Opération Épervier: Des responsables de Camair-Co et Aes - Sonel bientôt aux arrêts

Yaoundé, 16 Avril 2014
© JEAN DE DIEU BIDIAS | Mutations

Jeune Afrique dit détenir une liste annonçant un coup de filet imminent dans les deux compagnies. Plusieurs ministres également concernés.

Une liste est parvenue récemment à Jeune Afrique, avec des noms de plusieurs ministres de l'actuel gouvernement dont l'arrestation serait imminente. L'hebdomadaire africain basé à Paris en fait écho dans son édition de cette semaine. Si le journal se réserve pour l'instant de publier les noms des personnalités mises à l'index, il précise néanmoins que le même document fait également état d'un coup de filet prochain au sein de la compagnie aérienne Camair-Co et du fournisseur d'électricité Aes-Sonel. Pour qui connaît le niveau d'introduction de ce journal dans les allées du pou¬voir en Afrique, cette information vient, à n'en point douter, en rajouter au malaise perceptible depuis des mois dans le sérail. La chasse (l'opération Epervier) semble donc (r)ouverte, selon le journal de Béchir Ben Yahmed, qui semble convaincu de que le remaniement ministériel tant attendu sera l'élément déclencheur de la reprise de la campagne d'assainissement des mœurs publiques dans notre pays.

Au lendemain de l'arrestation - bien que suivie de sa libération 24 après - du Ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapès Bapès, pour détournement présumé de deniers publics, le limogeage de tout Ministre à la suite du prochain remaniement ministériel pourrait, plus que jamais, constituer le début de la descente aux enfers de celui-ci. Le funeste destin de Alphonse Siwé en février 2006 est bien en passe de se reproduire avec un autre membre gouvernement. L'ancien Directeur général du Port autonome de Douala avait été happé pendant qu'il transmettait les dossiers importants du ministère à son successeur, une dizaine de minutes seulement après son limogeage du Ministère de l'Eau et de l'Energie. Il avait par la suite été conduit devant le juge et écroué le soir même, avant de se voir gratifier de 30 ans de prison ferme. Arrêté le 31 mars dernier, écroué à la prison centrale de Kondengui avant d'être libéré 24h après, Louis Bapès Bapès, lui, semble désormais en sursis.

Le journal de la rue d'Auteuil s'étonne de ce que: «Sitôt libéré, il se rend à son bureau. Comme si de rien n'était. Le 6 avril, Bapès Bapès prononce même, crânement, un discours sur les vertus du sport devant plus d'un millier d'élèves venus de tout le pays participer aux jeux nationaux scolaires. On s'attend à le voir hurler à l'abus de pouvoir, dénoncer une justice arbitraire. Il n'en est rien. Pas question non plus de démissionner pour rétablir son honneur bafoué [...] Sans doute ce haut responsable n'a-t-il pas pris la pleine mesure de ce que cette affaire révèle du régime de Yaoundé et des mœurs en cours». Thierry Michel Atangana, qui intervient dans les colonnes de Jeune Afrique, estime en tout cas que l'opération Epervier «est un processus de déstabilisation orchestré par des personnalités qui gravitent dans l'entourage du président [...] C'est par le même engrenage politico-judiciaire que j'ai été retenu au fond d'un cachot pendant si longtemps».

En tout état de cause, la conséquence directe de la psychose qui s'est emparée des gestionnaires de la fortune publique au Cameroun ces derniers temps en est la suivante: «Le gouvernement travaille peu, tétanisé par la peur de commettre une bourde, épuisé par L'incertitude d'un changement d'équipe», souligne J.A. Dans une pratique qui lui est propre cependant, regrette le magazine, «le Président Paul Biya, Ndlr, lui, prend son temps. Rien ne presse pour ce tacticien à l'agenda secret, qui joue avec les nerfs de la classe politique».


17/04/2014
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