Marché Mokolo: Les sauveteurs réinvestissent les trottoirs et les couloirs

DOUALA - 03 Juillet 2012
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager

Cinq jours seulement après la réouverture du marché Mokolo, fermé pendant une semaine (du 20 au 27 juin dernier) par le préfet du Mfoundi, des commerçants installent déjà les marchandises aux lieux prohibés. De nouvelles boutiques en construction par la Communauté urbaine de Yaoundé pour caser quelques déguerpis.

Le marché Mokolo, ce lundi 02 juillet 2012, peu après 11 heures, n'est presque en rien différent de ce qu'il était avant la mesure prise par Jean Claude Ntila, le président du comité de lutte contre le désordre urbain à Yaoundé. Dès l'approche de la deuxième entrée de ce marché, en partant de l'hôpital des sapeurs pompiers, on se rend aussitôt compte que les sauveteurs ont réinvesti illégalement les lieux. Ici, ce sont des sacs de voyages à vendre qui occupent les couloirs. Là, des étals sur lesquels sont exposés des chaussures, vivres frais et autres vêtements obstruent le passage. Des vendeurs de fruits disposés dans des brouettes s'y sont mêlés. Par conséquent, partir d'un point à l'autre relève d'un véritable parcours du combattant, car se frayer un passage n'est pas aisé. «Où veulent-ils qu'on parte? Nous avons déjà beaucoup perdu en argent et en réputation avec la fermeture du marché pendant une semaine. La seule chose qu'ils peuvent faire pour résoudre le problème c'est de loger les vrais commerçants dans les boutiques et non les copines qui les remettent en location au prix d'or», explique un vendeur de valises visiblement très courroucé qui se dit prêt à affronter l'autorité municipale.

A la troisième entrée du marché, situé non loin des feux de signalisation, c'est le même scénario. Les façades de boutiques sont prises d'assaut par les sauveteurs. Ce qui mécontente les occupants des espaces aménagés par la communauté urbaine. «Nous payons les taxes, après avoir dépensé beaucoup d'argent pour obtenir des boutiques. Mais en réalité, ce sont ces sauveteurs qui font de bonnes affaires car ils exposent les mêmes articles dehors et empêchent carrément aux visiteurs d'entrer dans nos boutiques. Ils sont très envahissants, car lorsque vous les chassez, ils reviennent quelques minutes après», regrette Alassane, propriétaire d'une boutique de commercialisation d'ustensiles de cuisine. Mais, ces commerçants ambulants ne manquent pas d'arguments pour justifier leur envahissement. «Chacun a son client. Même si vous exposez dans le bac à ordures et que le client est le vôtre, il vous y trouvera. Sinon les commerçants installés en hauteur dans les boutiques construites en étage ne vendraient rien», se défend Jean Tagne, sauveteur spécialisé dans la vente des vêtements de friperie à la criée depuis 17 ans.

Dans le secteur 7, quelques vendeurs de médicaments se sont reconvertis dans la commercialisation des œufs. «Les autorités disent qu'on ne doit plus vendre les médicaments sur cet espace parce que c'est réservé à la charcuterie et à la vente des poissons et viande. Alors que nous avons les reçus qui indiquent que nous avons payé chacun 260.000 FCFA pour construire ces box. Comme nous ne voulons pas perdre l'espace, nous préférons vendre les œufs en attendant de voir clair», confie un commerçant sous cape. Entre temps, de nouvelles boutiques sont en construction non loin de Niki Mokolo. Elles permettront de loger quelques uns de ceux qui ont été poussés au chômage par la mesure préfectorale.


Précaution inutile?

Le marché Mokolo a été fermé du 20 au 27 juin dernier par un arrêté du préfet du Mfoundi, Jean Claude Ntila. Une mesure prise pour assainir cette plateforme commerciale, en proie à un désordre caractérisé. Mais, malgré l'élection des chefs de secteur, en dépit du retrait de tous les comptoirs mobiles de ce marché, l'anarchie y est de retour. Ni les forces de l'ordre, ni les éléments de la communauté urbaine ne veillent quotidiennement au respect des innovations entreprises par le préfet du Mfoundi. On pourrait dire que toutes les précautions prises pour éviter de nouveaux affrontements dans ce marché sont vaines. Ce d'autant plus que les chefs de secteur laissent faire, n'ayant pas les moyens de déloger des sauveteurs envahisseurs. Chassez le naturel et il revient au galop!




04/07/2012
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