Opération épervier :Agbor Tabi désavoué par les siens

Écrit par Pierre – Alexis Kaptchouang à Kumba
Lundi, 23 Avril 2012 08:35


Le secrétaire général adjoint à la présidence de la république a été hué et réduit au silence à Kumba par les élites du Sud–Ouest qui n’ont pas manqué d’exprimer leur amertume à l’arrestation de l’ancien premier ministre Ephraim Inoni, chef supérieur des Bakingili.

 

La grande rencontre des fils et filles élites de la région du Sud-Ouest à la salle des conférences de la Communauté urbaine de Kumba samedi dernier a failli de peu s’achever en queue de Poisson. Ministres et anciens ministres, diplomates, directeurs généraux et chefs d’entreprises, cadres de l’administration, opérateurs économiques, élus locaux, chefs traditionnels, agents et autres fonctionnaires originaires de cette région avaient pourtant répondu massivement à l’appel de Mafany Musonge, initiateur de ce comité de soutien des élites du Sud-Ouest pour le soutien à l’organisation du cinquantenaire de la réunification qui en était ainsi à sa deuxième assise, après celle de Buea le mois passé.

 

 

Une initiative parrainée par l’ex – premier ministre Ephraim Inoni dont la participation remarquable lors de la première assise reste gravée dans les mémoires, et qui, depuis quelques jours, compte parmi les pensionnaires du gouvernement de Kondengui. L’allure de discorde paraitra d’entrée lorsque le secrétaire général adjoint à la présidence Peter Agbor Tabi prendra la parole pour des propos introductifs. Alors que la rencontre était destinée à la mobilisation des fonds pour les activités élaborées par ledit comité,  le collaborateur de Paul Biya se lancera dans des discours politiques et des éloges à son patron, prêchant son parti le Rdpc. Un discours qui ne va pas susciter l’assentiment de ses frères.

Mais alors, les murmures et autres gestes de désolidarisation visant à le stopper dans son élan ne porteront pas de fruit, Peter Agbor Tabi tenant manifestement à aller jusqu’au bout de sa logique. Il a fallu l’intervention radicalement ferme de Fon Victor Mukete, le chef supérieur des Bafaw pour le stopper et le ramener à l’ordre, Fon Mukete ayant tenu à faire valoir que cette rencontre n’a rien de politique, et se veut être un forum des élites de toute coloration politique, religieuse et de toutes les classes sociales pour contribuer à l’organisation du cinquantenaire qui aura lieu à Buea. Fon Mukete martèlera qu’il faut éviter de distraire la raison d’être de cette rencontre. C’est à la suite de cette intervention que les travaux vont se poursuivre jusqu’au moment où les participants seront invités à quitter la salle des conférences pour la salle des banquets où se dérouleront les levées de fonds.

 

Déclaration scandaleuse

 

Jusqu’ici, on aucune allusion n’était faite en relation avec la récente arrestation d’un fils de cette région. C’est alors que Peter Agbor Tabi reviendra à la charge. Reprenant la parole, il proposera à ses frères du Sud – ouest ainsi réunis qu’il serait judicieux d’adresser une motion de soutien au chef de l’Etat Paul Biya pour le féliciter pour les récentes actions d’assainissement des mœurs ayant conduit à l’arrestation et à l’incarcération de l’ancien premier ministre et roi des Bafaw Thomas Inoni Ephraim aux côtés de l’ex  Minatd Marafa Hamidou Yaya. Spontanément,  les élites ne le laisseront même pas terminer son propos. Pour elles, c’est une déclaration scandaleuse au moment où elles n’arrivent déjà pas à digérer cette arrestation. La pilule n’étant pas toujours suffisamment amère pour le collaborateur de Paul Biya, il se lèvera, dans une leçon magistrale, pour expliquer et défendre sa proposition, soutenant dans ses premières déclarations qu’il faut soutenir le chef de l’Etat. Ceci sera donc la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Des éclats de voix ne se feront pas attendre pour contester énergiquement cette suggestion. Comme une trainée de poudre, colère et tension vont subitement s’emparer de la salle, les uns et les autres scandant insultes et menace, ceci en solidarité à Inoni Ephraim. Les ministres présents dont Ngole Philipe Ngwesse des forêts et de la faune, Arrey Ebot NKongho chargé des missions à la présidence, le président de ce comité John Ebong Ngolle, et autres dignitaires ne cacheront pas leur embarras. Hué et humilié par les siens, Agbor Tabi regagnera son siège la tête basse. Les arguments fuseront de toutes parts pour dénoncer l’arrestation du chef des Bakinguili. Plusieurs élites ne garderont pas leur langue à ce sujet. L’ancien délégué du gouvernement à Kumba Caven Nnoko Mbele déclarera que «l’arrestation de l’ancien premier ministre chief Ephraim Inoni est malheureuse. C’est très malheureux ; c’est tout ce que je peux dire ; c’est très très très malheureux».

