Nécrologie: Paul Biya n’ira pas aux obsèques de Ferdinand Léopold Oyono

Par jacques.doo.bell | Jeudi 24 juin 2010 | Le Messager

La nouvelle de sa mort a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Dans le sérail politique, le cercle diplomatique et les milieux culturels, d’aucuns ne voulant pas y croire. Sauf ceux qui ont assisté en direct à la chute de ce baobab. Baobab en raison de sa dimension culturelle, sa longévité au service de l’Etat et de la nation. Léopold Ferdinand Oyono a tout donné à son pays, se laissant user jusqu’à la corde. La sentence est biblique, il est vrai : « Tu mourras ». Mais Ferdinand Leopold Oyono s’est juste éclipsé. Il reste toutefois présent sur la scène à travers ses classiques dont le vieux nègre et la médaille qui lui colle à la peau. En s’écroulant ce 10 juin sur le perron du Palais de l’unité, l’homme est mort à la tâche, payant ainsi de sa fidélité à un ami et patron de longue date. On peut le dire, il a payé de sa fidélité à un homme. Malgré le poids de l’âge : 81 ans, l’usure physique, il répondait toujours présent à toutes les sollicitations de son illustre ami. Pour le président Paul Biya, le disparu n’était pas un proche collaborateur comme les autres. Il était son conseiller sans doute le plus écouté, peut-être même son confident. Son complice, pour parler familièrement.

Dans leur moment de détente les deux hommes étaient souvent ensemble. A jouer du « songo », ce jeu des peuples bantous qui est une école de stratégie. La stratégie, l’art de faire face à son destin, selon Peter Drucker. On peut même affirmer qu’« entre les deux, il n’y avait point d’état d’âme. Puisque même écarté du gouvernement (par trois fois au moins), Ferdinand Leopold Oyono se retrouvait aussi bien dans le dernier carré des proches que dans les délégations officielles conduites par Paul Biya à l’étranger. Pour autant, le chef de l’Etat n’ira pas aux obsèques officielles qu’il a décidées pour son ami. Selon le communiqué officiel du cabinet civil de la présidence, Paul Biya a fait la passe (actualité du Mondial oblige) à Amadou Ali pour l’y représenter. Une attitude diversement appréciée au-delà de toutes les analyses qu’on peut faire sur son cursus professionnel surtout, il faut retenir de Ferdinand Leopold Oyono qu’il était d’abord un patriote. Sorti de la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) française (section diplomatique), le jeune Ferdinand Leopold Oyono fait ses premiers pas de diplomate, d’abord comme chargé de mission au ministère français des Affaires étrangères, puis à l’Ambassade de France en Italie. A l’accession du Cameroun à l’indépendance, il plie bagages pour entrer dans le corps naissant de la diplomatie camerounaise. Il en est l’un des pionniers et le dernier survivant de son époque.

Un brillant esprit

Sans état d’âme, il se met loyalement au service de son pays. Plusieurs fois ambassadeur dans différents pays africains et européens, délégué permanent du Cameroun auprès des Nations unies à New York, Ferdinand Leopold Oyono a fait entendre la voix du Cameroun du haut de plusieurs tribunes internationales. Le diplomate était servi en outre par sa maîtrise des belles lettres. N’est-il pas l’auteur de trois œuvres littéraires restées dans la postérité comme des classiques : Une vie de boy – Le vieux nègre et la médaille – Chemin d’Europe. Tous les trois publiées par la prestigieuse Maison Julliard, respectivement en 1955, 1956 et 1960. Il n’en fallait pas plus pour qu’il figure dans le panthéon des grands auteurs africains de langue française.

Son patriotisme se lit en filigrane dans ses différents écrits. Même si on peut lui coller une étiquette de « biyaïste », il faut lui faire justice en relevant qu’il a servi le Cameroun sous ses deux premiers présidents avec la même loyauté. Dans un Cameroun où les repères s’effacent comme le sillage d’une pirogue sur l’onde d’un cours d’eau tumultueux, Ferdinand Leopold Oyono devrait rester pour les générations actuelles et futures un modèle. Un modèle de patriotisme, de fidélité, de travail, un esthète, culturellement. Ceux qui l’ont approché ont beaucoup à dire sur ce grand homme. C’est une fierté nationale qui s’efface ainsi tout en laissant sa marque. Si le football a révélé au Cameroun et au monde un certain Albert Roger Milla, Ferdinand Leopold Oyono est ces pionniers qui ont bâti le Cameroun moderne. Celui du futur aussi. Car tant qu’existe la littérature, on étudiera les œuvres de ce grand et brillant esprit.

