Médiation conjointe de l’UA et de la CEDEAO - Les grandes étapes d’un échec total / Face à l’entêtement de Gbagbo : La CEDEAO n’a plus que l’option militaire

Médiation conjointe de l’UA et de la CEDEAO - Les grandes étapes d’un échec total / Face à l’entêtement de Gbagbo : La CEDEAO n’a plus que l’option militaire
(Le Patriote 04/01/2011)


Le ton était à la fermeté hier. Les émissaires de l’Union Africaine et de la CEDEAO ont tenté le tout pour le tout, pour faire plier Laurent Gbagbo. Mais apparemment, ils se sont heurtés à une obstination sans borne du candidat malheureux du second tour de l’élection présidentielle. Commencée sur le cours de 16h30, la première rencontre entre les présidents Yayi Boni du Bénin, Ernest Baï Koroma de la Sierra Leone, Pedro Pires du Cap Vert et le Premier ministre Raila Odinga du Kenya et Laurent Gbagbo, a duré un plus d’une heure et demie. Les émissaires africains sont venus, comme l’avait annoncé quelques heures plus tôt dans la matinée, le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères, dire à Laurent Gbagbo qu’“il n’y a pas de compromis” qui vaille, si ce n’est son départ du pouvoir. Le président Gbagbo, selon des indiscrétions, après avoir accusé le coup, a semblé laisser entrevoir un infléchissement. Il a demandé à ses hôtes de « sérieuses garanties » en vue de ne pas être inquiété et poursuivi après son départ du pouvoir en ce qui concerne les graves violations des droits de l’homme commis au cours de son règne. Mais devant ses invités, il a surtout insisté sur le recomptage des voix et le comité d’évaluation des élections qu’il souhaite voir à Abidjan pour, selon lui, comprendre le conflit qui l’oppose au président Alassane Ouattara. Pour lui, c’est un préalable à toute discussion. Les envoyés des organisations africaines ont promis étudier la question et revenir le voir avant de quitter la Côte d’Ivoire. A 18 heures, les visiteurs ont pris le chemin de l’hôtel du Golf pour commencer leur entretien avec le président Alassane Dramane Ouattara. Les messagers de l’Union africaine et de la CEDEAO ont expliqué au vainqueur du second tour de l’élection présidentielle le but de leur mission et les inquiétudes émises par le président sortant. Le président Ouattara a rappelé à ses hôtes qu’il a déjà donnés sa chance à Laurent Gbagbo. Au cours de la rencontre, le Premier ministre Guillaume Soro n’a pas manqué de dénoncer le fait que le mandat de la CEDEAO soit dévoyé par les médiateurs. Des propos que n’aurait pas appréciés le président du Cap Vert, Pedro Pires qui s’est senti visé. Il a aussitôt envisagé de se retirer de la médiation. Car il estime que son pays a connu la guerre et qu’il ne souhaite pas que la Côte d’Ivoire vive la même chose. Par conséquent, il se retirerait de toute médiation qui privilégiera toute voie autre que celle du dialogue. Le Premier ministre kényan Raila Odinga a proposé une rencontre bilatérale entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. Mais le président élu de la République de Côte d’Ivoire a décliné l’offre. Car pour lui, la médiation de la dernière chance a échoué. Il est, par conséquent, temps d’utiliser la force légitime pour faire partir le mauvais perdant. La deuxième rencontre avec le président Gbagbo n’a apparemment rien donné. Laurent Gbagbo est resté ferme sur sa position. « Gbagbo n’a aucune raison de céder », a-t-on entendu dans son camp après le départ des émissaires africains. Pour Alcide Djédjé, ancien ambassadeur de la Côte d’Ivoire à l’ONU et proche de Laurent Gbagbo, l’option militaire ne serait plus de mise. C’est une manipulation. Car la porte est désormais fermée pour toute négociation de la CEDEAO. On a appris de source diplomatique que 9 pays sur les 15 qui composent l’organisation sont prêts à envoyer des troupes pour faire partir Laurent Gbagbo.
Même si les émissaires africains ont semblé, hier, ne pas fermer la porte totalement à la négociation, la position de l’organisation ouest africaine n’a pas changé. Après une deuxième rencontre avec Laurent Gbagbo, les messagers de l’UA et de la CEDEAO sont retournés à l’hôtel Pullman où ils avaient rencontré, dans la matinée, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Young-Jin Choi. Les quatre envoyés de la CEDEAO et de l’Union africaine sont ensuite repartis à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny où ils ont décollé pour le Nigeria. Aujourd’hui, les quatre envoyés sont attendus à Abuja par le président en exercice de la CEDEAO, le président Goodluck Jonathan pour leur rapport. C’est à l’issue de cette rencontre que la décision définitive de l’organisation sera connue. La médiation de la dernière chance, comme on le constate, n’a pas réussi à faire changer Laurent Gbagbo d’avis. Comme elle l’a annoncé, la CEDEAO pourrait envoyer ses troupes en Côte d’Ivoire pour le déloger du palais présidentiel par la force.
Les Etats-Unis, par la voix d’un responsable de la Maison blanche, ont annoncé hier qu’ils étaient prêts à accueillir le président sortant. « Mais toutes les possibilités risquent de disparaître en raison de ce qui se passe sur le terrain », a-t-il menacé faisant allusion aux violations graves des droits de l’Homme qui ont cours en ce moment. En attendant, la décision de la CEDEAO pour aujourd’hui, les Ivoiriens, déjà assez éprouvés par cette crise qui n’a que trop duré, s’apprêtent à pendre leurs responsabilités pour libérer la Côte d’Ivoire prise en otage par Laurent Gbagbo et son clan. Les heures à venir risquent de ne pas être de tout repos.
Jean-Claude Coulibaly


