Menaces sur les institutions de la République

Menaces sur les institutions de la République

Cameroun : Menaces sur les institutions de la République La tempête provoquée par le premier rapport de la Conac étale au grand jour l’affaiblissement institutionnel au Cameroun.

Suite à ses révélations qui dénoncent les libertés prises par des personnalités et des personnages avec la fortune publique, la Conac et ses dirigeants sont traités de tous les noms d’oiseaux. Malheureusement, il ne s’agit pas d’un fait isolé, mais plutôt d’une lame de fond qui s’étend à l’ensemble du cadre institutionnel camerounais.

La quasi-totalité sinon toutes les institutions de notre pays perdent de leur crédit et logiquement ne bénéficient plus d’aucun respect voire n’inspirent plus de crainte aux citoyens.

Les critiques adressées à la Conac sont à ce titre éloquentes : d’aucuns, à l’instar de Amougou Belinga assimilent sans aucun recul ce rapport « à du charlatanisme (…) » avant d’ajouter sans sourciller qu’il serait étonné que la présidence ait pu donner quitus à un travail qui frise « l’imposture ». Bernard Messengue Avom, estime lui que le contradictoire n’a point été respecté par la Conac et invoque pour ridiculiser et discréditer la Conac un audit international.

Ces sorties, d’une violence inouïe, ne sont guère de nature à induire un quelconque respect pour la Conac. Tel est le sort des autres institutions, de la présidence de la république (exécutif) à l’Assemblée Nationale en passant par la Cour Suprême (judiciaire).

Concentration des pouvoirs

Quelques exemples pour illustrer cet état des choses : l’élection présidentielle a été le théâtre d’un spectacle de goût douteux avec une pléthore de candidats tendant à accréditer l’idée de la dévaluation de la fonction présidentielle. A quoi s’ajoutent la non application de l’article 66 de la constitution relatif à la déclaration des biens, l’absence de la Cour Constitutionnelle et du Sénat qui exposent le déséquilibre criant de notre bloc constitutionnel. L’Assemblée Nationale qui détient pourtant concourament l’initiative des lois avec l’exécutif n’en propose pratiquement aucune, subissant de fait le diktat de l’exécutif. La cour suprême, plus haute juridiction du pays, rend encore des décisions qui ne sont pas appliquées.

Ce délitement à conduit à une concentration de tous les pouvoirs entre les mains et autour du président de la République. Seules ses initiatives semblent être recouvertes d’une onction de légalité et inspirent par conséquent la peur aux uns et aux autres. Qu’on en juge par l’opération Epervier qui a fait l’objet de peu de critiques dans le sérail. Les remises en cause à son égard ne venant que de la presse.

A qui la faute ? Aux acteurs du système, en premier aux acteurs politiques dont l’exécutif, qui entendent privatiser à leur profit les institutions de la République .Celles –ci n’ayant de valeur pour eux qu’à l’instant qu’elles servent leurs intérêts. Pourquoi les autres acteurs qui s’en rendent bien compte accorderaient –ils de la considération aux dites institutions ?

Vidées ainsi de leur substantifique moelle, les institutions de la République sont aujourd’hui incontestablement malades. Pour en sortir, il n’y a qu’un remède : tout fonder sur l’Etat de droit, celui-là qui promeut la toute puissance des institutions au détriment des hommes qui ne font que passer dans la grande histoire de la République.

© camerounactu.net : Guy Zogo


28/11/2011
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