La nouvelle de sa mort a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Dans le sérail politique, le cercle diplomatique et les milieux culturels, d’aucuns ne voulant pas y croire. Sauf ceux qui ont assisté en direct à la chute de ce baobab. Baobab en raison de sa dimension culturelle, sa longévité au service de l’Etat et de la nation. Léopold Ferdinand Oyono a tout donné à son pays, se laissant user jusqu’à la corde. La sentence est biblique, il est vrai : « Tu mourras ». Mais Ferdinand Leopold Oyono s’est juste éclipsé. Il reste toutefois présent sur la scène à travers ses classiques dont le vieux nègre et la médaille qui lui colle à la peau. En s’écroulant ce 10 juin sur le perron du Palais de l’unité, l’homme est mort à la tâche, payant ainsi de sa fidélité à un ami et patron de longue date. On peut le dire, il a payé de sa fidélité à un homme. Malgré le poids de l’âge : 81 ans, l’usure physique, il répondait toujours présent à toutes les sollicitations de son illustre ami. Pour le président Paul Biya, le disparu n’était pas un proche collaborateur comme les autres. Il était son conseiller sans doute le plus écouté, peut-être même son confident. Son complice, pour parler familièrement.

Dans leur moment de détente les deux hommes étaient souvent ensemble. A jouer du « songo », ce jeu des peuples bantous qui est une école de stratégie. La stratégie, l’art de faire face à son destin, selon Peter Drucker. On peut même affirmer qu’« entre les deux, il n’y avait point d’état d’âme. Puisque même écarté du gouvernement (par trois fois au moins), Ferdinand Leopold Oyono se retrouvait aussi bien dans le dernier carré des proches que dans les délégations officielles conduites par Paul Biya à l’étranger. Pour autant, le chef de l’Etat n’ira pas aux obsèques officielles qu’il a décidées pour son ami. Selon le communiqué officiel du cabinet civil de la présidence, Paul Biya a fait la passe (actualité du Mondial oblige) à Amadou Ali pour l’y représenter. Une attitude diversement appréciée au-delà de toutes les analyses qu’on peut faire sur son cursus professionnel surtout, il faut retenir de Ferdinand Leopold Oyono qu’il était d’abord un patriote. Sorti de la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) française (section diplomatique), le jeune Ferdinand Leopold Oyono fait ses premiers pas de diplomate, d’abord comme chargé de mission au ministère français des Affaires étrangères, puis à l’Ambassade de France en Italie. A l’accession du Cameroun à l’indépendance, il plie bagages pour entrer dans le corps naissant de la diplomatie camerounaise. Il en est l’un des pionniers et le dernier survivant de son époque.

Un brillant esprit

Sans état d’âme, il se met loyalement au service de son pays. Plusieurs fois ambassadeur dans différents pays africains et européens, délégué permanent du Cameroun auprès des Nations unies à New York, Ferdinand Leopold Oyono a fait entendre la voix du Cameroun du haut de plusieurs tribunes internationales. Le diplomate était servi en outre par sa maîtrise des belles lettres. N’est-il pas l’auteur de trois œuvres littéraires restées dans la postérité comme des classiques : Une vie de boy – Le vieux nègre et la médaille – Chemin d’Europe. Tous les trois publiées par la prestigieuse Maison Julliard, respectivement en 1955, 1956 et 1960. Il n’en fallait pas plus pour qu’il figure dans le panthéon des grands auteurs africains de langue française.

Son patriotisme se lit en filigrane dans ses différents écrits. Même si on peut lui coller une étiquette de « biyaïste », il faut lui faire justice en relevant qu’il a servi le Cameroun sous ses deux premiers présidents avec la même loyauté. Dans un Cameroun où les repères s’effacent comme le sillage d’une pirogue sur l’onde d’un cours d’eau tumultueux, Ferdinand Leopold Oyono devrait rester pour les générations actuelles et futures un modèle. Un modèle de patriotisme, de fidélité, de travail, un esthète, culturellement. Ceux qui l’ont approché ont beaucoup à dire sur ce grand homme. C’est une fierté nationale qui s’efface ainsi tout en laissant sa marque. Si le football a révélé au Cameroun et au monde un certain Albert Roger Milla, Ferdinand Leopold Oyono est ces pionniers qui ont bâti le Cameroun moderne. Celui du futur aussi. Car tant qu’existe la littérature, on étudiera les œuvres de ce grand et brillant esprit.



24/06/2010
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