Marafa Hamidou Yaya: Un négateur professionnel

DOUALA - 16 Mai 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

L'ancien secrétaire général de la présidence de la République continue dans une nouvelle lettre à Paul Biya à remettre en cause le fonctionnement du système qu'il a contribué à bâtir et dont il a largement tiré profit.

Dans la peau et le rôle d'un conseiller spécial à la présidence

En faisant publier lundi 14 mai 2012 sa deuxième lettre ouverte à Paul Biya, lettre relative au Code électoral, à Elecam, à la succession à la tête de l'Etat, on a l'impression que Marafa Hamidou Yaya regrette, amèrement son poste de conseiller spécial du chef de l'Etat qu'il a occupé de 1994 à 1997. Selon le contenu de cette lettre, c'est une reconnaissance tacite, pourquoi pas ouverte, par l'ancien Ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation de son échec, à ce poste. C'est là assurément un aveu d'échec.

En effet, en lisant entre les lignes le contenu de cette lettre, on peut déduire, conclure que l'ancien ministre d'Etat reconnaît qu'il n'était pas à la hauteur du poste et du travail confiés à lui par le chef de l'Etat. On constate qu'à ce poste il était un étranger, quelqu'un chargé d'attirer l'attention du chef de l'Etat sur telle ou telle chose sans s'impliquer, sans se mouiller. Il faisait comme si tout ce qui se passait dans son ministère lui était étranger, comme si on le forçait d'y rester contre son gré.

Pourquoi Marafa n'avait-il pas alors eu l'honnêteté de dire au chef de l'Etat que ce poste ne correspondait pas à son tempérament et qu'il lui préférait celui de conseiller spécial à la présidence de la République. Lui qui a souvent eu le discernement, pourquoi ne lui a-t-il pas servi à ce moment-là?


S'attribuer le beau rôle

Tel que Marafa parle dans sa lettre, il n'est responsable de rien, il n'a pas participé à quelque chose qui ait pu nuire à l'opposition ou à la société civile. Si on interprète bien ses propos, c'est un opposant à l'intérieur du Rdpc dont il dit être membre comme Paul Biya. Nous allons rafraîchir la mémoire des uns et des autres pour dire que Marafa est un menteur.


Le trucage des élections présidentielles, législatives et municipales

En tant que ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Marafa a organisé plusieurs élections dont la présidentielle 2004. On sait comment les choses se passaient sous sa férule, les gouverneurs de province, les préfets et les sous-préfets étaient sous ses ordres et chargés de donner la victoire coûte que coûte au président Paul Biya. Comment le même Marafa peut-il parler aujourd'hui en se présentant comme un innocent, un Monsieur propre qui a tout bien fait quand il était en charge du Minatd.

L'ancien Minatd dénonce certains articles de la loi N°20,12/001 du 19 avril 2012 portant Code électoral. On voit très bien qu'il maîtrise à la perfection le système des fraudes. La critique qu'il fait de ces articles est fondée, Mais pourquoi le rend-il public maintenant et pas avant? Lui qui a dit dans sa première lettre ouverte à Paul Biya «J'ai toujours préféré garder une liberté qui me permettait de vous donner, en toute indépendance d'esprit, des avis vous permettant de gérer les affaires de l'Etat dans le plus grand intérêt de notre pays». Avant cette déclaration, il avait dit plus haut dans cette première lettre: «Comme vous le savez bien, pendant toutes ces années, j'ai toujours reflué d'être un courtisan».


Biya indigne de diriger le Pays

Marafa s'attaque directement et personnellement au chef de l'Etat quand il critique l'article 122 (2) de la loi portant Code électoral. Il dit: «Un certificat médical devrait figurer dans les pièces devant accompagner les déclarations de candidatures à la présidence de la République». Selon Marafa, si on n'a pas introduit le certificat médical c'est parce que le président Paul Biya est un grand malade que la visite ou le certificat médical déclareraient inapte à la fonction de chef de l'Etat. C'est une rengaine que nous entendons tous, il souffrirait tantôt d'un cancer du foie ou de la prostate, mais personne n'a jamais pu apporter la preuve de la véracité de cette assertion.

L'ancien secrétaire général de la présidence sait très bien ce qui se passe en matière de certificat médical que ce soit au Cameroun ou dans les démocraties occidentales. François Mitterrand était déjà malade du cancer de la prostate quand il s'était présenté à l'élection présidentielle de 1981. Beaucoup de gens le savait en France mais son certificat médical l'avait exonéré de toute maladie pouvant l'empêcher diriger le peuple français. Il est donc clair pour Marafa que Paul Biya ne peut pas diriger le pays de par son état de santé inquiétant. Le même Marafa est-il sûr que lui-même est en bonne santé, en meilleure santé que Paul Biya ou que Ni John Fru Ndi, et autres candidats à la dernière élection présidentielle? Rien n'est sûr.


Création d'un poste de vice-président

Marafa va plus loin pour dire que si Paul Biya veut créer un poste de vice-président c'est parce que ses capacités physiques et intellectuelles ne lui permettent pas d'achever son actuel septennat entamé il y a moins d'un an. S'il ne le dit pas dans sa lettre, c'est ce qu'il pense et cela nous renvoie une fois de plus à la première lettre à Paul Biya quand il lui dit qu'il ne devait pas se présenter à l'élection présidentielle d'octobre 2011: «Cette indépendance d'esprit m'avait permis de vous dire, après l'élection présidentielle de 2004, que ce septennat devrait être le dernier pour vous et que nous devrions tous nous mobiliser pour le succès des «Grandes ambitions» afin que votre sortie de la scène politique se fasse avec fanfare, que vous jouissiez d'un repos bien mérité; à l'intérieur de notre pays».