Le président national de l’Ojrdpc, Stephen Mbonda Motia se montrera quant à lui un peu plus prudent, rapportant que «Chiefd Ephraim Inoni était un homme d’Etat, l’ancien premier ministre, et par-dessus tout un chef traditionnel dans le Sud-Ouest. La nouvelle de son arrestation pour des crimes liés à l’affaire albatros selon ce que nous avons appris était très regrettable pour nous. Ça ne veut pas dire que nous cautionnons ou défendons ce qui se serait passé. Mais nous avons de la sympathie pour lui parce que c’est un humain, notre frère et notre père dans cette région. Cependant, maintenant qu’il a été arrêté, que la justice soit rendue. S’il est trouvé coupable, nous remettons son sort entre les mains de Dieu parce que nous ne saurions cautionner les comportements déviant dans notre pays». Cependant, précisera Stephen Mbonda, «l’arrestation de Ephraim Inoni n’affecte pas l’organisation des cinquantenaires de la réunification. Les fils et filles de cette région continuent sereinement leurs activités ; ils sont simplement en solidarité par rapport à ce qui est arrivé, et souhaitent que les uns et les autres en tirent les leçons qui en découlent, et d’éviter de s’impliquer dans des actes compromettantes pour ne pas se faire interpeler de façon embarrassante parce que si vous détournez les deniers publics, vous serez arrêtés puisque cela fait partir des fondements de la vision du président Paul Biya dans sa politique des grandes réalisations ».

Les uns et les autres revenus à de meilleurs sentiments, cet épisode laissera finalement place à la levée des fonds, objet de cette rencontre. Sur les 150 millions de francs présentés comme budget et attendu des contributions, les élites dont les rangs seront agrandis à cette étape avec l’arrivée de l’ancien ministre des forêts Elvis Ngolle Ngolle, contribueront une enveloppe de plus de 76 millions de francs Cfa, soit Plus de 28 millions en espèce et 16 millions en chèque. Selon le président de ce comité John Ebong Ngolle, «les fonds collectés ce jour serviront pour  recevoir les gens qui viendront des autres régions, et puis nos populations propres parce que certainement ce que les autorités nationales enverront ne seront pas assez pour tout le monde. Notre initiative vise à soutenir l’action des autorités».

Humphrey Ekema Monono, directeur du GCE Board et élite fera valoir que «ça c’est la direction voulue, la mobilisation totale des forces vives de la région pour accompagner le chef de l’Etat dans ses missions et sa vision ; marquer ce cinquantenaire de la réunification à Buea nous honore et si nous restons en attendant les instructions des hautes instances ce ne sera pas gaie de notre part. Il faut soutenir notre chef de l’Etat, soutenir l’action gouvernementale et démontrer que nous sommes prêts à vivre et à marquer cet évènement avec l’enthousiasme qu’il en faut».

Mise à jour le Lundi, 23 Avril 2012 09:30
 


23/04/2012
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