Nécrologie: Le dernier « dribble » de Dr. Théophile Abega Mbida

DOUALA - 16 NOV. 2012
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Par une feinte et un jeu de passe-passe déroutant dont lui seul en avait le secret, le ballon d’or africain de 1984, maire de la commune urbaine d’arrondissement de Yaoundé 4, désaxe ses plus proches collaborateurs et membres de la famille et meurt comme par « miracle » à l’hôpital Général de Yaoundé.


Theophile Abega
Photo: © Archives


Nécrologie: Le dernier «dribble» de Dr. Théophile Abega Mbida

Par une feinte et un jeu de passe-passe déroutant dont lui seul en avait le secret, le ballon d’or africain de 1984, maire de la commune urbaine d’arrondissement de Yaoundé 4, désaxe ses plus proches collaborateurs et membres de la famille et meurt comme par « miracle » à l’hôpital Général de Yaoundé.



« Je l’ai eu pourtant au téléphone à la première heure ce matin (hier, Ndlr) ; il m’a dit que ça allait bien et qu’il allait sortir ce jour de l’hôpital où, il est interné depuis vendredi dernier. J’ai du mal à comprendre que l’on m’informe une heure plus tard, qu’il est décédé ». La trentaine à peine entamée, la jeune dame que le reporter du Messager rencontre à l’entrée principale de l’hôpital de référence de Yaoundé, est inconsolable. Elle pleure à chaudes larmes. « Il y a quelques jours, il est revenu des Etats Unis d’Amérique, après un séjour d’environ deux semaines. Il a quelques instants après, commencé à présenter quelques signes de fatigue ; puis après, ses jambes ont commencé à enfler. Vendredi dernier, on l’a conduit à l’hôpital ; tout allait mieux et lui-même, ne se plaignait plus de ses douleurs. Il est difficile d’admettre que le maire soit parti à l’au-delà, aussi facilement » ajoute la dame avant de fondre une fois de plus en sanglot. De fil en aiguille, les curieux observateurs qui l’entourent apprennent de la voix enrouée et éplorée de la dame, qu’elle est l’épouse du défunt. Quelques minutes plus tard, la dame en peine, sort de l’ascenseur, accompagnée de deux agents en service à la commune urbaine d’arrondissement de Yaoundé IV. Ils tiennent en mains, les effets personnels, la literie et les différents accessoires ayant servi au défunt. Mais il faut aller en contre bas de l’hôpital, dans les services de la morgue, pour confirmer l’effectivité de la rupture.

Le cuir chevelu bien coiffé, la barbe bien rasée, , le légendaire footballeur de tous les temps, dont les prouesses ont séduit et éblouit, de nombreux fans du football, le légendaire footballeur de tous les temps, dont les prouesses ont séduit et éblouit, de nombreux fans du football, est couché sur un brancard. Sa dépouille est couverte de drap. Il donne l’impression d’être simplement endormi. Que non ! Dans ce couloir de la morgue, le maire de Yaoundé IV, est entre deux feux ; d’un côté, sa dépouille doit faire un tour dans l’appartement pour, des soins appropriés de sa dépouille ; de l’autre côté, il y a la chambre froide où, sa dépouille va entamer un séjour qui l’amènera jusqu’à la levée de corps. Les cris stridents qu’on entend de l’extérieur, indiquent à l’évidence que le milieu de terrain camerounais de tous les temps, anciennement capitaine de l’équipe nationale de football du Cameroun, ballon d’or africain de l’année 1984, après une conquérante coupe d’Afrique des nations bien réussie, a pris tous ses proches au dépourvu. Les membres de la famille, les conseillers municipaux et autres, n’y pigent que dalle. « On le connaissait bon dribbleur, joueur talentueux à la feinte et au jeu de rein déroutant. Balle au pied, il avait l’art de l’accélération et d’une précision dans la passe ; mais personne ne pouvait imaginer qu’il utiliserait ces stratégies de magicien de football, pour dérouter et déjouer tout le monde », explique un membre de sa famille.