Face à l’entêtement de Gbagbo : La CEDEAO n’a plus que l’option militaire

Personne, pas même les plus irréductibles du camp Gbagbo, ne pourra dire que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a manqué d’intérêt pour la Côte d’Ivoire. Ce regroupement sous-régional, depuis les premières heures du conflit ivoiro-ivoirien, aura couru à en perdre haleine au chevet de la Côte d’Ivoire. Après le coup d’Etat manqué de septembre 2002 qui s’est transformé en une rébellion qui a divisé le pays en deux, la CEDEAO n’a jamais manqué l’occasion de s’impliquer dans une tentative de retour à la normale au pays de Félix Houphouët-Boigny. C’est d’ailleurs chez l’un de ses membres qu’ont été obtenus le premier cessez-le-feu et le début des négociations. Sous l’égide de la CEDEAO et du défunt président Gnassingbé Eyadema, cet outil sous-régional avait déjà réussi à faire taire les fusils et avait fait emprunter aux protagonistes la voie du dialogue pour règlement de cette crise. Ensuite, le dossier ivoirien a été transporté au Sénégal puis au Ghana pour déboucher sur les accords d’Accra I, II et III. Les efforts de la CEDEAO n’ont certes pas permis un retour rapide à la normale mais ont eu le l’avantage d’engager les discussions entre les belligérants. Ces pourparlers ont continué à Marcoussis, à Pretoria et enfin à Ouagadougou. Finalement, avec l’aide et l’appui de la CEDEAO, la sortie de crise s’est dessinée et les élections ont eu lieu. Et pour ces joutes, toujours dans sa volonté d’aider la Côte d’Ivoire, la CEDEAO a envoyé des observateurs pour superviser ces élections qui devaient couronner les efforts déployés par tous, pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix et la stabilité. Malheureusement, juste après les résultats de l’élection présidentielle, le président sortant, battu à la loyale, refuse de céder le pouvoir. Réfugié qu’il est derrière un fallacieux argument constitutionnel taillé sur mesure par son ami, Yao Paul N’Dré. C’est ainsi que survint la crise postélectorale que vit cet ancien havre de paix, depuis le dimanche 28 novembre 2010. Face à ce nouveau désordre, la CEDEAO n’a pas abdiqué. Mieux, l’institution s’est clairement engagée dans la résolution de cette autre crise exigeant cette fois-ci que la volonté du peuple soit respectée, comme le disent leurs textes. Et cela passe par la reconnaissance de la victoire d’Alassane Ouattara par Laurent Gbagbo. Tous les pays membres de cette organisation ont reconnu le choix du peuple ivoirien sauf le président sorti, Laurent Gbagbo. Ce dernier, soutenu par quelques officiers aux ordres et des milices tribales, a engagé des mercenaires pour s’asseoir par la force dans un fauteuil que le peuple lui a retiré dans les urnes. Pour faire entendre raison à l’ancien homme fort d’Abidjan, le monde entier a entrepris de le raisonner. La CEDEAO a d’abord suspendu la Côte d’Ivoire, puis envoyé des émissaires pour demander à Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara. Toutes sortes de propositions et d’assurances lui ont été faites. Malheureusement, ce dernier est resté sourd à toutes ces médiations de bon office. La CEDEAO qui n’entend pas laisser Gbagbo créer un précédent dans l’organisation a même envisagé un recours à la force légitime. Mais cela n’a pas fait reculer le néo dictateur ivoirien. Toutefois, la communauté ouest africaine a voulu donner une dernière chance au dialogue. C’est pourquoi au même moment où les chefs d’État-major de la CEDEAO se réunissaient à Abuja, pour analyser les moyens techniques, humains et logistiques de cette force, le président en exercice, le nigérian Goodluck Jonathan, a autorisé une dernière mission. Celle de la dernière chance conduite par les Président capverdien, béninois et Sierra léonais pour faire entendre raison à Gbagbo. C’était le mardi dernier. Mais ces derniers n’avaient pu réussi à faire fléchir l’ancien président. Ce sont ces mêmes, rejoint par l’émissaire de l’Union Africaine, le premier ministre Kényan, Raila Odinga, qui sont passés hier et qui n’ont rien obtenu de probant. Gbagbo refuse toujours de partir et n’offre autre choix à la CEDEAO que l’option militaire. Comme en Sierra Léone et au Liberia, la CEDEAO est devant l’intransigeance d’un despote qui veut prendre son peuple en otage. Comme dans ces deux pays, l’institution ouest africaine a épuisé ses cartes de la négociation et de la diplomatie. Comme dans ces deux cas, il ne reste que l’engagement militaire pour libérer le pays d’un dictateur qui a décidé d’assassiner la démocratie au prix du sang de la population. Comme il est connu qu’à l’impossible nul n’est tenu, la CEDEAO n’a autre choix que d’utiliser la force légitime pour faire partir Gbagbo pour le bonheur du peuple ivoirien et africain. Cette force que prévoit le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la bonne Gouvernance et la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance adoptée par la huitième session ordinaire de la conférence de l’Union Africaine, le 30 janvier 2007 à Addis Abeba. La CEDEAO joue donc sa crédibilité.
Koné Lassiné


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04/01/2011
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