Nouveau septennat : Les injonctions de l’Union européenne à Paul Biya

MUTATIONS 16/11/2011

Nouveau septennat : Les injonctions de l’Union européenne à Paul Biya

Sous le couvert d’un message de félicitations, José Manuel Barroso exige le renforcement de la démocratie au Cameroun.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, vient de joindre sa voix au concert, en ré mineur, de félicitations au chef de l’Etat camerounais réélu, Paul Biya. Dans ce message publié hier dans les colonnes du quotidien Cameroon tribune, le diplomate espagnol commence par saluer «la population camerounaise pour le sens de responsabilité dont elle a fait preuve lors de l’élection du 9 octobre 2011, démontrant de façon pacifique son attachement au renforcement du processus démocratique de l’Etat de droit». José Manuel Barroso poursuit : «Dans cette perspective, je sais l’importance que représentent pour vous les prochaines élections législatives et municipales. Il s’agira, en effet de mettre en oeuvre les reformes nécessaires à un approfondissement du processus démocratique et en particulier, une meilleure identification des électeurs».

Le président de la Commission européenne se dit du reste «convaincu que vous [Paul Biya] saurez intensifier le rythme des reformes visant un renforcement de l’Etat de droit, telles que la mise en place effective du Conseil constitutionnel et du Sénat, comme prévu par la Constitution de 1996 ». Vers la fin de cette correspondance à la tonalité peu diplomatique, José Barroso assure le chef de l’Etat camerounais de ce que «l’Union européenne est prête à appuyer les efforts de votre (son) pays pour relever ces défis». A l’analyse, la structure et l’esprit de ce message de félicitations sont, à quelque nuance près, similaires à celui adressé par le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy à son homologue camerounais. Dans cette missive, le président français invitait Paul Biya à «parachever sans plus tarder la mise en place des institutions prévues par la Constitution de 1996 (…), car celles-ci seront le gage d’un pays stable, confiant en lui-même et résolument tourné vers l’avenir».

Nicolas Sarkozy plaidait également pour mise en oeuvre des «reformes et moyens nécessaires au bon fonctionnement d’Elecam et, par voie de conséquence, au renforcement de la démocratie au Cameroun». Adressé le 24 octobre au président camerounais réélu, ce n’est que quatre jours plus tard, le 28 octobre, que le destinataire de ce «message de félicitations» autorisera sa diffusion sur les ondes de la radiotélévision nationale (Crtv), attestant ainsi de l’embarras que cette correspondance a provoqué dans le sérail. Dans l’ensemble, force est de constater que, plus de trois semaines après la proclamation de l’élection présidentielle, les messages de félicitations à l’endroit du candidat du Rdpc n’affluent pas, comparativement au scrutin de 2004. Pour l’heure, aucun pays du Commonwealth n’a sacrifié à cet «acte de légitimation». Les Etats-Unis manquent également à l’appel.
S’agissant de la superpuissance mondiale, un proche du parti démocrate (dans lequel milite Barack Obama) indique, pour expliquer ce silence, qu’ «il y a beaucoup de déception à propos de Paul Biya sur la place de Washington. Non seulement le Washington «officiel» voir clairement que M. Biya veut s'éterniser au pouvoir, mais aussi les autorités ont très mal jugé la performance d'Elecam [Elections Cameroon, ndlr]. C'est comme si le régime les nargue en estimant que la démocratie se porte bien au Cameroun... et que personne n'a le monopole de la vérité».

Georges Alain Boyomo



16/11/2011
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