Une mort étrange et brutale

A en croire les témoignages recueillis à la morgue de l’hôpital Général de Yaoundé, tous semblent s’accorder sur une mort suspecte ; teintée de surprise. « Il a reçu plusieurs membres de la famille, des amis politiques et sportifs hier. Il a à chacun donné un signe de réconfort ; par son assurance et l’humour qu’on lui connaît, il a minimisé son mal et ne présentait aucun signal d’au revoir. Qu’il en vienne à rendre l’âme au petit matin de ce jour alors que tout le monde a baissé la garde et qu’on savait qu’il était hors de danger, provoque une grande dose d’indignation » explique un de ses proches. Inconsolable, très affectée et abattue par la disparition brutale de son père, sa fille Mado, qui affirme avoir veillé jusqu’à tard dans la nuit avec son père, est presque sans voix. De son témoignage, apparait que le talentueux footballeur, à l’article de la mort, n’a pas pensé à la politique, à la mairie, ni aux batailles relatives aux prochaines échéances électorales. « Dans un humour qui ne le quitte jamais, il m’a dit : Mado, cesse d’être affligée ou de t’apitoyer sur mon sort. Tout va bien. Je suis capable de me lever et de taper habilement sur un ballon. On en a rit, mais je suis surprise d’apprendre que ce matin, il est mort » avoue-t-elle. Alors qu’il est interné à l’hôpital Général depuis vendredi, tout allait mieux d’autant que, le maire est allé à la messe dimanche.

« En temps réel, il serait sorti dans la journée de lundi ; mais on l’a gardé pour quelques jours de repos médical. Malheureusement, il nous a désaxés » explique un membre de son conseil municipal. Tout en saluant la mémoire de l’illustre disparu qu’il a connu et fréquenté, Simon Ndoungla, l’opérateur économique, chef d’entreprise, ami et confident pendant de longues années du maire décédé, célèbre l’engagement politique du maire, ses réalisations ; non sans indiquer que c’est une perte pour la jeunesse que le défunt mettait toujours au centre de ses préoccupations. « C’est une mort qui surprend tout le monde. On ne trouvera jamais assez des mots, pour illustrer les talents footballistiques et les réalisations du maire de la commune de Yaoundé IV » avoue Simon Ndoungla. Né le 19 juillet 1954, Dr. Théophile Abega, porté à la tête de la mairie depuis les dernières élections municipales de 2007, a été terrassé par une insuffisance cardiaque. L’homme qu’on avait vu faire ses premiers pas en politique, dans les années 1996, aux côtés des enfants terribles comme Emile Andzé Andzé, n’a pas su dribler, ni feinter la mort qui l’a eu par lâcheté et par surprise. Le dernier match, le plus capital de Théophile Abega Mbida a tourné à son désavantage. Ô mort, où est donc ta victoire ?

Souley ONOHIOLO



Carnet noir: Le « Docteur » du ballon rond raccroche ses crampons

Le Cameroun est en deuil. La grande famille du football africain vient de perdre l’un de ses milieux de terrain les plus célèbres de l’histoire. Théophile Abéga faisait partie de l'équipe qui avait remporté la première Coupe d'Afrique des nations du Cameroun, en 1984.

Attention, phénomène ! Sa moindre touche de balle était un régal. Ses dribbles à l’aveugle et ses feintes, un spectacle. Sa technique et son gros volume de jeu, l’objet de l’euphorie du public qui n’avait d’yeux que pour ce footballeur hors du commun. Du haut de son mètre 80 et dissimulé derrière ses faux airs de gringalets, Théophile Abéga était un vrai rapace. Un artiste comme on n’en trouve plus dans nos championnats d’élite. C’est pourquoi l’annonce de son décès hier a provoqué une onde de choc dans le microcosme du football camerounais. C’est que dans le « Onze camerounais », l’homme avait su imprimer sa marque de fabrique à telle enseigne qu’une rencontre des Lions Indomptables sans Théophile Abéga était comme une sauce sans piment. « Docteur » (en référence à son oncle infirmier) comme on l’appelait affectueusement, restera à jamais dans la mémoire collective camerounaise comme l’homme de la Coupe d’Afrique des nations 1984 en Côte d’Ivoire où le Cameroun a écrit la première ligne de son palmarès.

