Novembre 1982-Novembre 2012: Le Renouveau a un bilan...

Yaoundé, 30 Novembre 2012
© Martien Tchoumi Ngueffo, économiste | L'Actu

La date du 6 novembre 2012 ponctue la célébration du 30ème anniversaire de l'accession à la Magistrature suprême de M. Paul Biya, ancien Premier Ministre, par ailleurs successeur constitutionnel de l'ancien président de la République démissionnaire, Ahmadou Ahidjo, le 6 novembre 1982.

A l'occasion de cet anniversaire, la presse nationale s'est naturellement livrée à un florilège de commentaires dualistes, selon quelle se trouve du côté du pouvoir, ou quelle se radicalise dans des critiques acerbes pis que les positions de l’opposition.

Si la presse dite officielle s'est montrée plus modérée dans ses reportages et analyses du reste conformes à la réalité des festivités y afférentes, certains journaux proches de l'opposition ont quant à eux brillé par un réquisitoire austère, comme si en 30 ans il n'y avait rien eu de nouveau-sous le Renouveau... Comme si le Cameroun s'était arrêté de fonctionner en 1982... Comme si le multipartisme et la démocratie relevaient de l'ancien régime. Le factum le plus acerbe émane d'un soi-disant «Groupe de cadres camerounais en service dans des administrations publiques et qui, du fait de leurs prétendues fonctions, ont souhaité garder l'anonymat, dressent le vrai bilan économique du Renouveau»… il s’agit, comme par hasard, d'un essaim de pourfendeurs ayant requis l'anonymat pour déverser leur venin, sans jamais courir le risque d'être contredits. Ce pamphlet rendu clandestin, de par l'identité opaque de ses rédacteurs et dans ses chiffres officieux prétend dresser «Le vrai bilan économique de Paul Biya» en 30 ans.

Dans les détails les plus farfelus, le fameux groupe de cadres contempteurs souligne, tableaux de bords économiques à l'appui, que tout est négatif qui porte l'empreinte décidue du Renouveau. Tout y passe, secteur par secteur, tout est nul, selon le groupe en question dont le ton irascible du propos trahit grossièrement l'appartenance politique dichotomique aux idéaux du Renouveau, si ce n'est sa prétention pouvoiriste. Comme le dossier en question est infecté de partialité, le prétendu vrai bilan attribué en trente ans au Renouveau par une opposition calfeutrée dans l'anonymat Incapable d'assumant ses écrits devient un faux bilan pétri de mauvaise foi. La réalité est pourtant visible, en 30 ans, malgré un environnement économique mondial teinté de précarité depuis plusieurs décennies.

D'emblée, dans toute œuvre humaine, 30 ans ne peuvent être totalement noire ébène, tel que l'on imaginerait l'enfer. Globalement, bien que la vie soit dure dans notre pays, comme elle l'est partout dans le monde, le Cameroun n'est justement pas un enfer dirigé par une main de fer. Dès lors, poser la problématique du vrai bilan politico-économique et social du Renouveau suppute qu'il existe un faux, lequel?


•Des réalisations palpables

Dans tous ses discours, depuis son accession à la Magistrature suprême, le Président de la République, Paul Biya, n'a eu de cesse de souligner le contexte économique mondial qui vire depuis la crise pétrolière de 1973 à la récession, et au ralentissement de la croissance. La crise économique n'est pas une particularité camerounaise, mais un phénomène conjoncturel qui touche tous les pays d'Afrique et parlant des grandes puissances européennes et américaines. Depuis 30 ans, et dans un langage franc, le Président Paul Biya a régulièrement informé son peuple des difficultés qui pointaient à l'horizon, tout en appelant ses compatriotes à retrousser les manches, et à faire face à la bourrasque économique mondiale dont le Cameroun n'est pas la cause, mais en subit les conséquences, Comme plusieurs pays du monde embarqués dans le tourbillon de la crise, et pour faire face à la situation économique planétaire, notre pays a fini par avoir recours aux institutions financières de Brettons Woods; notamment le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque Mondiale (BM) qui ont instantanément imposé des conditionnalités et des Programmes d'ajustements structurels (PAS) passant, entre autres obligations, par un dégraissement des effectifs et une privatisation des entreprises publiques et parapubliques; le prix à payer pour contrôler notre budget. Malgré de longues années d'évaluations, le Cameroun, sous Paul Biya, et grâce à son implication personnelle, a fini par atteindre le Point d’achèvement de l'initiative PPTE, facilitant l'accès aux financements de nos programmes par la Banque Mondiale, et permettant d’accroître notre solvabilité internationale et des possibilités d'endettements sur de nombreuses surfaces financières multilatérales. Or, qui dit PAS, dit récession et de fait, une économie sous contrôle. Tout en permettant notre crédibilité d'endettement, le PAS a ralenti des investissements sur plus de 5 ans, donnant l'Impression que tout était bloqué dans notre pays, tant le PAS survenait au lendemain de deux coupes de salaires à la Fonction publiques en 1994, et après la dévaluation de l'ordre de 50% du franc CFA dans sa parité avec l'ancien franc français. Tous les pays de la zone CFA ont subi les mêmes affres en compromettant notre étiquette de Pays à revenus intermédiaires, d'où notre inscription au programme PPTE.

