Missions fictives : L’autre bras armé des détournements

Mercredi, 23 Juin 2010 17:20 Dominique Ndocki

Des fonctionnaires s’enrichissent illicitement grâce à ce stratagème mis en place sur le dos de l’Etat qui perd des milliards chaque année.La chèvre broute là où elle est attachée. Le fonctionnaire fait autant dans les ministères où il est sensé servir. Il passe le clair de son temps à chercher à brouter autour lui. Servir et non se servir devient par conséquent un slogan creux pour ce dernier. Dans les ministères et autres services publics, il n’y a pas plus facile à brouter que les frais de mission qui sont très souvent pour la plupart des cas plus fictives qu’effectives. D’où le branle bas autour de ce sésame.

 

 

Les gens sont prêts à tout pour entrer en possession d’une feuille de mission. Le système favorise cet état de choses.

 

Dans les ministères, le schéma de ces missions fictives est très simple. Au début de chaque trimestre, les gestionnaires de lignes qui partent souvent du secrétariat général affecte les quotas aux différentes directions et sous directions et services qui sont sous sa tutelle pour l’exécution des différentes missions qui doivent être effectuées à leur niveau. Ceux-ci font une gestion libre de ces quotas qui ne sont pas de l’argent liquide. Mais des feuilles qui donnent droit à de l’argent à percevoir au niveau des finances.

 

Pour maximiser les gains, ils inventent les déplacements à travers les feuilles de missions qui remontent au niveau du secrétariat général pour signature et approbation. Etant un circuit bien huilé, ces dernières passent comme une lettre à la poste. Puisqu’à partir des quotas, les choses sont faites de telle manière que tout le monde trouve son compte. En fin de compte, la mission n’est pas effectuée, mais l’argent empoché.

 

Laxisme

Ces feuilles de mission sont partagées aux différentes parties prenantes qui composent le service. Souvent les amis qui sont dans d’autres ministères sont appelés au partage du gâteau. Ils sont utilisés par de hauts responsables pour entretenir leur cour. Toutes les maîtresses des fonctionnaires ou contractuels sont invitées au festin. La seule exigence pour en bénéficier étant d’avoir un matricule à la fonction publique. Encore que les temporaires se font payer par l’intermédiaire de ceux qui ont des matricules contre un certain pourcentage. Les choses se passent à cause du laxisme. Les responsables chargés de s’assurer de l’effectivité de la mission à travers les comptes rendus sont eux-mêmes dans le réseau et font, non seulement la même chose,  et sont ceux là qui distribuent ces missions fictives.

 

L’Etat perd beaucoup d’argent dans cette affaire. L’on ne peut pas efficacement évaluer. Mais une chose est sûre, c’est dans l’ordre des milliards. A titre d’illustration, les fonctionnaires de catégorie A bénéficient de l’ordre de 40 mille la journée. Imaginez combien une semaine de mission fictive peut coûter à l’Etat. Ses agents par contre ont 10 mille, les cadres contractuels touchent 25 mille par jour. « Qu’est-ce-que vous voulez ? Les feuilles de mission fictives ou pas sont les rares avantages que nous avons. De toutes les façons, si nous n’épuisons pas nos quotas, d’autres vont en profiter. L’argent qui sort n’entre plus. » Ces paroles d’un chef de service au ministère du Tourisme traduisent l’intérêt que les détenteurs de matricule accordent aux feuilles de mission. Ce pactole les aide à s’enrichir au détriment du développement de leur pays et de l’intérêt général.

 

Dominique Ndocki

DIKALO



25/06/2010
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