Mobilisation: Les victimes des faillîtes bancaires prennent leur destin en main

DOUALA - 07 Février 2012
© Blaise-Pascal DASSIÉ | Le Messager

Regroupées au sein d'un syndicat, elles veulent se mobiliser, dans la paix et dans l'ordre, pour solliciter et obtenir le remboursement de leurs dépôts que les banques et établissements de micro finance ont engloutis dans leurs faillites, depuis celle de la Biao il y a une vingtaine d'années.

Jusqu'à la fin des années 80, le système bancaire camerounais était caractérisé par la prédominance des banques à capitaux publics (B.C.D, Cambank...), une politique monétaire interventionniste, et surtout le non-respect des normes prudentielles. La conséquence immédiate de cette situation fut le manque de transparence dans la gestion et l'octroi des crédits, les services financiers de mauvaise qualité et l'accumulation des actifs non performants. A titre d'exemple, les crédits octroyés et non remboursés étaient évalués en 1980 à plus de 5.6 milliards de FCFA et de près de 38 milliards en 1990. «Cette situation, argumente un expert financier, s'explique par une distribution incontrôlée des crédits pour des projets fictifs ou fantaisistes, sans études sérieuses capables de mesurer le degré d'élasticité de l'investissement par rapport aux taux d'intérêts bancaires».

Par ailleurs, «la politique dirigiste et hasardeuse de la Beac» a conduit à la dégradation de la zone d'émission du CFA, l'expansion rapide du crédit intérieur et la défaillance des mécanismes de gestion monétaire. Par conséquent, le compte d'opération qui jusque-là était créditeur (305,8 milliards) est devenu débiteur (58 milliards) à partir de novembre 1987. Le taux de couverture du FCFA est passé de 63% à 13 % alors que les statuts de la Béac imposaient un minimum de 20 %. Dès lors s'enchaîna la faillite des banques: Bcd, Scb, Paribascam, First investment Bank, Biao, Crédit Agricole du Cameroun, Cambank, Bmbc...Les pertes dues à l'ensemble du secteur bancaire se chiffraient à 53 milliards en 1990. Une grave crise de confiance s'installa alors entre les clients et les banques.

Au jour d'aujourd'hui, avec la fermeture récente de la compagnie financière de l'Estuaire (Cofinest), le nombre de victimes de ces faillites bancaires a augmenté. A l'occasion de la première assemblée régionale de la mutuelle interafricaine des consommateurs des biens et services (Miacbis), association à vocation purement humanitaire qui a pour but «d'alléger les charges matérielles qui pèsent sur l'homme, afin de permettre à ce dernier de dégager plus de temps à consacrer librement à ses activités culturelles et ses loisirs», la centaine de victimes des faillites bancaires ont affirmé leur détermination d'entreprendre des actions ,dans la paix et dans l'ordre, pour solliciter et obtenir le remboursement de leurs dépôts que les banques et établissements de micro finance ont engloutis dans leurs faillites. «Notre action, pour le moment et je crois en cela, traduit parfaitement la préoccupation de tous, se limitera à gérer essentiellement ces faillites bancaires pour que chacun rentre dans ses droits. J'ai les fermes assurances que nos réclamations déboucheront sur une suite favorable pour tous et pour chacun dès lors qu'elles sont justes et légales: la loi n'a pas prévu de faillite en matière de dépôts d'argent auprès des établissements de crédit et ils doivent être intégralement restitués», a soutenu Pierre Noukam, le président du conseil d'administration lors desdites assises du 4 février 2012. Lesquelles se sont tenues un jour qui, selon lui, s'est enclenché le processus qui aura conduit à l'élimination pure et simple de la classe de ceux qui depuis des siècles sont appelés actionnaires dans les banques, mais qui, plaçant le profit et leur intérêt personnel au dessus de l'intérêt général, n'ont cessé de multiplier au fil des siècles des actes de cupidité préjudiciables à la société tout entière et conduisant le monde capitaliste au désastre actuel.

Le bureau régional mis sur pied à l'issue des travaux de l'assemblée régionale pour le littoral de la Miacbis a du pain sur la planche. Elle qui se devra par ailleurs d'envisager toutes mesures ou actions tendant à protéger et à améliorer les conditions de vie de ses membres.




07/02/2012
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