Médias: Comment l’audiovisuel traite l’affaire Marafa

YAOUNDÉ - 20 Juin 2012
© T. Nina Ongbéhock et Andrea Essono | Repères

Même si l'exclusivité de la publication des lettres de l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation est réservée à la presse écrite, les radios et télévisions traitent aussi de cette actualité.

Les radios et télévisions ne sont pas insensibles à ce qu'il est convenu d'appeler désormais les «lettres ouvertes de Marafa». Même si l'exclusivité de la publication de ces lettres de l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minadt), aujourd'hui en prison dans le cadre de «l'Opération épervier», est l'apanage de la presse écrite, l'audiovisuel ne reste pas à la traîne du traitement de cette actualité. Que ce soit dans les revues de presse, les journaux parlés ou télévisés, les journalistes radio ou tv explorent l'évolution de ce sujet. En outre, cette affaire fait naître des sujets lors des émissions de débats.

Selon les responsables des chaines de télévision et de radio tels Canal 2, Magic Fm, Vision 4, Youth radio,... les sujets sont choisis comme d'habitude dans les conférences de rédaction, en fonction de l'actualité brûlante, susceptible d'intéresser les auditeurs ou téléspectateurs. Le sujet retenu est traité à partir des contours d'éléments nouveaux, il peut ensuite faire l'objet d'un papier dans une édition du journal ou dans le cadre d'un magazine d'information. Ainsi, les déplacements vers la prison de Kondengui, les jours d'arrestation, puis en dernier lieu la déportation de Marafa et compagnie vers le SED sont jusqu'ici les évènements qui ont été couverts, comme toute affaire importante de la République tels que les faits divers, sportifs.

Mais dans le cas des lettres de M. Marafa où la presse écrite a l'exclusivité, l'audiovisuel se contente de suivre. Selon M. David Atemkeng, journaliste à Canal 2, «il est difficile de trouver les images qui correspondent à ce type de sujet, les principales informations du cas Marafa se trouvent dans la presse écrite». Il ajoute: «En audiovisuel, nous ne faisons que rebondir, on reprend le sujet sur la base de ce qui est écrit et on donne à réagir».

Aujourd'hui, indique le présentateur de «Canal presse», l'on se rend compte dans les réseaux sociaux et l'adresse électronique de ladite émission, que l'affaire divise l'opinion publique. «Beaucoup semblent être pro-Marafa car, ils croient à un complot». Mais «les proches de Marafa ne souhaitent pas s'exprimer sur ce sujet sur un plateau face à la caméra.» Devant un tel dilemme, pour garder la règle d'équilibre, le présentateur se contente «des panélistes qui sont supposés être indépendants d'esprit». Par ailleurs, même si M. David Atemkeng avoue n'avoir pas encore «eu d'injonction particulière de la hiérarchie ou d'un quelconque ministère» du fait de son souci pour l'équilibre des sources, pour cette affaire, le ministre de la Communication, M. Issa Tchiroma, veille à ce que, régulièrement, un représentant du gouvernement soit invité. Une source à Canal 2 révèle même que le Mincom veut toujours savoir à l'avance le thème des débats à «Canal Presse».

La chaîne de télévision «Vision 4» semble moins soucieuse du filtrage de ce qui doit être diffusé. Lundi 4 mai 2012, le présentateur de l'émission interactive, «Tour d'horizon» lit tous les messages des téléspectateurs qu'il reçoit sur l'affaire Marafa, même ceux pouvant irriter quelques sensibilités politiques. Malgré cela, M. Ernest Obama, directeur de l'information de la chaîne, dit n'avoir jamais eu de pression par rapport à ses propos. La seule sommation vient du Premier ministre Philémon Yang qui avait ordonné aux médias d'éviter les questions liées à «l'opération épervier». «Mais on ne peut pas parler de l'actualité politique, sans parler de ladite opération», raisonne le directeur de l'information.

La chaîne de télévision «Vox Africa» reconnait aborder ce sujet, mais dans le souci d'un traitement équilibré. La chaîne prend exemple de l'émission «Press club» présentée par M. Paulin Mbala tous les dimanches à partir de 11h30. L'édition du 4 mai 2012 s'est intéressée aux «lettres d'ailleurs, dévoilement préliminaire d'une prise de position». Comme invités ce jour-là, on a pu voir MM. Xavier Messè du quotidien «Mutations», Alain Amassoka, journaliste employé au ministère des Relations extérieures, Jean Bruno Tagne du quotidien «Le Jour».

L'argumentaire de chacun des panélistes épouse soit le raisonnement frisant la langue de bois d'un employé de l'Etat ou la verve et le franc-parler qui caractérisent généralement un journaliste de la Presse privée. «Press club» du 3 juin avait pour thème «la riposte du Rdpc face aux lettres de Marafa». Comme panélistes sur le plateau on retrouvait M. Christophe Mien Zok de «L'Action», journal du parti au pouvoir, le Rdpc, Christophe Bobiokono du magazine «Africa international» et Mme Martine Ambang, de la télévision d'Etat, la «Crtv».


Le Décryptage des radios

Dans le cas de «Magic FM», le rédacteur en chef, M. Tsala explique qu’ «il est difficile de filtrer les appels des auditeurs comme dans les grandes radio en Europe, du fait de l'absence des moyens qui auraient permis que nous-mêmes les sélectionnions avant de les rappeler pour qu'ils s'expriment». Ici, la vigilance du présentateur est requise, à tout moment, il doit couper l'auditeur ou l'intervenant qui tient un propos injurieux à l'endroit d'une personnalité.

Du côté de «Youth Radio», le rédacteur en chef, M. Jean Claude Fouda, dit que «les émissions ne restent pas trop calées dans l'affaire Marafa, trop en parler c'est l'aider dans ses stratégies de communication. En plus, on n'a pas estimé que Marafa attire autant d'attention, comme il a été transféré au SED, on attend le dénouement, on prend un certain recul pour éviter de se trouver dans l'affaire Bibi Ngota». La «Radio Tiémeni Siantou», elle, relève que la célèbre affaire Marafa n'influence pas sa programmation. Sa préoccupation est l'information. Pas de parti pris, encore moins de positionnement. La ligne éditoriale reste la même. Néanmoins le sujet est débattu dans une émission politique à l'instar de «Policam», présenté par M. Gislain Pierre Essono. Cependant, un journaliste de «Radio Tiémeni Siantou» affirme qu'il existe bel et bien au sein de la chaîne, des «pro-Marafa», «anti-Marafa», et même «pro-Tchiroma», dont la mission serait alors non seulement de veiller sur l'image de leur leader mais également de placer un bouclier face à toutes attaques dirigées contre lui.




21/06/2012
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