Mutisme. Ces accusations non élucidées par Paul Biya

Mutisme. Ces accusations non élucidées par Paul Biya
Albatros, financement des cercles culturels en Europe, communicants payés à prix d’or et vente par anticipation du pétrole de la Snh sont des accusations souvent portées à l’encontre du chef de l’Etat. Info ou intox ? Le président, lui, brille par son silence.

Le Messager

Paul Biya

Albatros, financement des cercles culturels en Europe, communicants payés à prix d’or et vente par anticipation du pétrole de la Snh sont des accusations souvent portées à l’encontre du chef de l’Etat. Info ou intox ? Le président, lui, brille par son silence.

Jean Marie Atangana Mebara est un des présumés innocent de l’affaire Albatros, du nom de baptême de l’avion pressenti à l’achat pour les déplacements du président de la République. Dans une correspondance adressée au secrétaire général des services du Premier ministre le 29 janvier 2003, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République évoque l’audit des contrats de leasing de l’aéronef Camair. La correspondance indique que «Le chef de l’Etat a ordonné la réalisation rapide d’un audit sur les contrats de leasing d’aéronefs  par la Camair.»

Ladite correspondance indique également que le ministre des Transports, à l’époque des faits, «a été instruit d’engager un cabinet d’expertise notamment Aircraft portfolio management (Apm) de Londres.» Outre la précision sur la provenance des fonds alloués à cette opération qui sont imputées « à la rubrique des interventions de l’Etat», l’ancien secrétaire général de la présidence de la République note à l’endroit de ses collègues que la procédure engagée nécessite, de leur part, de donner une information permanente à «Monsieur le président de la République». Des affirmations reprises par Marafa Hamidou Yaya, autre ancien secrétaire général de la présidence de la République et ex-ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation. Cet ancien haut cadre de l’administration relève que, dans ses correspondances, que  le chef de l’Etat a été régulièrement informé de la procédure d’acquisition de l’aéronef à polémique.

Communications et dons en milliards

Face au juge d’instruction de Grenoble, en France, Raymond Bernard, ancien secrétaire général de l’Ancien et mystique ordre de la Rose-croix (Amorc), soupçonné par la Justice française pour les mouvements de fonds «suspects» dans son compte avouera avoir bénéficié des largesses du chef de l’Etat camerounais. Raymond Bernard reconnaîtra alors avoir reçu 265 millions Fcfa, le 2 mars 1990. Une somme virée par la Société nationale des hydrocarbures (Snh).

Deux ans plus tard, soutient la même source, le chef de l’Etat fera virer 250 millions, en deux tranches, par le même biais, au profit de l’Amorc. Face aux enquêteurs français, le Sg de l’Amorc dit aussi avoir vendu un tableau à une somme estimée à un peu plus de 250 millions tandis que son association, le Centre internationale de recherches culturelles et scientifiques (Circes) recevait un don de 4 milliards Fcfa. Un autre don que le patron de la Rose-croix attribue à Paul Biya. Des transactions similaires seront signalées au profit de quelque cabinet américain qui encaisse pas moins de deux milliards Fcfa «ces experts ont eu pour mission de promouvoir la cause du Cameroun auprès du congrès, de la banque mondiale, du fonds monétaire international et de l’Opic.» comme le relève Les cahiers de Mutations dans leur livraison de mai 2009. Le même média souligne que d’importantes sommes seront également versées à des médias étrangers, sur ordre du président de la République.

C’est en milliards Fcfa que sont évoquées les campagnes de communication du chef de l’Etat dans les médias internationaux. Dans ce registre des noms reviennent souvent. Des sources proches de Claude Marti communication (Cmc), à Paris évoquent la somme de 2 milliards Fcfa versés par Paul Biya, «pour polir l’image du chef de l’Etat à l’extérieur». Des cachets similaires seront versés à Jacques Séguela et Patricia Balme. Le premier sera chargé de la communication de Paul Biya lors de la présidentielle de 1992.

Avec quelque succès. Son concept de «L’homme lion» reste encore dans les esprits. Des sources internes à son agence, Euro Rscg, évoquera un montant avoisinant la centaine de millions, pour sa trouvaille.  Patricia Balme, en activité est créditée de centaines de millions pour des prestations similaires au bénéfice du chef de l’Etat camerounais. Tout comme Jeune Afrique, version Blaise Pascal Talla mais aussi Béchir Ben Yahmed bénéficieront de quelques «largesses» du chef de l’Etat camerounais, comme le relèvent des sources proches de la présidence de la République.

Société nationale des hydrocarbures

Le propos «historique» de Jean Assoumou Mvé, ancien directeur général de la Société nationale des hydrocarbures cache en fait un passage problématique de cette entreprise. Dans la perspective de la campagne électorale de 1992, le candidat et président sortant est confronté à un problème de financement.  C’est dans cette optique que le président habilite le directeur général de la Snh et le ministre du Développement économique et commercial à signer au nom du Cameroun les documents relatifs au «contrat de crédit avec paiement par anticipation sur la vente de pétrole».

Le document désigne, dans la foulée, J Aron et compagnie, et la Citicorps investment bank limited comme principaux partenaires dans cette transaction. Si l’on sait que l’opération consiste à «vendre le pétrole camerounais par anticipation», l’on reste peu disert sur les sommes générées. Le directeur général de la Snh de l’époque précisera à l’endroit des Camerounais qu’il ne rend compte qu’au chef de l’Etat.

Dans la même période, une enquête publiée dans Les Cahiers de Mutations fait état  d’un prêt de 27 milliards contracté par Paul Biya auprès de la multinationale Elf. La somme reversée à la Snh transite par un paradis fiscal. Des sources généralement au fait citent le Paraday installé dans les îles vierges. Partenaire dans cette opération, Christine Deviers-Joncours, traquée par la Justice française révèle avoir perçu, avec son partenaire Alfred Sirven 7 milliards et demi de cette opération. La presse française en son temps fera étalage d’importantes fuites d’argent du pétrole camerounais. Des accusations auxquelles le principal «interpellé» n’a jamais donné de réponses.  

Joseph OLINGA




07/06/2012
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