Grâce à de nombreuses reformes et aux mesures courageuses initiées par le Renouveau national, le Cameroun de Paul Biya a réussi à tourner la douloureuse page de la crise financière, souvenez-vous du foisonnement des titres de trésor qui remplaçaient les bons de caisse, signe de l'endettement intérieur de l'Etat qui avait du mal à payer les fournisseurs. C'est aussi l'époque où les banques fermaient à tour de bras (BMBC, Paris-Bas Cameroun...). A cette époque, il fut impossible aux épargnants de retirer plus de 10.000 FCFA de leurs comptes, tant les retraits étaient rationnés. Depuis lors, le Cameroun sous Paul Biya a accédé à l'initiative PPTE. Son budget d'exercice est constamment stable ou en hausse. L’Etat ne connait pas un seul mois d'arriérés de salaires, comme on en est à dix mois dans certains pays. Pour démontrer l'embellie constante de notre économie, et permettre un nivellement entre le niveau salarial et l'inflation, le Président Paul Biya a procédé en 2011 à une revalorisation des indemnités de non-logement de l'ordre de 20%. C'est cette solvabilité de l'Etat qui permet de recruter dans la Fonction publique, et au chef de l'Etat de se permettre de recruter 25 000 jeunes, et même de lancer les multiples programmes d'aides financières aux jeunes à travers le FNE (Fonds national de l'Emploi), le PIAASI et le Pajer-U.

Au plan des transactions financières, le Cameroun ne se trouve pas mal loti. Non seulement il y a un foisonnement massif de nouvelles banques, et des établissements de crédits, mais, qui plus est, les banques sont à nouveau sur-liquides, facilitant l'accès aux crédits permettant la relance des investissements. Le Cameroun a soldé ses titres de trésor, et entamé avec succès l'amenuisement de la dette intérieure et celle dite extérieure. L'amélioration de notre santé économique se mesure aussi par l'existence d'un marché financier à travers la Bourse des valeurs Immobilières, la Douala Stock Exchange, dont la présence dans la capitale économique du Cameroun se justifie par le poids économique de 50 % de notre pays dans la zone CEMAC.


•Les causes d'une léthargie économique

Paul Biya arrive au pouvoir lorsque le monde rentre de plein fouet dans les retombées néfastes de la crise pétrolière évoquée plus haut et même si dans son discours d'adieu prononcé le soir du 4 novembre 1982, le Président Ahidjo dit avoir laissé une économie saine, la réalité est que la hausse vertigineuse du prix du baril du pétrole imposée par les pays membres de l'OPEP, en amont, a incidemment conduit à la baisse des coûts des matières premières sur les étals du marché mondial (cacao café hévéa banane...) constituant, en aval, les principales sources de revenus des Etats fraîchement extirpés de la colonisation et non encore affranchis des affres du néocolonialisme. Paul Biya a hérité d'un contexte national qui clignotait l'orange et d'un environnement international qui clignotait au rouge. En France François Mitterrand a hérité des mêmes difficultés que Valery Giscard D'Estaing, tout comme à leur suite, les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande...

