Opération Epervier: Amadou Ali dans le collimateur du Tribunal Criminel Special

Yaoundé, 04 Mars 2013
© Boris Armelle Mbock | La Nouvelle

Le vice-Premier Ministre anciennement en charge de la Justice pourrait bientôt répondre des fonds débloqués dans le cadre de la recherche des comptes supposés appartenir aux hauts commis de l'Etat. Décryptage.

L’onde de choc provoquée par la publication il y a quelques semaines de la liste des comptes supposés appartenir à des personnalités de la République continue à faire des vagues. Non seulement des démentis des personnalités mises en cause continuent de pleuvoir dans les salles de rédaction, mais aussi, nombreux sont les observateurs et autres analystes qui montent au créneau pour décrypter les intentions réelles du Vice-Premier Ministre, commanditaire de la traque des comptes, des personnalités supposées avoir des comptes à travers le monde. Pour cette opération notent ces observateurs, l'argent a été débloqué sans que cela donne les résultats escomptés. A savoir, le rapatriement des fonds détournés au Cameroun. En d'autres termes, la mission confiée à Dooh Colins pour fouiner dans les comptes des personnalités s'est révélée être un chef d'œuvre de manipulation qui en fait se trouve être la tropicalisation de l'affaire Clearstream qui avait mis en relief en France la rivalité entre Nicolas Sarkozy et Dominique De Villepin.

En tout cas, notent certains analystes, s'il est avéré que des fonds publics ont été débloqués pour cette opération, il est également temps qu'Amadou Ali rende compte de l'utilisation faite de cet argent. Ce qui le place aux portes du Tribunal criminel spécial, concluent, sentencieux; les mêmes analystes.

Pour certains observateurs, dans un esprit revanchard, Amadou Ali a toujours pensé que tout doit revenir au Grand Nord. Parce que c'est un ressortissant du Grand Nord en l'occurrence Ahmadou Ahidjo qui a donné le pouvoir à un fils du Sud Paul Biya. Ainsi donc, les ressortissants du Grand Nord veulent rentrer dans leur «droit» à cause de leur nombre élevé. Mais pour d'autres observateurs, la question de savoir qui doit gérer est secondaire et relève purement et simplement des guerres intestines dont la première victime est Marafa Hamidou Yaya. Toujours selon les mêmes analystes, il resterait donc en lice le Président actuel de l'Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril qui entame sa 21ème année au perchoir et le Vice-Premier Ministre, Amadou Ali qui est au gouvernement depuis Amadou Ahidjo, pilote émérite de l'Opération Epervier et qui a confectionné à la manière de Beria, Ministre de l'intérieur de Russie, la liste des prétendus milliardaires et de leurs comptes disséminés à travers le monde.


Opération «mano puli»

Toujours selon nos analystes, l'autre «grande» ambition d'Amadou Ali consiste à voir les ressortissants du Grand Nord à occuper des postes stratégiques dans l'appareil de l'Etat comme celui de Président du Sénat à qui est dévolu constitutionnellement la conduite de la transition, dans un schéma à la gabonaise. Pour que tout se déroule donc normalement, sans anicroches, il faut donc procéder à l'élimination de tous les potentiels prétendants identifiés dans toutes les autres tribus et cela par le biais de mensonges, de calomnies, de diffamations savamment distillés aux oreilles du Chef de l'Etat dans un environnement où le recoupement des informations n'est plus la règle, notent nos mêmes analystes. Qui enfoncent qu'on a l'impression qu'autour du Président de la République, tout le monde est détourneur de fonds publics, sauf celui là-même qui a piloté l'opération Épervier dont l'opinion se demande pourquoi l'opération d'assainissement des finances publiques n'a commencé qu'en 2006. Et pourtant, toujours selon nos analystes, les lois sur les détournements des fonds publics datent de 1962. Poursuivant l'analyse, notre source estime que si le Président de la République a tôt fait de parler de rigueur et de moralisation dans sa vision de l'Etat, il n'en demeure pas moins que les déviances observées dans la gestion de l'Opération «mano puli», entendez mains propres, vont tendre à créditer la thèse d'une épuration politique dont le Président de la République n'est pas le commanditaire. Le combat politique en démocratie ne saurait prendre la forme d'un règlement de comptes dont le bénéfice reviendrait aux prétendants de la succession.

Compte tenu de ce qui précède, pour de nombreux observateurs, il serait indiqué que le Procureur de la République, responsable de l'action publique, s'intéresse à la gestion des fonds mis à la disposition de l'équipe Amadou Ali pour une recherche imaginaire dans des paradis fiscaux. En fait, notent les mêmes observateurs, il devient clair que c'est Amadou Ali le bénéficiaire de toute cette manipulation où le Président est apparu comme un patron qui broie tous ses collaborateurs qu'il a nommés lui-même, un peu à l'image de cet animal qui se nourrit de la chair de ses propres fils. Ces observateurs pensent donc que, le Président de la République a, dans la plupart des cas aujourd'hui, été abusé dans cette opération par celui-là même en qui il avait placé sa confiance. Mais alors quel dommage ce montage. Cette liste des comptes supposés des personnalités à travers le monde et contestée finalement par bon nombre de personnes, aura contribué à discréditer notre pays auprès de l'opinion internationale, davantage même que les détourneurs à proprement parler. De toutes les façons, l'exclusion des autres tribus par Amadou Ali a été confirmée par le Vice-Premier Ministre lui-même à travers les câbles Wikileaks. Il excluait alors les Bétis et les Bamilekés dans un cas de figure d'alternance au sommet de l'Etat.


04/03/2013
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