Opération Epervier : Comment Amadou Ali, Dooh Collins fabriquaient les listes des milliardaires

Cameroun - Opération Epervier : Comment Amadou Ali, Dooh Collins fabriquaient les listes des milliardairesAmadou Ali victime des vendeurs d’illusions ? Francis Dooh Collins à qui Amadou Ali, alors vice-Premier ministre en charge de la Justice, confie la mission d’investiguer dans les comptes bancaires des présumés détourneurs des fonds publics, aura affiché non seulement son amateurisme, mais se sera davantage illustré dans la manipulation pour salir des personnalités et mettre en difficulté son mentor. Décryptage

Qu’on le veuille ou pas, le plus grand déçu de l’affaire des 880 millions de Fcfa qui accable aujourd’hui Francis Dooh Collins, le bras droit de l’ancien vice-Premier ministre en charge de la Justice, à qui mission a été confiée d’investiguer dans les comptes bancaires des présumés détourneurs des fonds publics, c’est Paul Biya. En fait de résultat des investigations, l’on se rend plutôt compte que « l’expert en investigations financières » a pris un raccourci en fabriquant carrément des preuves pour accabler certaines hautes personnalités de la République. Certaines d’entre elles n’ont pas hésité à publier des démentis pour confondre Amadou Ali et ses missionnaires. 

Voilà qui justifie la position d’une certaine opinion qui estime que, mandaté pour préserver la fortune publique des prédateurs de tous bords, l’ancien vice-Pm en charge de la Justice a davantage utilisé sa position pour régler des comptes à quelques élites. Pour certains observateurs, s’étant ainsi rendu compte que Amadou Ali s’éloignait de la mission qui lui était assignée et que l’opération Epervier se muait dangereusement en une arme de combat ou de conquête de pouvoir, le président de la République a sifflé la fin de la récréation en nommant Laurent Esso au ministère de la Justice, un magistrat compétent et expérimenté, préoccupé avant tout par la recherche de la vérité et le respect des droits individuels.

Dans certains milieux introduits, à côté de Francis Dooh Collins, le nom de Jean Marie Aboganena est aujourd’hui cité parmi ceux qui auraient tripatouillé les listes de prétendus détenteurs des comptes bancaires fournis à l’étranger. Est-ce parce qu’il serait aujourd’hui mêlé à une autre affaire explosive de trafic d’influence et marchandage de documents confidentiels ? Toujours est-il que beaucoup des témoins qui connaissent les dessous de l’affaire des fausses listes des milliardaires se souviennent que ce sont ces 2 golden boys à la moralité douteuse, présentés dans certains milieux de la capitale comme des maîtres chanteurs dangepatentés,
qui sont indexés comme les auteurs des informations ayant abondamment fait les choux gras de la presse il y a quelques 3 ans. Ce que les Camerounais ignoraient jusque-là c’est que ces informations étaient savamment concoctées par ces 2 nègres de service à la solde d’Amadou Ali, ceci en fonction de leurs seuls intérêts financiers, alors que  le chef de l’Etat attendait des résultats probants.

Copains-Copains

Pour la petite histoire, des indiscrétions indiquent aujourd’hui que tous ceux qui tentaient de résister au chantage des 2 corbeaux étaient systématiquement jetés en pâture dans les médias. Beaucoup de « grands prisonniers » de Kondengui auraient connu, selon les mêmes sources, les affres de ce terrible engrenage. D’ailleurs, des langues qui se délient depuis quelques jours confient que ces corbeaux ne seraient pas avec l’affaire des fausses listes des milliardaires à leur premier coup. Nous apprenons par exemple que ceux-ci avaient pris pour habitude, pour se faire facilement de l’argent, d’inventer des promotions ou de diffuser par médias interposés des fausses rumeurs dans l’optique de fragiliser des personnalités qui sont dans leur ligne de mire.

Plus grave, ils imitaient carrément les signatures de certains grands décideurs. Même celle du président de la République aurait été plus souvent imitée à des fins bassement lucratives. On doit se demander comme le disait un jour un célèbre prisonnier de l’opération Epervier, qui peut être dans un même gouvernement que l’ancien vice-Premier ministre en charge de la Justice, quand on découvre aujourd’hui tous ces mensonges proférés sur certaines personnalités ? Quelle a été l’influence de Jean Marie Atangana Mebara, ancien ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République et de Thomas Ephraïm Inoni, ancien Premier ministre, dans la confection des listes de prétendus détourneurs de fonds publics, au moment où ils étaient copains-copains ?

Selon des sources bien introduites, n’eût-été le légalisme qui caractérise le président de la République, plusieurs hautes personnalités se retrouveraient aujourd’hui en prison du fait des dénonciations de ces anciens proches collaborateurs du chef de l’Etat. On le comprend aisément aujourd’hui quand on se rend compte que ceux qui sont en prison dans le cadre de l’opération Epervier ne le sont pas parce qu’ils sont détenteurs des comptes bancaires à l’étranger. Mais le sont tantôt pour des problèmes d’acquisition de l’avion présidentiel, d’impression de timbres, de recouvrement des créances de l’Etat, de gestion des fonds du Sida… Alors question : comment un collaborateur de longue date du président de la République comme Amadou Ali a pu se laisser manipuler par des gens sans envergure qui lui auraient proposé des listes, des noms de propriétaires de comptes bancaires qui n’existent pas ?

En se prêtant au jeu de ses protégés avec autant de légèreté, Amadou Ali ne démontre-t-il pas lui-même beaucoup de disposition et une nette volonté de salir tous ceux qui comptent dans un univers politique où certains chroniqueurs estimaient que Paul Biya ne se représentait plus comme candidat en 2011 ?

© La Nouvelle : François Owona


21/05/2013
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