Eventuelles poursuites judiciaires

Biya est donc malade selon Marafa. En dehors de cela, Paul Biya veut créer un poste de vice-président pour échapper à des poursuites judiciaires au cas où il quitterait le pouvoir d'une manière ou d'une autre. Marafa est très subtil .dans ses propos. Il veut dire que si Paul Biya veut créer un poste de vice-présidence c'est pour assurer ses arrières. A ce poste de vice-président, il mettra un homme-lige, un homme de paille incapable de lui créer le moindre .obstacle, ce qui lui permettrait de couler une retraite paisible, à l'abri de tout problème comme par exemple des poursuites pour détournement des deniers publics ou violation des droits de l'homme. L'ancien secrétaire général de la présidence de la République est mesquin quand dans la première lettre il achève la phrase que nous avons citées plus haut par: «... à l'intérieur de notre pays». Cela veut simplement dire qu'il soupçonne le président Paul Biya de s'installer à l'étranger après avoir quitté le pouvoir au lieu de rester au pays. C'est aussi de la provocation.


Paul Biya n'a pas la légitimité nécessaire ou requise

Ainsi donc selon Marafa, Paul Biya n'a pas la légitimité nécessaire pour conduire le paquebot Cameroun ayant été élu de manière frauduleuse le 9 octobre 2011. En effet, selon Marafa, Paul Biya n'a pas de projet de société. Il n'est pas porteur comme lui Marafa: «d'un projet mettant en avant les exigences de pair et de Justice permettant de bâtir une société de confiance».


Selon donc Marafa, apôtre de la paix, Paul Biya est:

- un fauteur de troubles. Ainsi tout ce qui se passe dans le pays en mal, c'est Biya qui en est la cause, l'instigateur. Donc la paix n'existe pas au Cameroun sous Biya et ce n'est que lui Marafa qui peut la ramener. Ainsi quand il y a braquage quelque part dans la République, la faute revient à Paul Biya alors que le Cameroun est un îlot de pays en zone Cemac. Quand il y a affrontement entre Kotoko et Arabes Choa, c'est la faute à Biya, quand les gens marchent dans la rue, c'est encore la faute à Paul Biya même si le motif est syndical ou autre.

- un injuste: Paul Biya a bâti une société d'injustice où tout est faux. Il favorise ses gens. Il est surprenant que Marafa, un grand bénéficiaire du régime de Paul Biya puisse s'exprimer de la sorte. L'ancien Minatd est un privilégié qui parle comme quelqu'un qui n'a pas profité du système qui l'a fabriqué. Il parle comme un témoin extérieur à ce qui se déroule sous ses yeux alors qu'il a été un acteur important, de première ligne dans le système. Marafa oublie-t-il que les profiteurs du système ou du régime viennent de toutes les régions du pays ? N'est-il pas lui-même un illustre exemple.

- Les camerounais, tous prisonniers de Biya: Paul Biya selon Marafa maintient le Cameroun en dépit de la paix qui y règne sous un régime de fer. Il déclare que le peuple camerounais n'a pas choisi Paul Biya librement lors de la dernière présidentielle. Il est bizarre qu'il le déclare aujourd'hui alors qu'il a été pendant 19 ans un éminent membre de presque tous les gouvernements du parti dont il est membre (jusqu'à quand) des instances dirigeantes que sont le Comité central et le bureau politique d'où il est entré bien jeune. Marafa oublie-t-il qu'il a pris une part active à tout ce que le chef de l'Etat a fait ? Les Camerounais vivraient donc dans une société de peur dont seul Marafa pourrait les délivrer.


Marafa: un progressiste dans le Rdpc

L'ancien Minatd s'exprime comme s'il y avait deux courants dans le Rdpc, parti au pouvoir. Et que lui serait de l'aile progressiste réformiste tandis que le courant conservateur serait animé par Paul Biya en personne. Ça c'est un vieux discours dans le parti au pouvoir qui remonte à une vingtaine d'années. Les Georges Ngango et autres François Sengat Kuo aujourd'hui disparus animaient la discussion. Le chef Milla Assoute aujourd'hui exilé volontaire à l'étranger se disait faire parti du courant progressiste.

Pour l'ancien secrétaire général de la présidence, le régime actuel et le parti qui le soutient sont complètement ossifiés. Il faut donc pour que les choses changent, aillent dans la bonne direction, des gens de sa carrure, de sa trempe avec des idées nouvelles.


Comment perd-on la qualité de membre du Comité central ou du bureau politique du Rdpc?

Nous ne connaissons pas suffisamment les textes de base du Rdpc pour savoir le sort réservé à celui qui prend quelques libertés surtout quand celui-là est membre des instances de direction que sont le Comité central et le bureau politique. S'agissant par exemple de l'Assemblée nationale, quand un député a certains types de problèmes, l'Auguste chambre lève son immunité afin de lui permettre de faire face à ces problèmes. Qu'en sera-t-il donc de Marafa qui il est vrai n'est pas encore condamné?


Le choix des collaborateurs

Le président Paul Biya doit désormais s'attarder sur le choix de ses collaborateurs qui ne cessent de le trahir, de l'abuser de temps en temps. Marafa n'est ni le premier ni le dernier. Il y a d'autres Marafa tapis dans l'ombre qui attendent la bonne occasion pour agir. Combien sont-ils? Paul Biya ne peut pas le savoir, hélas pour lui. Nous savons que dans l'actuel gouvernement, il y a des ministres toutes régions confondues qui soutiennent activement ce que l'ancien Sgpr est entrain de faire et qui prennent même part à des réunions de soutien au fils de Garoua ou plutôt de Bibemi.


21/05/2012
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