Mila ASSOUTE : « Le cameroun a besoin d’un leadership enthousiaste et courageux »

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L’évocation de son nom réveille quelques réminiscences sur l’évolution sulfureuse du Rdpc - le parti au pouvoir. Chef traditionnel dans l’arrondissement de Santchou dans la Menoua, cadre incontesté du parti dont il était par ailleurs un membre titulaire du Comité central, Pierre Mila Assouté n’en était pas moins perçu comme un activiste récalcitrant. Pour cause, sa volonté d’animer une aile progressiste au sein de l’appareil politique, à laquelle il avait réussi à fédérer bon nombre de ses camarades, lui vaudra des flèches de la direction du parti. Conséquence, il créa le Mdmc - Mouvement démocratique pour la modernité du Cameroun Ce qui de facto le positionnait comme un opposant au régime de Yaoundé. C’est cette posture qu’il arbore depuis lors, après le rejet de sa candidature à la présidentielle de 2004, et son « empêchement » à se présenter au même scrutin en 2011. Refugié politique en France depuis 2005, il continue son combat politique loin de sa patrie, mais ferait l’objet ces derniers temps d’une convoitise de la part de ses camarades d’hier. Si l’on est loin d’un retour en grâce, les rencontres entre certains pontes du régime de Yaoundé et lui, constituent à n’en point douter un fait marquant de l’actualité politique camerounaise. C’est à la faveur de cette actualité que notre rédaction l’a sollicité, et il a accepté de répondre aux préoccupations de l’heure sur le Cameroun, sans détour.

 

Vous êtes en France depuis près de 10 ans déjà, arborant le statut de refugié politique. Comment se passe votre nouvelle vie d’exilé dans votre pays d’accueil ?
Une vie d'exil n'est toujours qu'une vie de douleurs, faite de hauts et de bas... Mais pour l'instant, j’ai l'essentiel : ma vie, ma santé, mes idées, mes convictions et je gère mon allié, le temps... ! J’essaye de m'épanouir au mieux pour oublier mes peines... Je me suis instruis davantage pendant mon exil tant sur le plan intellectuel où j'ai pu accéder au grade académique de professeur honoraire des universités, que sur le plan de la vie, du rapport humain à la politique... Je voyage, je fais des affaires, certaines marchent, d'autres pas... Ma vie est donc riche de souffrances intérieures et d'exaltation, d'espoir pour l'avenir, mue de patriotisme et peut-être comme toutes les vies d'exception, j'assume déjà la mienne la où je me trouve. Je suis en exil par contrainte pour ma sécurité, et non par exil volontaire comme j'entends affirmer à Yaoundé .... J'accepte mes souffrances pour mon pays que j'adore et bien sûr qui me manque souvent beaucoup... Je pense aux miens qui sont loin de moi et aux militants et militantes du Rdmc, à mes très nombreux sympathisants muselés à l'intérieur du pays, et tout cela me rend parfois triste. Mon coeur se brise souvent au fond de moi, lorsque je pense à ma mère qui a quitté brusquement ce monde pendant mon exil, sans que j'aie pu la revoir et sans l'accompagner à sa dernière demeure... C'est pareil pour ma soeur aînée, morte, elle aussi brutalement peu avant ma mère, et toutes les deux inhumées en mon absence par mon peuple, par ma famille et mes nombreux amis.... J'ai perdu des tantes et amis dans les mêmes circonstances... Je n'ai pas encore fait mes deuils de toutes ces peines de coeur. Paix à leurs âmes. Je n'ai pas hérité de mes parents, la culture de la rancune comme mode de vie. Mes peines au contraire me fortifient et me servent de levain et d'exaltation pour ma lutte et d'expériences de vie. Je m'occupe utilement sur le plan universitaire, je me suis investi à faire des recherches en géostratégie et en histologie à l'Université de la Sorbonne, Ephe, Paris Panthéon. Tout cela m'aide à ne pas voir passer mon allié, le temps... Je consacre beaucoup de temps entre recevoir ou visiter des proches, des amis politiques camerounais et ceux étrangers au rang desquels des élus, des ministres ou anciens ministres, des gens ordinaires et mes loisirs... J'ai fait des tournées politiques dans la diaspora, j'ai eu à organiser des meetings, des rencontres avec un certains nombre de dirigeants... Il m'arrive de faire du banking international et du consulting à domicile pour des instruments financiers avec certains établissements, par exemple, Trust Bank au Pakistan, Montepio bank au Portugal, LTB bank en Lettonie..., pour la survie... Mes enfants et mes amis me soutiennent beaucoup...Je leur dis merci. Je travaille avec un brain trust, constitué de camarades déterminés à mes côtés, sur nos reformes politiques, et c'est très prenant de s'y consacrer, avec à l'idée de faire profiter un jour cette expertise à notre pays ... De mon point de vue le Cameroun est en déclin, il a besoin d’un leadership enthousiaste et courageux, pour la modernité qui constitue notre offre politique.

