. Dans la décennie 1990, avec le cocktail des revendications de démocratie et du multipartisme, Gervais Mendo Ze  a pesé de tout son poids médiatique pour sortir le régime des années de braise. Le tout puissant Dg de la Crtv, aujourd’hui aux arrêts, a su détourner les ressources humaines pertinentes de la Crtv, des aspirations du peuple devenu spectateur au profit de la gloire de Paul Biya. On ne fera jamais assez le reproche à Gervais Mendo Ze , d’avoir mis les médias de services publics, non pas au service des publics qui payent les impôts et la redevance audiovisuelle ; mais au service d’un homme, son frère du village, promu président de la République du Cameroun par le président Ahmadou Ahidjo en 1982.

 

Ecroué à l’âge de 70 ans

Né le 24 décembre 1944 dans le village Nkong Mekak, dans le département du Dja et Lobo, dans quelques jours, Gervais Mendo Ze, aura 70 ans. Un anniversaire qu’il risque passer en prison parce que pris dans l’étau du rouleau compresseur. Après un certificat d’études primaires et élémentaires obtenu à l’âge de 14 ans à l’école de la mission catholique d’Akam, un Bepc, quatre années plus tard au collège Notre-Dame de Sangmélima, Gervais Mendo Ze, brave avec succès, le diplôme de baccalauréat série  «sciences expérimentale» en 1968 au collège Sacré Cœur de Makak. Poursuivant des études de lettres, il est nanti d’une licence en lettres en 1971 ; un doctorat de 3ème cycle en 1975, à l’Université de Bordeaux. Lorsque Paul Biya, le « messie » arrive au pouvoir en 1982, Gervais Mendo Ze,  soutient une thèse de doctorat d’Etat, en linguistique. Depuis lors, il se consacre avec dévouement dans l’enseignement de la linguistique et la stylistique à l’Université de Yaoundé.

 

Homme de culture et universitaire de haut vol, Gervais Mendo Ze,  que l’on considère comme l’une des pièces maîtresse du système Biya, a occupé divers postes de responsabilité. Directeur de l’enseignement supérieur au ministère de l’Education nationale  en 1978 ; chargé de missions à la présidence de la République en 1980, il est porté au poste prestigieux de directeur général de la Crtv en 1988. Bien avant la passe de Florent Etoga au poste de Dg de la Ctv, Gervais Mendo Ze,  est en fait celui qui conduit et pilote comme président du comité technique, le projet de la création de la télévision nationale camerounaise.

 

Il ronge son frein au quartier parce qu’au demeurant Paul Biya aura porté son choix sur son camarade de classe. Après la déchéance de ce dernier, Gervais Mendo Ze,  fait un retour en force et règne pendant 16 ans trois mois à la Crtv. La célébrité du prof s’observe également à travers des créations d’oeuvres théâtrales à succès : «La boule de chagrin », «La forêt illuminée »… Avec la création du groupe de chorale célèbre ; « La voix du Cénacle », le laïc engagé densifie sa puissance artistique. L’homme dont le président de la République Paul Biya, vient d’autoriser l’interpellation et l’incarcération à la maison d’arrêt de Kondengui, a tout donné et s’est sacrifié pour le Renouveau. Reste à penser que, pour s’affranchir de tout protectionnisme, Paul Biya s’est enlevé une épine au pied. En se tirant ainsi une balle à la cheville, en faisant sauter le verrou de la fraternité, par le biais de l’incarcération de son poulain, Paul Biya dans le cadre du vaste mouvement des arrestations annoncées, dévoile-t-il là, que la récréation est terminée ; que  des coups de poings et des savates, vont saccager la fourmilière.

 

Le démantèlement du «gang» de monstres et de dragons, qu’il a fabriqués, est-il l’ultime solution ? Dans les prochains jours, Paul Biya sera-t-il, sans pitié dans la lutte contre la corruption et les détournements ? Le président de la République  qui déclare à plusieurs reprises que la lutte contre la corruption va aller en s’intensifiant, est-il encore capable d’impulser efficacement une alternative politique et démocratique crédible où, transparaissent l’alternance et son départ en 2018 ? Wait and see.

 

Souley ONOHIOLO

 



17/11/2014
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