Qu'ils soient de Droite ou de Gauche, l'alternance n'a pas sorti la France de la Crise. Depuis 1974, aucun budget de l'Etat français n'a été à l'équilibre. Bien au contraire, les déficits se sont accentués avec un paroxysme en 2009. Le solde public n'a été positif que sous les présidences de Gaulle (+02%) et Pompidou (+0.1%). Depuis Giscard d'Estaing (-1.5%), la dégradation est continue jusqu'à Nicolas Sarkozy (-5.7%) et la France vit depuis 2010, les pires années depuis 1950 du point de vue des déficits. Pis la France s'endette non pas pour assurer des investissements à long terme, ce qui alors serait assez justifié, mais habituellement pour assurer des dépenses de fonctionnement. Ce qui est une aberration économique. La dette de la France progresse plus vite que son PIS. De 1980 à 2010 elle est passée de 20% à 80% du PIB. Le Cameroun s'endette positivement, c'est-à-dire pour accroître ses investissements publics. Les États-Unis la première puissance mondiale, ne s'en portent pas économiquement mieux ! La dynamique de l'investissement américain est cassée depuis 1980. La part d'investissements des USA a chuté depuis 2007, au point de contraindre les dépenses publiques à compenser le déficit de même que soutenir une économie généralement booster par le secteur privé. Le commerce extérieur des USA plonge à partir de 1997, et pèse dès lors très négativement sur la croissance. La consommation des ménages est moins forte qu'en 1990, tout comme l'investissement public tourne au ralenti. Les pourfendeurs du Renouveau qui condamnent la longévité, selon eux, excessive, du Président Paul Biya savent-ils que l'alternance n'est pas un signe de prospérité? Le déficit du commerce extérieur des États-Unis a pu faire perdre jusqu'à 1 point de croissance aux États-Unis, ce qui est colossal. Les alternances entre présidents républicains et démocrates n'ont pas réussi à sauver une croissance dégradante.

Une autre précision qu'ignorent les dénigreurs du Renouveau, c'est que de 1982 à 1985, voire 1992, le président Biya a passé du temps à asseoir son pouvoir contre des tentatives âpres de déstabilisation, d'assassinat et finalement d'un coup d'Etat manqué... mais, contre vents et marrées, que Paul Biya est le promoteur assermenté de la démocratie, d'un nouveau code des procédures pénales, d'un système électoral en voie de perfection avec l'usage de la biométrie. Et qu'après la bourrasque économique qui a ralenti nos investissements dans les secteurs privé et public le mérite revient au chef de l'Etat d'avoir rendu le Cameroun crédible pour des endettements nouveaux. C'est cette crédibilité patiemment bâtie qui justifie les multiples points que la Chine octroie au Cameroun pour le soutien de notre économie en chantier C'est le sens des financements des barrages hydroélectriques de Memve’ele, et de Lom-Pangar, du Port en eau profonde de Kribi, en plus d'autres implications de l'Empire du Milieu dans des secteurs de développement. L'Union européenne et la France n'entendent être en reste dans la ruée des puissances étrangères au Cameroun, sans oublier la nuée d'investisseurs étrangers qui se bousculent aux portes du Cameroun. C'est aussi cette crédibilité qui a facilité la réussite de l'emprunt obligataire de 200 milliards FCFA lancé à l'échéance de décembre 2010 par l'Etat pour la réalisation des projets structurants. Si l'on s'en tient à l'adage populaire qui stipule que l'on ne prête qu'aux riches, on se plairait de savoir que le Cameroun de Paul Biya est riche en crédibilité. Ce qui est rare sous d'autres cieux.

La crédibilité du Cameroun tient à ses richesses en friche, à la paix et stabilité que d'autres nations nous envient, à la bonne gouvernante qui est un défi, d'où la hargne-sans-pitié avec laquelle le Président Paul Biya traque les prévaricateurs, car les dizaines de milliards FCFA détournés auraient pu constituer un précieux pécule pour nos investissements sur fonds propres. Notre sous-sol regorge d'immenses richesses qui sont désormais mises à exploitation (diamant, fer, nickel, cobalt, or), en plus des réserves de bauxite, de pétrole et de gaz naturel. Le secteur des affaires est lui aussi en hausse avec un flux des investisseurs étrangers qui s'observe depuis peu, et la concentration des investissements dans le secteur des BTP et de la cimenterie, signe évident de ce que le Cameroun est en chantier. Et que malgré tout, le Cameroun construit son émergence bien possible en 2035.

Martien Tchoumi Ngueffo, économiste


02/12/2012
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