 

Quelle est votre motivation
Ce qui me motive ? Tout ce qui me porte et me fortifie, c'est l'envie de voir mon pays au Top 1 des pays africains qui changent. Comme leitmotiv, j'ai le sentiment profond que le Cameroun va très mal, pas gouverné. Des témoignages nombreux de l'intérieur l'attestent... J'en ai conclu qu'il n'est plus gouverné par celui qui en tient les rênes. Peut-être serait-il au mieux administré par procuration, au jour le jour, pris en joug par quelques pilotes de l'ombre particulièrement perfides et cupides... S'Il y a une évidence, c'est l'urgence avérée de stopper l'hémorragie et de redonner du sourire à ceux qui sont majoritairement tristes dans ce pays. Je suis porté par l'idée de pouvoir redonner vie aux paysans et aux jeunes, à ceux qui sont humiliés sans eau à boire, ni électricité chez eux au quotidien, à ceux parfois en âge avancé, et qui après des années de services rendus, sont sans pension alimentaire, aux malades sans soins...Il y a urgence de mon point de vue, à réorganiser l'économie, et de fixer un cap réaliste aux désespérés de notre jeunesse, englués dans un chômage chronique dans l'informel et lequel tire le pays vers le bas. Nous ne pouvons plus faire l'économie de parler de notre monnaie, le Cfa, non pas pour en sortir naïf et frontalement sous le désir d'une défiance émotive historique, mais en terme des réformes bancaires et de réappropriation des fondements des souverainetés des émissions monétaires modernes nécessaires dans les zones économiques communes de l'Afrique , pour relancer l'économie et la croissance, envisager le développement autrement et éviter au pays tout entier à court terme, une déflagration de forte magnitude systémique...voilà ce qui ponctue mes pensées et ma vie de tous les jours en exil...Je lis beaucoup et j'écoute les radios et télé locales...

 

Vous exhibez ce statut de réfugié politique alors que le gouvernement claironne haut et fort qu’il n’y a pas d’opposant politique au Cameroun. Comment l’opinion doit-elle comprendre cette dichotomie ?
Le gouvernement est dans un déni lorsqu'il dit ne pas avoir de réfugiés politiques. J'en suis un ! Je peux comprendre qu'un gouvernement qui veut être bien vu, ait du mal à reconnaître l'exil de ses citoyens. Mais cela reste de la démagogie qui correspond. De nombreux citoyens de notre pays sont reclus en exil dans des pays étrangers, en raison des craintes que certains parmi eux expriment pour leur vie. Ils redoutent des représailles des délits d'opinions...Ils y sont reconnus comme tels, réfugiés politiques, en vertu des règles internationales qui lient notre pays. Le nier n'y change rien... "Jeune Afrique" a défrayé la chronique récemment sur un cas d'enlèvement d'un exilé politique qui du reste me semblerait-il était amnistié...Où estil passé Guerandi Mbara sinon enlevé et envoyé trépas par qui ? Il était quoi lui sinon réfugié?  

 

Après une longue période de silence, et particulièrement depuis le décès de votre mère, des informations de plus en plus poussées font état de votre retour sur la scène politique, à la faveur de quelques rencontres avec les dignitaires du régime de Yaoundé, du reste vos anciens camarades du parti.


a)Avez-vous rencontré le secrétaire général du Comité central du Rdpc - Jean Nkueté. De quoi avez-vous parlé?
b) Vous auriez également rencontré le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, René Emmanuel Sadi. Quel était l’objet de votre rencontre ?

Mon compatriote, M. Jean Nkueté - Sg du Comité central du Rdpc et moi, nous nous connaissons bien. Nous nous sommes vus, c'est exact. Nous sommes du même département, il faut le préciser. Il avait souhaité me voir à Paris. C'est un fils de l'Ouest, à côté de ses missions au Rdpc, et moi je suis chef supérieur à Santchou dans l'Ouest bien qu'en exil. Nous avions parlé de l'idée politique que j'ai du Cameroun, de ma conception d'un Etat de droit... Et bien sûr, nous avions parlé de moi, des causes de mon exil en France aussi, de la région de l'Ouest, des conditions de l'éventualité de mon retour, de la nécessité de la stabilité du pays, il m'a dit que tout va bien en dehors des pick pockets qui se multiplient... Il m'avait exprimé à l'occasion de notre rencontre le souhait du chef de l'État de me voir retourner au pays, et même son désir de me voir revenir dans le Rdpc...! Je ne me rappelle plus bien du reste de la conversation et des autres propositions. Je pense toujours sans hésiter, que mon sort personnel, il est certes très important, mais je le situe désormais après celui du peuple Camerounais. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. J'ai un parti politique, des adhérents, un projet social, une ambition présidentielle alternative toujours d'actualité. J'ai des droits qui sont muselés par le pouvoir depuis 2004. On a voulu m'assassiner chez moi à Mbankolo à Yaoundé... On a bloqué deux fois sans cause ma candidature à la présidentielle en 2004 et 2011, confisqué ma caution de candidat et j'en passe.. . Je vivais au pays en 2004 pourtant... mais j'en étais empêché aussi... Une main tendue, lorsqu'elle est sincère, et si elle est utile au pays, j'en discute pour le bien du pays, si les contours politiques et sécuritaires présentent des garanties suffisantes... Le mien, mon retour, n’obéira donc rigoureusement qu'à cette évolution s'il y a lieu. René Emmanuel Sadi - le ministre de l'Administration territoriale, est un ancien camarade. Avant ma démission du Comité central du Rdpc, pour créer mon parti, le Rdmc, je le connaissais et nous avions des rapports cordiaux... Je n'ai pas gardé de lui un mauvais souvenir. Je respecte d'ailleurs sa probité morale dans ce panier à crabes...je l'ai revu la fois dernière accidentellement, dix ans après depuis mon départ du Cameroun à la faveur du hasard dans un hall d'hôtel public très fréquenté à Paris, le Méridien, où j'avais un rendez- vous avec un ami. Nous avons amplement échangé avec courtoisie et civilités entre compatriotes. Il s'est montré spontané et direct. L'échange m'est apparu, civilisé, politique et je l'espère sincère. Chacun est reparti avec son opinion, en fondant tous les deux un espoir partagé sur la nécessité de la stabilité du pays et d'une paix durable. Je lui ai fait dire au Président Biya de ma part , de s'affranchir des pressions népotiques en tant que chef de l'Etat dépositaire du destin national, pour sauver le Cameroun qu'il laissera du désordre s'il veut terminer sereinement sa vie politique. S'il y a un problème aujourd'hui au Cameroun qui porte des germes d'un cataclysme insondable à régler, et à mon avis au pas de course, c'est celui de la sortie honorable de monsieur Biya du pouvoir, s'il le souhaite lui-même.  

 

Selon nos sources, il se serait agi pour les deux cas d’une invite du pouvoir à vous faite en vue de votre participation au prochain gouvernement de la république, offre que vous auriez rejetée. Pourquoi une telle hostilité à l’égard du pouvoir de votre pays, au moment où les africains sont appelés à se souder face aux enjeux de la déstabilisation des régimes établis sur le continent ?
J'apprends en lisant vos journaux plein de confidences journalistiques, des secrets d'Etat. Je vous laisse l'appréciation de la valeur que vous leur donnez. Je suis en revanche un homme de convictions. Les convictions ne demandent pas et n'attendent pas souvent de faveurs... Je suis un homme entier. J'aime mon pays irréversiblement. A ce titre, je peux discuter avec tout le monde pour le bien du Cameroun et surtout sa stabilité si certains pensent qu'elle est menacée en marge de Boko Haram, notre ennemi commun. Vous parlez de condition, vous avez raison. Je ne peux pas travailler sans conditions par exemple si je n'ai pas les mains libres. J'aurai du mal à me frotter au quotidien avec des cupides qui ont détruit la nation par des vols massifs de la fortune publique s'ils ne restituent pas l'argent... Il est indispensable pour la paix dans ce pays, de donner une opportunité à une alternative de redéployer le pays au travail dans la sérénité et les mains libres... Mon hostilité a l'égard du pouvoir de Yaoundé a des racines objectives. Elle n'a rien de personnel ou de vindicatif. Celles des racines de cette hostilité qui m'ont poussé à créer le courant des modernistes sont toujours d'actualité... Il n'y a qu'à relire le manifeste que j'avais signé à l'époque du courant des modernistes et le livre blanc commis par ce courant quand j'étais membre du Rdpc. La suite des évènements ne m'a-t-elle pas donné raison? Les publications de notre programme de gouvernement dans mon parti - le Rdmc, expose notre projet social. Au-delà donc de ma vie qui est menacée, des mes droits politiques et financiers qui sont piétinés, bafouées, les camerounais dans leur immense majorité silencieuse en attendent beaucoup... J'offre d'apporter des solutions à une gestion du pays qui aujourd'hui m'apparaît et pas à moi seul, un échec... Je m'accommode mal du mensonge permanent en politique, des slogans creux et sans lendemain, de la cupidité, des tartufferies, des crimes de toutes sortes commis sur les finances publiques et sur le citoyen lambda. L''injustice sociale m’insupporte, la tribalisation du pays et les règlements de comptes politiques ne sont pas de bonnes méthodes et ne peuvent plus continuer...! Il s'y est ajouté hélas une guerre, celle de Boko Haram! J'en ai dit ce que j'en pensais. L'espoir d'un vivre ensemble harmonieux et de progrès commun qui fondent la paix est souvent plus fort que la résignation. Je ne suis pas seul à avoir en hostilité une telle perception d'un pouvoir! Des millions de Camerounais le pensent.

 

Auriez-vous des conditions à poser pour une éventuelle participation à l’exercice du pouvoir de façon consensuelle avec votre ancien parti politique le Rdpc ?
Mes conditions eurent été simples. le Président Paul Biya aurait dû, pour préserver la paix et éviter de vivre sous la pression de ceux qui le grugent en lui vendant des faux renseignements, ceux qui enlèvent et exécutent des citoyens en son nom, et qui entretiennent stratégiquement une phobie déstabilisatrice qu'on lui vend de partout pour de l'argent à gagner, créer les conditions d'une gestion démocratique normale: Élections à deux tours, inscription de tous les citoyens en âge de voter, commissions des inscriptions consensuelles, bulletin électoral unique, organe électoral impartial au moins en apparence, sécurité des candidats à une présidentielle non exclusive... Comment peut-on ne pas être hostile à l'égard des gens si arrogants, méprisants, inhumains, qui massacrent des affamés, confisquent des biens d'autrui, vivent de mensonges récurrents, abusent du pouvoir pour écraser leurs semblables pour la satisfaction des égos ?

 

Votre parti, le Mdmc-Mouvement démocratique des Modernistes du Cameroun, nourrit-il encore des ambitions pour la conquête du pouvoir au Cameroun ? Si oui, serez-vous candidat à la présidentielle de 2018, après les déboires que vous avez connus à l’occasion de celles de 2004 et 2011 ?
Mon parti, le Rdmc, a tiré les conséquences de la force de l'autocratie: l'exclusion. Nous avons choisi de ne plus rien attendre d'un pouvoir qui interdit nos meetings, qui enlève nos militants pacifiques sur le bord de route dans des voitures banalisées lorsqu'ils attendent un taxi en sortant de réunion, ou ceux qui viennent de la diaspora pour mobiliser notre base... Un pouvoir qui interdit de participer aux élections, interdit de participer aux festivités marquant la fête de l'unité, un pouvoir qui confisque la caution de candidat etc... La conclusion froide d'un tel environnement de gouvernance est que les partis ne servent à rien au Cameroun, sauf à cautionner le pouvoir;  

 

Chief Mila Assouté a-t-il encore des relations avec les cadres et les militants de son parti, restés au Cameroun ? Si oui, pourquoi le Mdmc n’organise-t-il plus d’activités depuis belle lurette ?
Je suis en contact. Nos militants me téléphonent chaque jour, me visitent, m'écrivent à longueur de journée y compris les modernistes restés au Rdpc et qui y sont impuissants et qui n'ont pas le courage de franchir le pas ouvertement...ils demandent mes directives...  