C’était le 18 mars 1984 au stade Félix Houphouët Boigny d’Abidjan lors de la finale de la 14e édition de la Can mettant aux prises le Cameroun au Nigeria. Les deux formations rivalisent d’efforts, mais le métier et la classe des Lions Indomptables auront raison de l’enthousiasme des Green Eagles (3-1). Mené dès la 10e minute, Milla, N'Djeya (32'), Ebongué (84'), Kundé, mais surtout le capitaine Théophile Abega (79'), maître à jouer de la sélection camerounaise, parviennent à renverser une rencontre qui semblait pourtant compromise. Ce fut le plus grand exploit du tournoi et certainement le meilleur souvenir que conserva Abega d'une longue carrière qui commença à Yaoundé.


Métronome

Né le 9 juillet 1954 à Nkomo, dans une banlieue de Yaoundé « Docteur » est très vite repéré par les recruteurs du Canon de Yaoundé qui voient en lui un véritable leader. Ils ne s’y trompèrent pas d’ailleurs, le môme devient plus tard le capitaine et métronome de la sélection nationale du Cameroun. « A l’époque j’étais au surveillant général au lycée Leclerc. Je l’ai recruté dans l’équipe du lycée et quelques semaines plus tard, il a été retenu dans l’équipe type du Kpakum », se souvient Emmanuel Mvé Elemva, ancien Lion Indomptable. Son aptitude au jeu des deux pieds, sa conservation du ballon et sa combattivité faisaient des siennes. Résultat : il contribue largement au succès du Canon qui remporte le championnat national à trois reprises. Le talent du jeune footballeur et son audace dans le jeu offensif font de lui un élément incontournable dans le système de jeu du Kpakum. Suffisant pour intégrer l’équipe nationale fanion et faire partie de la cuvée des Lions Indomptables qui terminèrent invaincus la Coupe du monde 1982 en Espagne. Mais pour cette expédition ibérique le meneur de jeu n’avait pas vraiment exprimé son talent, tout comme à la Can 1982 où les Lions déçurent, il fallait attendre la Can suivante pour voir Docteur et ses coéquipiers sortir le grand art afin de redorer leur blason.

Élu meilleur joueur africain en 1984, Théophile Abega est lancé dans le grand bain, la cour des grands, accueilli en France notamment à Toulouse comme un Dieu avant d’être écarté l’année d’après. Les ennuis de santé et des difficultés d’adaptation, apprend-on, sont à l’origine de cet échec. Sa personnalité et sa fierté l’oblige à accepter une autre offre dans l’Hexagone. C’est à Vevey, commune suisse du canton de Vaud située sur la rive nord du lac Léman, qu’il pose alors ses valises. Là encore, le dépaysement lui fait des misères, les rigueurs de l’hiver, une crise interne au club et une opération au genou sont autant de raisons qui le poussent à rompre définitivement avec l’exil en 1987, rejoignant Yaoundé, avec sa famille où il est au service du Canon, son club formateur et l’équipe nationale du Cameroun.

A la retraite sportive en 1989, Abéga n’est pas mort puisque son personnage et son charisme sont aussi vendeure que son jeu. Président du conseil d’administration du Kpakum, l’homme est élu maire de la Commune de Yaoundé IV en 2007, président de la section du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) pour le même arrondissement et chef traditionnel. Submergé, la légende camerounaise démissionne du club. Motif ? Les fans des Mekok Me Ngonda évoquent la gestion opaque du président et son overdose de rigueur, objet des frustrations de certains de ses collaborateurs. Mais certains vont le regretter puisque après son départ, les querelles intestines et les guerres de leadership vont élire domicile dans le Canon. Pourtant sous sa présidence, le club mythique de la ville aux sept collines aura remporté trois coupes du Cameroun avant sa passation à un bureau de transition. Mais il se fait déjà tard pour les remords. Monsieur le maire ne va pas pour autant abandonner le football. La preuve : il est le parrain d’un championnat de vacances qui porte son nom. Objectif, « promouvoir des valeurs au sein de la jeunesse pour les aider à éviter des fléaux comme les Mst, le Sida, le grand banditisme, la délinquance juvénile, etc. » Malheureusement, la mort a eu raison de ses feintes et de son immense talent. Salut l’artiste !

Christian TCHAPMI


Ce qu’ils gardent de Théophile Abega


Emmanuel Mvé Elemva: « Que son brillant parcours serve d’exemple à la jeunesse »

Ce décès tragique m’attriste et me touche au plus profond de moi-même parce que c’est non seulement l’un des monuments du football camerounais qui s’en va mais surtout un grand ami qui me quitte. C’est assurément l’un des footballeurs les plus doués de sa génération. Je me souviens lorsque j’étais encore surveillant général au lycée Leclerc de Yaoundé. Je l’ai remarqué et je l’ai recruté dans notre effectif et quelques temps après il a rejoint les rangs du Canon où il a été irréprochable. Il a tellement apporté à cette équipe qu’il est aujourd’hui difficile de le décrire. Que dire de la Coupe d’Afrique des nations C’est une grosse perte pour le football camerounais et même pour la famille du Canon qu’il a servi jusqu’aux dernières heures de sa vie. Je le lui disais parfois. Il a suivi mes traces puisque il a été capitaine du Canon de Yaoundé, je l’ai été, il a été capitaine des Lions indomptables comme moi, président du Conseil d’administration du Kpakum, président de section et membre du comité central du Rdpc comme moi. Vous voyez donc la similitude. Que son brillant parcours serve d’exemple à la jeunesse. Nous allons le pleurer toute notre vie et je profite pour adresser mes sincères condoléances à sa famille si durement éprouvé.



Jules Nyongha, entraîneur de football: «Le Cameroun a perdu l’un de ses illustres fils»

Que vais-je dire qui puisse combler le vide qu’il laisse ? J’ai fait sa connaissance depuis le petit séminaire. (…) Depuis son adolescence jusqu’à son décès, il est resté le même : un grand footballeur, un travailleur, un homme consciencieux, un bon meneur d’hommes. Il a roulé sa bosse comme on dit souvent. De footballeur et capitaine talentueux il est devenu président de club et ensuite maire de commune. C’est le parcours d’un battant, un homme qui a su faire de sa vie une école d’apprentissage sans relâche. Aujourd’hui (hier Ndl) tous ceux qui m’appellent m’adresse des condoléances puisqu’ils savent que le départ tragique d’Abéga c’est une grosse perte pour les anciens footballeurs, techniciens que nous sommes. L’annonce de son décès m’a complètement bouleversé. Je suis vraiment dépassé. Le Cameroun vient de perdre l’un de ses illustres fils. Un vrai combattant.



Pierre Njili Ndengue, ancien coach du Canon de Yaoundé: «Il laisse un grand vide qu’on ne saurait combler»

C’est une triste nouvelle qui afflige tout le mouvement sportif camerounais et plus particulièrement le Canon sportif de Yaoundé qu’il a chéri toute sa vie. Personnellement, c’est un choc pour moi puisque j’ai travaillé sous son aile de 1998 à 2003, du moment où il était encore président du conseil d’administration du Canon. Je garde de lui le souvenir d’un homme rigoureux, qui aimait le travail bien fait et refusait le découragement. C’est l’une des grandes figures du Kpakum et du football camerounais en général. Tous ceux qui l’ont côtoyé vous le diront. Le Canon a été pour lui l’un de ses chevaux de bataille. Il a œuvré, batailler dur et prier pour que cette équipe mythique reste un exemple dans l’univers footballistique au Cameroun et au-delà. Notre collaboration a été pour beaucoup de points bénéfiques. Après plusieurs années de travail de dur labeur, ça fait beaucoup de peine de perdre quelqu’un d’une aussi grande valeur. C’est un grand vide qu’on ne saurait combler. Nous n’avons que nos larmes pour le pleurer et adresser à sa famille toutes nos condoléances.



