Mutilations génitales féminines: 30 millions de filles encore menacées par l’excision

DOUALA - 23 JUIL. 2013
© Nadège Christelle BOWA | Le Messager

Selon l’Unicef qui donne l’alerte, cette pratique est toujours d’actualité dans certains pays dont le Cameroun, malgré le fait que la majorité de la population s’oppose à ces pratiques néfastes.

Le fait est décrié par l’Unicef dans son rapport sur les « Mutilations génitales féminines/excision : aperçu statistique et étude de la dynamique des changements », rendu public ce 22 juillet 2013. Le document présente la compilation la plus complète à ce jour de données et d’analyses sur le sujet. En effet, soutient cette organisation du système des Nations Unies, plus de 125 millions de femmes et de filles en vie aujourd’hui ont subi des mutilations génitales féminines/excision (Mgf/E) et 30 millions de filles risquent encore l’excision au cours de la prochaine décennie. Alors même que la majorité de la population des pays où se concentrent ces pratiques néfastes s’y oppose. Pour parvenir à cette conclusion, des enquêtes ont été menées dans les 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient où les Mgf/E perdurent. Les résultats montrent que les filles risquent moins l’excision qu’il y a 30 ans et que l’adhésion à cette pratique décline, même dans les pays où elle reste quasi universelle, comme l’Égypte et le Soudan.

Cependant, bien que le soutien aux Mgf/E faiblisse, des millions de filles courent encore un danger considérable. Le rapport montre en effet l’écart qui existe entre l’opinion personnelle des gens à propos des Mgf/E et un sentiment d’obligation sociale solidement enraciné qui explique pourquoi cette pratique perdure, d’autant plus qu’il reste difficile d’aborder ouvertement cette question intime et sensible. Pour la Directrice générale adjointe de l’Unicef, Geeta Rao Gupta, dont les Mgf/E constituent une violation du droit des filles à la santé, au bien-être et à l’autodétermination, il ressort du rapport « qu’il ne suffit pas de légiférer. Ce qu’il faut à présent, c’est laisser les femmes et les filles, les hommes et les garçons, s’exprimer avec force et clarté pour annoncer qu’ils souhaitent l’abandon de cette pratique néfaste. »

Comme recommandation, le rapport préconise de soumettre ces pratiques à un regard plus critique, afin de contrer l’idée fausse selon laquelle « tout le monde » les approuve. Il insiste aussi sur le rôle que l’éducation peut jouer dans l’évolution des normes sociales. Car, un niveau d’instruction plus élevé chez les mères correspond à un risque moindre d’excision chez les filles. Il observe aussi que lorsque les filles sont à l’école, elles peuvent s’associer à des personnes qui s’opposent elles-aussi aux Mgf/E. pour éliminer ces pratiques, quelques mesures dites cruciales sont proposées. Il s’agit entre autres : de tenir compte des traditions culturelles locales plutôt que s’y opposer et reconnaître que les attitudes envers les Mgf/E varient selon les groupes à l’intérieur et au-delà des frontières nationales ; chercher à modifier les attitudes individuelles envers les Mgf/E tout en intégrant les attentes profondément enracinées des by Savings Wave">groupes sociaux plus larges, etc.

Nadège Christelle BOWA


Focal: Pays concernés par les risques

Les enquêtes ont été réalisées dans les 29 pays que sont: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Iraq, Kenya, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Ouganda, République centrafricaine, République-Unie de Tanzanie, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tchad, Togo et Yémen.


23/07/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres