Nouveau Code Electoral: Ces cautions qui brisent des carrières - De nombreux leaders de l'opposition sont menacés de disparition sur l'échiquier électoral

YAOUNDÉ, 09 mai 2012
© JEAN DE DIEU BIDIAS | Mutations

Ayah Paul Abine, président du People's action party (Pap), lui aussi candidat à la dernière élection présidentielle trouve que cette disposition ne vise pas seulement à favoriser le Rdpc. «Tout est cousu pour éliminer tous les Camerounais moyens de l'arène politique ainsi que la plupart des partis de l'opposition»,

«Avec la promulgation de la nouvelle loi portant code électoral, les petits partis politiques comme le mien n'ont pas d'avenir. Pour tout dire: on a tué l'opposition dans notre pays.» Ces propos sont ceux d'une figure de l'opposition camerounaise, bien connue sur la ligne de départ des élections présidentielles au Cameroun, depuis le retour au multipartisme. Au centre de cette inquiétude, l'augmentation des cautionnements aux élections : de 5 millions FCFA à 30 millions FCFA pour l'élection présidentielle (avec en plus l'exigence de 300 signatures pour les candidats dont les partis ne siègent pas à l'Assemblée nationale), de 500.000 FCFA à 3 millions FCFA pour les législatives et de 25.000 FCFA à 50.000 FCFA pour les municipales.

«Ce qui a été fait, on n'a besoin de trop y réfléchir puisque ça saute aux yeux, vise uniquement à favoriser le Rdpc», tranche Marcus Lontouo, président du Congrès national camerounais (Cnc) et Candidat à la dernière présidentielle. Avant de s'en référer à l'histoire. «Souvenez-vous que lors de l'élection couplée de 2007, le fait d'avoir relevé la caution des municipales de 10.000 à 25000F et de 50.000 à 500.000 F à trois mois de l'élection, cela avait fait que dans la région du Sud, à part le département de la Mvila, le Rdpc était le seul parti en compétition. A l'Est, à part le Haut Nyong, le Rdpc était seul dans toutes les circonscriptions de cette région. Et sur toute l'étendue du territoire, avant la publication des résultats, le Rdpc avait déjà engrangé plus de 75 mairies où il était seul en compétition», révèle-t-il.

Ayah Paul Abine, président du People's action party (Pap), lui aussi candidat à la dernière élection présidentielle trouve que cette disposition ne vise pas seulement à favoriser le Rdpc. «Tout est cousu pour éliminer tous les Camerounais moyens de l'arène politique ainsi que la plupart des partis de l'opposition», indique-t-il.

Pour Olivier Bilé, président de l'Union pour la fraternité et le progrès (Ufp), autre challenger de Paul Biya à la présidentielle 2011, «les dirigeants actuels du Cameroun pensent que tout se résout par l'argent. L'idole argent qu'ils ont instituée est la solution à tout. Tel qu'ils le font, la société va rentrer plus que jamais dans le temps du règne des feymen, excluant le peuple réel de la vie politique. C'est les possédants, ce que j'appelle très souvent l'oligo-clepto-ploutocratie régnante, qui va s'établir comme l'entité qui décide de tout et qui prend en otage, de manière absolue, le destin de la nation ».


Union

Abba Aboubakar, président de le Révolution camerounaise du peuple uni (Rcpu), a quant à lui le mot méchant. «Le problème de cautions qui ont été élevées est très grave. C'est pourquoi je dis à ceux qui ont imposé cette loi de supporter toutes les conséquences qui pourraient en découler le moment venu», prévient-il. Et d'insister : «On n'impose pas une loi électorale aux acteurs politiques, il faut une concertation, il faut des plates-formes», croit-il. Face à cette situation, «la solution idoine serait qu'on forme un grand parti national pour contrecarrer le Rdpc. Parce que, à l'heure actuelle, je n'entrevois pas une opposition qui évolue en rangs dispersés faire quoi que ce soit face au parti de monsieur Biya. Avec tous les moyens de l'Etat dont ils font abusivement usage, seul le regroupement au sein d'un seul et même mouvement pourrait les contrecarrer», se convainc Hubert Kamgang, président de l'Union des populations africaines (Upa).

Une idée que ne réfutent pas ses compères. «L'union des forces de l'opposition est une condition sine qua non de la marche de la démocratie dans notre pays. Et dans les prochains jours, nous allons nous fédérer aux partis politiques tels que le Sdf, l'Udc et le Mp en vue de donner un ton ferme pour que règne désormais la démocratie dans notre pays. Pourquoi ces derniers ? C'est parce qu'ils sont nos porte parole au niveau de l'Assemblée nationale. J'en appelle à tous les autres partis de l'opposition de se coaliser derrière ces trois forces-là», indique Abba Aboubakar. Et Marcus Lontouo d'appuyer : «Il serait préférable, de mon point de vue, de fédérer les petites forces au Sdf. Une fédération suffisamment forte et à idéologies contraires, capable de tenir tête au Rdpc. Par ce que je pense qu'il est toujours facile d'aller vers ce qui existe déjà pour mieux construire». Mais pour Olivier Bilé, «il est certain que désormais, nous allons vers un système où les formations politiques vont davantage se réunir, je l'espère sur des bases sérieuses et programmatiques. Le Rdpc croyait avoir pris ne mesure ayant pour dessein d'affaiblir les forces de l’opposition, mais ça ne marchera pas».




09/05/2012
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