Carl Enow Ngachu, coach de l’équipe nationale féminine de football: «C’était un fin politicien»

C’est une nouvelle troublante, un choc pour la famille du football camerounais. Pour moi, c’est une grosse perte. C’est comme si je venais de perdre mon père. Théophile Abéga a longtemps œuvré pour le relèvement du football camerounais en Afrique et même au-delà. Nous les jeunes qui l’avons connu comme capitaine du Canon, des Lions Indomptables et ensuite dirigeant de club, nous pensons que c’est le parfait exemple d’un leader, d’un homme persévérant qui avait toujours soif de connaître. J’ai eu la chance de le côtoyer et de lui, j’en ai beaucoup appris. C’était un footballeur exceptionnel, un homme d’une grande culture et surtout un fin politicien. Il a montré à travers sa reconversion qu’après le football on peut faire autre chose ; et c’est justement cette aptitude là que nous gardons comme exemple. Il nous va beaucoup nous manquer. Nous prions pour que son âme repose en paix.



Guy Bertin Nsigue, journaliste sportif: «Son rêve c’était de voir les Lions Indomptables rugir à nouveau»

C’est une nouvelle qui me bouleverse particulièrement. Pour l’avoir connu, côtoyé et travailler avec lui du temps où il était président de Canon, je garde de lui l’image d’un homme rigoureux, affable et très attaché aux valeurs de ceux qui l’entouraient. Je me souviens qu’après des séances d’entraînement du Canon au stade Malien de Nkoléwé, il prenait encore plus d’une heure de son temps pour expliquer aux supporters ce qu’il entend faire de cette équipe qu’il portait fièrement dans son cœur. Un président de club qui dévoile sa feuille de route aux fans c’était du jamais vu. Et cette image là m’a beaucoup marqué. La dernière fois où je l’ai interviewé c’était à la veille du match Cameroun/Cap-Vert comptant pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2013. Il venait de rendre visite aux Lions à qui il a expliqué son désir de revoir cette équipe retrouver son lustre d’antan. Il parlait avec une telle détermination qu’on aurait jamais cru qu’il partirait un mois plus tard.

Il nous confiait qu’après le voyage qu’il devait effectuer aux Etats-Unis, il reviendrait remettre de l’ordre dans la tanière, faire en sorte que le football camerounais revienne aux anciennes gloires. En fait, son rêve c’était de voir l’équipe des Lions Indomptables rugir à nouveau, redevenir conquérante et invincible mais aussi revoir le Canon de Yaoundé, à qui il a tout donné, transcender les querelles et les guerres intestines pour redevenir le Kpakum qu’il a vu évoluer.

Propos recueillis par C.T.



Post scriptum: Le dernier match de Théophile Abéga

C’était le 11 octobre 2012. Soit trois jours avant la confrontation Cameroun-Cap-Vert comptant pour la dernière phase des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations (Can). Docteur, qu’accompagnaient Roger Milla, Joseph Antoine Bell, Eugène Ekeke, Emmanuel Kunde, Thomas Libih, Victor Ndip et Bonaventure Djonkep, tous des anciens Lions de la cuvée 90, est allé à la rencontre de la génération Eto'o qui préparait un match crucial. Il était question pour ces vieilles gloires de stimuler l'esprit Lions aux poulains de Jean-Paul Akono. Pendant environ une heure d'horloge, Samuel Eto'o et ses coéquipiers ont prêté une oreille attentive au discours de ces aînés venus pour l'union sacrée dans la tanière. Ces anciennes stars de l'équipe nationale du Cameroun ont pris la parole à tour de rôle et chacun y allait de son petit mot. Théophile Abéga dont on connaît le franc-parler a tenu le discours ci-dessous:

« Nous constatons qu’il y a beaucoup d’anciens, mais aussi quelques jeunes que nous découvrons avec plaisir et nous pensons que ces jeunes vont être intégrés au même titre que les anciens. Au risque de nous répéter, je voudrais également vous dire que nous sommes là pour vous apporter notre caution morale, pour vous encourager, pour vous donner notre bénédiction relativement au match qui va se jouer dimanche (Ndlr le 14 octobre 2012). Là dehors, ça commence à bouillonner. Tous s’interroge : Est ce que les Lions sont encore les lions ? Est-ce qu’ils peuvent encore faire l’affaire ? Voilà les questions qui se posent. Et nous autres qui sont dehors et qui sont considérés un peu comme des experts que l’on consulte de temps en temps, nous avons beaucoup de peine à répondre à auxdites questions. Mais intérieurement, nous disons qu’il y a quand même des atouts. Nous avons un début. Nous avons des joueurs pétris d’expérience du haut niveau. Nous avons des jeunes talentueux qui arrivent et nous pensons que le Cameroun c’est quand même le Cameroun !

Nous allons jouer contre le Cap-Vert. Vraiment, mes chers petits frères, j’ai de la peine aujourd’hui, c’est vrai qu’on dit qu’il y a un nivellement de valeurs, mais je ne sais pas si c’est par le haut ou par le bas. Mais que le Cap Vert aujourd’hui inquiète le Cameroun, sincèrement ça me fait mal. Je sais que vous avez du talent. Mais ce qui vous manque un peu, c’est cette fierté. Cet orgueil camerounais de dire que, je n’accepte pas, je refuse, je ne veux pas de cela. C’est ça qui fait un peu défaut à l’équipe aujourd’hui. Il y a certes quelques problèmes dans la tanière. Mais, je peux vous dire que nous qui sommes ici, nous avons aussi connu les problèmes comme vous les connaissez aujourd’hui.

Ces problèmes, les autres qui vont arriver après vous vont également les connaître. Ce n’est pas la première fois et vous ne devez pas avoir honte des problèmes que vous avez. Et il n’est pas interdit à un grand homme de tomber. Mais ce qui est caractéristique d’un grand homme, c’est de savoir se relever. Maintenant qu’on dit que vous avez glissé, peut être que vous êtes tombés. Maintenant pour prouver que vous êtes grands, il faut donc vous relever et je sais que vous êtes tous capables de le faire. Quand je regarde ici, je connais le talent et le potentiel de la plupart d’entre vous. Je me dis qu’on peut et on doit, on doit le faire. Ce n’est pas le Cap-Vert, mes frères ! Ce n’est pas le Cap-Vert ! Je peux vous dire que, nous, quant on jouait, on sortait du bar, on allait et on donnait six. Vous allez me dire que c’est une autre époque. Mais les époques se suivent et se ressemblent quelque peu. Eux-mêmes dans leur for intérieur, malgré cette façade où ils disent qu’ils sont forts, ils vont nous gagner ici, mais ils se disent à l’intérieur qu’attention, c’est quand même le Cameroun !

Ils viennent donc avec une certaine peur. Vous devez donc démontrer que vous êtes plus forts, ça a été un faux pas à Praia et qu’au Cameroun, à Yaoundé, c’est à Yaoundé. Ça va se jouer ici et au sol. Donc, c’est un peu ce que je voulais vous dire particulièrement pour que vous ayez cet orgueil camerounais, cette fierté camerounaise, qui veut que vous refusiez la défaite. Que vous la refusiez en vers et contre tout, et qu’on se qualifie dimanche. Ça fait longtemps que le peuple camerounais est sevré de victoires. Je pense qu’il est temps, plus que jamais temps de redonner confiance à notre peuple. Moi, je suis un modeste homme politique. Je suis maire d’une petite commune d’arrondissement ici (Ndlr maire de la commune de Yaoundé IV). Je peux vous dire que vos résultats influent sur les performances que nous avons au niveau de nos communes. Les populations ne veulent plus tellement travailler parce que les Lions ne gagnent plus. Quand les Lions gagnent, le lendemain tout le monde est présent au bureau. Tout le monde travaille. Tout le monde donne le rendement et le résultat suit ».
C.T avec afcamerounais.org



16/11/2012
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