 

Vous êtes refugié politique en France depuis près de 10 ans déjà. Quels sont vos rapports avec les hommes politiques français de tous bords ?
Lorsque vous vivez dix ans dans une ville, je vis à Paris depuis dix ans ininterrompus, vous ne pouvez qu' y avoir des amis de toutes confessions religieuses et de toutes obédiences politiques, dans les strates sociales, si vous êtes sociables et ouvert au monde. C'est mon cas.  

 

 

François Hollande vient d’effectuer une visite d’Etat au Cameroun le 03 juillet dernier. Que vous inspire cette arrivée du président français au Cameroun après celle de Jacques Chirac 19 ans plus tard ?
François Hollande va là où il veut aller, en tant que chef de l'État français. Je ne suis pas Français pour en juger. Au Cameroun, nous savons ce qui l'y déplace et surtout nous serons éduqués sur la manière de cohabiter d'une autocratie et une démocratie que Hollande," lui Président" nous a fait savoir qu'il ne fréquenterait pas...je suis de ceux qui pensent qu'il a le droit de changer d'avis et de faire évoluer les positions, y compris de faire évoluer celles de ses interlocuteurs autocrates vers plus de liberté... Il veut sûrement, "lui Président ", en venant dans mon pays où moi je ne peux pas mettre mes pieds au risque de ma vie, assumer quelque chose pour la France qu'il incarne, attendons de savoir quoi. Je jugerai sur pièce.

 

Réagissant à une question sur sa longévité au pouvoir le président Biya répond "ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut". Quelle réaction cette réponse suscite-t-elle en vous?
La déclaration de monsieur Biya est une autre provocation et de ses vrais concurrents ostracisés, et du peuple camerounais. Cette déclaration ne surprendra que monsieur Hollande qui est venu au Cameroun, plus généralement dans le golf de guinée, pour un seul but: sauver le groupe Dassault qui n'arrive pas à vendre ses nouveaux produits industriels dans l'aviation militaire… "Ne reste pas au pouvoir longtemps qui veut mais qui peut." La question de l'arrogance d'un tel propos est mineure. Voilà pourquoi je vais poser de vraies questions: Celui qui reste longtemps au pouvoir serait donc celui qui peut. Mais alors, qui peut quoi?

 

  • A) Pouvoir éliminer ses adversaires redoutés en les empêchant d'être candidats parce qu'il sait se choisir des accompagnateurs ?
  • B) Qui peut quoi? Pouvoir créer un organe électoral constitué des militants de son parti reconvertis pour les besoins de la cause en personnalités neutres ?
  • C) Qui peut quoi? Massacrer les jeunes par centaine dans les rues pour intimider les masses dans le style Boko Baram en opération avancée d'un bain de sang préparatoire à un tripatouillage unilatérale de la Constitution pour lever le verrou qui empêche de briguer plus de deux septennats et s'imposer de force?
  • D) Pouvoir quoi? Organiser des fraudes scientifiques et des inscriptions sélectives voire des votes sélectifs pour se faire proclamer élu par une Cour suprême qu'il a nommée et dont il est patron de la magistrature suprême la où la loi prévoit un conseil constitutionnel inexistant?
  • E) Celui qui peut donc quoi ? Allez s'agenouiller à Paris pour se voir accepter une invitation?
  • F) C'est donc celui qui peut quoi en réalité ? Proclamer les coups d'État  constitutionnels comme des suffrages universels et les sécuriser par le Bir devant un peuple apeuré aux mains nues?
  • G) Lorsqu'on se maintient au pouvoir parce qu'on peut, contre l'avis de l'immense majorité et parce qu'on bloque toute compétition avec les vrais candidats non inféodés, parce qu'on verrouille l'alternance démocratique par l'usage de la force autocratique, l'accession au pouvoir de celui qui peut devient un ordre moral d'éviction de l'ordre injuste…

En définitive, Biya ne respecte pas les règles universelles de la démocratie. Le système électoral à un tour est une imposture contre la volonté majoritaire des suffrages lorsqu'il peut être élu même à 20%, pourvu qu'il soit arrive en tête des candidats qu'il s'est choisis minutieusement pour l'escorter. … »

 

© Sans Détour : Entretien mené par Nestor DJIATOU


13/07/2015
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