“Mettre la pression sur le régime”

Jean Michel Nintcheu. Le député du Wouri-Est demande à l’Etat d’indemniser les victimes des émeutes de février 2008 dans un souci d’apaisement. 
 
Vous avez annoncé, pour ce jour, le début de la célébration de la semaine des martyrs. Quel est le bilan de cette première journée ?
Nous avons effectivement fait ce que nous avons prévu. 
Mes camarades sont allés sur le terrain pour la distribution des tracts. Ils y sont encore à l’heure où je vous parle. Cette phase de distribution des tracts va prendre trois jours et va s’achever mercredi prochain. Cette phase vise principalement la sensibilisation de l’opinion nationale et internationale. En même temps, nous mobilisons les groupes et les populations cibles, avec nos différents supports. A partir de jeudi, nous allons passer à l’autre étape qui sera marquée jeudi par la visite aux familles des martyrs, en attendant le grand meeting de vendredi à Madagascar qui sera suivi d’une marche pacifique.
 
Il reste à savoir si l’on vous laissera faire. Quel est en ce moment l’état d’esprit de l’administration ?
Je suis consterné et surpris par la fébrilité que j’observe de la part de l’administration. J’ai pourtant pris toutes les dispositions en ce qui concerne la réglementation. Depuis vendredi, j’ai déposé une déclaration à la sous-préfecture. Je suis choqué par l’attitude qui consiste à vouloir à tout prix étouffer toute velléité de manifestation alors que le droit de manifester est consigné dans la constitution de notre pays. C’est quand même curieux que le Rdpc occupe tout le temps le terrain, mais empêche les autres de le faire. Nous sommes dans un Etat de droit. 
 
L’administration vous répondra qu’elle ne fait que son travail, pour préserver l’ordre public, non ?
Tout ce qui se passe en ce moment me désole. Je pense à cette affaire du gouverneur de la région du Littoral qui appelle la population à se désolidariser de la manifestation alors que c’est lui qui était là lorsque des jeunes innocents ont été massacrés en 2008. Il devrait respecter la mémoire des compatriotes qui se sont sacrifiés. On me signale qu’une escouade de gendarmes encercle mon cabinet. Voilà la réponse que le régime donne aux manifestations pacifiques annoncées.
 
Qu’y a-t-il de spécial pour cette semaine des martyrs que vous organisez cette année ?
Cette année, nous aurons une pensée pour Vanessa Tchatchou qui réclame en vain son bébé volé. Voilà une personne faible et fragile qui doit affronter toutes les forces du mal de ce pays. Lors de la manifestation de vendredi, il y aura une pancarte appelant les autorités politiques de ce pays à tout faire pour retrouver son bébé. Ce meeting sera donc aussi pour Vanessa. Nous avons un devoir de mémoire. Il n’est pas question de mener des actions qui débordent. Nous voulons mettre la pression sur le régime pour qu’il reconnaisse sa responsabilité et indemnise les familles des martyrs. Il faut indemniser les familles des victimes dans un souci d’apaisement.
 
Propos recueillis par Denis Nkwebo


21/02/2012
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