Ni John Fru Ndi : Power to the ballot

Ni John Fru Ndi : Power to the ballot

Le leader du Sdf pense que le peuple continue de détenir les clés de l’accession à la magistrature suprême au Cameroun..On le croyait affaibli par des démissions en cascade au sein de sa formation politique et sa longévité à la tête du Social Democratic Front (Sdf), qu’il dirige depuis 1990. Mais Ni John Fru Ndi a eu des éléments supplémentaires pouvant justifier sa prochaine candidature à la présidentielle 2011. Il y a d’abord l’audience à lui accordée par le chef de l’Etat, Paul Biya, le 10 décembre 2010 en marge des festivités marquant le Cinquantenaire des armées à Bamenda. Comment ne pas évoquer, ensuite, en janvier 2011, sa présence au palais de l’Unité à Yaoundé, pour la première fois, à l’occasion de la présentation des vœux au président de la République ? Des observateurs de la vie politique camerounaise n’oublient pas, enfin, le rapprochement entre ces deux leaders au cours de la tenue du Comice agropastoral à Ebolowa.

 

Trois séquences vivantes, qui peuvent susciter des scènes de jalousie, même si la posture de John Fru Ndi n’a pas varié dans ses discours. Surtout quand il déclare que, au Sdf, les militants ont la liberté de choisir celui qui pourra le mieux les représenter à l’issue des primaires annoncées, qui devraient aboutir dans quelques semaines, au détour d’un congrès, à l’élection des membres du Comité exécutif national (Nec) et, partant, du futur président national du parti.


Une position qui ne surprend pas quand on sait que, au Cameroun, la vie des partis politiques est sensiblement liée à celle de leur leader : «Ces derniers temps, des journaux ont fait des papiers sur le fait que M. Biya et moi sommes vieux et devons quitter la scène politique. Mais, ils confondent les choses. Le poste de président dans un pays a un mandat limité, mais celui des partis politiques ne l’est pas. Le Sdf est le seul parti politique dans lequel les prétendants au leadership se soumettent à un exercice rigoureux des primaires et des élections proprement dites. Je me suis toujours soumis à cette procédure. Alors, quant à ce que je dois partir ou rester, cela dépend du choix des militants du Sdf.» Le pouvoir est au peuple, comme l’indique un slogan au Sdf.

Quoi qu’on dise, John Fru Ndi, jusque-là modeste libraire (il a créé au début des années 70 le réseau de librairies Ebibi Group of Bookshops), a marqué, à sa manière, le jeu politique au Cameroun. Le 26 mai 1990 à Bamenda, il a pris la tête de plusieurs milliers de personnes pour lancer les activités du Sdf après avoir essayé de briguer, au cours des années 80 et sans succès, un siège à l’Assemblée nationale sous la bannière du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir). Ce jour-là, la marche, programmée à partir de Chemist jusqu’au stade municipal de Mankon, à Bamenda, tourne en un bain de sang. Six personnes sont mortes ‘‘piétinées’’ par balles, selon la terminologie utilisée par la radio nationale. La légende du Sdf vient ainsi de s’inscrire…dans le sang.


Un large mouvement de contestation s’implante. Dans la foulée, le Sdf refuse de prendre part aux législatives de mars 1992. Il faut attendre octobre de la même année pour voir le Chairman postuler à la présidentielle. Paul Biya est en ballottage très défavorable, disent certains. Mais il est élu avec 39,9% de voix. John Fru Ndi le talonne avec 35,9% des suffrages. La guerre des chiffres commence. La rue parle de «victoire volée». Malgré tout, Paul Biya tient le gouvernail.

Aîné d’une famille de 16 enfants, John Fru Ndi, né le 7 juillet 1941, subit toutes les intimidations mais ne baisse pas les bras. Jusqu’en mai 1997, quand son parti rafle 43 sièges au Parlement pour se positionner comme la première formation de l’opposition. La marche est longue et escarpée. En octobre 1997, en compagnie de quelques leaders politique, M. Fru Ndi boude le scrutin présidentiel. En 2002, il engrange moins de députés. En 2004, il ne fera plus paniquer Paul Biya à la présidentielle.
L’ancien président général de PWD football de Bamenda, par ailleurs père de 9 enfants, n’entend pas quitter la scène sans faire davantage parler de lui. Au cas où il arrive à solliciter les voix des Camerounais pour la présidentielle 2011, il ne manquera pas de s’appesantir sur des programmes plus ou moins connus : appliquer un fédéralisme à quatre Etats en protégeant et promouvant le caractère bilingue et multiculturel du Cameroun, mettre en place une nouvelle Constitution avec une réelle séparation de pouvoirs, protéger effectivement les libertés publiques, dépolitiser l’administration publique, restaurer les coopératives agricoles etc.

 

Source: Mutations/ 28 Feb 2011



23/03/2011
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