Me Patrice Omgba Nsi, Directeur général du TKC: «La Fécafoot veut déstabiliser la Ligue de football professionnel»

Douala, 14 mai 2013
© C.T. | Le Messager

Directeur général du Tkc S.a.o.s, il analyse la crise qui secoue les championnats professionnels au Cameroun et revient sur la genèse du conflit qui oppose les deux parties « ennemies » du Tonnerre Kalara club qu’il dit monté de toutes pièces par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot).

Il y a deux mois, le Tribunal d’Ekounou par décision de justice, a refusé au président de l’Association Tkc de parler au nom et pour le compte de la Société anonyme Tkc. Qu’est-ce qui peut expliquer votre silence après cette décision de justice ?

Je n’ai pas gardé silence. C’est juste que je n’ai pas vocation à occuper l’espace médiatique sans raison. Je ne fais des sorties que lorsque je les trouve opportunes et légitimes et ce, pour le bien de notre football. Certes le Tribunal d’Ekounou a ordonné l’interdiction au président général de l’association sportive Tkc, pris en la personne Emile Onambélé Zibi d’agir au nom et pour le compte de la Société anonyme Tkc. Mais au regard de cette décision, je ne suis pas étonné de constater que la décision de justice soit foulée aux pieds par le président de l’association.


Pourquoi ?

Mais pour la simple raison que c’est l’homme de paille de la Fécafoot. C’est la Fécafoot qui tire les ficelles dans cette triste affaire. Le président de l’association ne fait qu’obéir aux ordres de la Fédération. Je vous rappelle que malgré les graves manquements constatés qui sont entre autres : non respect de l’éthique du sport, non respect des statuts de l’association sportive, non paiement des joueurs et encadreurs, détournements des subventions étatiques, il a toujours reçu un soutien inconditionnel de la Fécafoot. Et pour cause, depuis bientôt 15 ans, la fédération se sert principalement des clubs mythiques à notoriété internationale à l’instar du Tonnerre et du Canon, pour vendre des joueurs à l’étranger quand bien même ces derniers ne font pas partie des effectifs réels desdits Clubs. Vous n’êtes pas sans savoir que la majorité des dirigeants de la Fécafoot sont à la tête des centres de formation ou d’équipes en ligues inferieures.


N’est-ce pas parce que vous vous sentez aujourd’hui à l’étroit que vous accusez sans raisons la Fécafoot ?

Pas du tout. Je suis et je reste un homme libre. Ouvrez les yeux. Nous avons à faire à une véritable organisation mafieuse qui n’a pas intérêt à voir la mise en place d’une Ligue professionnelle fonctionnelle et digne de ce nom au Cameroun. La Fécafoot veut garder la main mise sur la manne qu’engrange le football professionnel. C’est la raison pour laquelle, nous assistons depuis bientôt deux ans à ce désordre savamment organisé pour déstabiliser la Ligue. En revanche, je suis stupéfait de constater que le ministre des Sports ainsi que la Ligue professionnelle, ne respectent pas la décision judiciaire pourtant très claire. Depuis 1997 l’association Tkc s’est dotée d’une société anonyme Tkc Sa qui est la seule habilitée à entretenir des relations avec les autorités publiques et la Ligue de football.


La Ligue de football professionnel que vous semblez défendre a récemment bloqué les championnats nationaux. Pensez-vous remporter votre « combat » dans un environnement aussi vicié ?

Le président de la Ligue professionnelle a raison, il a pris ses responsabilités et c’est à son honneur .lorsqu’on est un homme d’honneur, ce qui est manifestement le cas du général Pierre Semengue. La parole donnée a une valeur. Les présidents de clubs n’ont qu’à respecter les engagements pris. En ce qui concerne le Tkc, nous sommes en conformité avec les exigences de la Ligue. Quant au combat dont vous faites état, il comporte trois volets : le volet sportif puisque nous avons fait remonter le Tkc en Elite one malgré les graves manquements évoqués. Ensuite le volet juridique parce que le Tribunal nous a donné raison. Et enfin le volet administratif, parce que la Ligue a rappelé aux présidents de clubs qu’elle ne travaille qu’avec les sociétés pour la saison 2012 -2013. Force est donc de constater que nous sommes en bonne voie dans l’effort de réhabilitation du Tkc et du sport-roi dans notre pays.


Suspendre les championnats pour contraindre les clubs à se muer en entreprises commerciales. Etait-ce vraiment la solution ?

Ne pas respecter ses engagements était-ce vraiment une solution pour avancer vers le professionnalisme ? Il y a une feuille de route qui était connue de tous. Les présidents de clubs étaient parfaitement informés qu’une Ligue professionnelle se joue avec des clubs professionnels dans un environnement professionnel. Nous avons tous des droits et des devoirs à respecter. C’est le principe d’une démocratie et nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Les présidents, certes manipulés par la Fécafoot, ont tort de se braquer contre la Ligue. La mise en place d’une Ligue professionnelle émane de la volonté du président de la République, mais contre toute attente, la Fécafoot, depuis 2008, s’obstine, par des manœuvres infamantes et diffamantes, à bloquer cette formidable initiative.


Comment se porte la société Tkc que vous dirigez ?

La société se porte bien. Nous attendons vivement la fin du désordre organisé par la Fécafoot pour conduire notre club vers une véritable aventure sportive et faire de nouveau rêver nos supporters et fans. Je vous avoue que cet environnement malsain n’arrange pas les choses, mais nous peaufinons notre stratégie économique et sportive.


D’aucuns estiment aussi que votre retour marque le début d’une nouvelle guerre entre Emile Onambélé Zibi et vous…

Ecoutez, monsieur Onambélé Zibi n’est qu’une espèce de pantin à la solde de la Fécafoot aux fins de déstabiliser la Ligue professionnelle et maintenir la main basse sur les clubs de football au Cameroun. Dans ce contexte, se battre contre lui ne présente aucun intérêt : pas d’intérêt, pas d’action.


Mais vous parlez là du président de l’Association des clubs d’élite du Cameroun…

compétences. Il n’est que le président de l’association sportive Tkc. Notre politique est plutôt de nous désolidariser des clubs qui ne respectent pas leurs engagements et soutenir la Ligue, qui est la seule institution qui prend en compte le sort des acteurs du football professionnel.


Quel projet apportez-vous au Tkc pour sortir ses pauvres footballeurs de la misère dans laquelle ils végètent ?

Le modèle de développement est assez simple, il suffit avec intelligence d’adapter un modèle qui a fait ses preuves en Europe, temple du football professionnel. Il s’agit de doter le club des outils nécessaires et suffisants pour gagner des titres Mais aussi d’éviter les détournements de deniers publics ou privés, payer les joueurs et les encadreurs, se doter d’infrastructures sportives, devenir un club formateur, faire plaisir aux fans et supporters afin de remplir le stade …

Entretien avec C.T.




14/05/2013
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