Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso se connaissent depuis bientôt vingt ans.

Cameroun  : Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso se connaissent depuis bientôt vingt ans.A priori, Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso sont deux hommes que tout oppose. Le premier est le fils d’une famille modeste de 12 enfants originaire de Garoua, alors que le second est le fils du milliardaire de Bandjoun, Victor Fotso. Marafa Hamidou Yaya a une trajectoire de haut commis de l’Etat, tandis qu’Yves Michel Fotso, homme d’affaires, n’a jamais séjourné dans l’administration publique, ni eu une carte d’un parti politique. Et ce, en dépit de l’engagement de son père au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). L’un est originaire du Nord, l’autre de l’Ouest. Ils ont un écart de près d’une décennie.

Marafa Hamidou Yaya est né en 1952 à Garoua, tandis qu’Yves Michel Fotso a vu le jour en 1960 à Yaoundé. Mais aujourd’hui, trois choses les rapprochent. Ils ont tous fait des études aux Etats-Unis, ils ont une bonne connaissance de l’administration et du jeu politique au Cameroun et enfin, ils sont tous deux jugés au tribunal de Grande instance du Mfoundi pour détournement d’une somme d’environ 16 milliards de Fcfa (29 millions de dollars), dont ils n’ont cessé de crier leur innocence depuis 2008.

Mais pour la petite histoire, Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre de l’Administration territoriale et l’ancien administrateur directeur général, Yves Michel Fotso se connaissent depuis près d’une vingtaine d’années. En 1993, l’ancien ministre de l’Administration territoriale est secrétaire d’État aux finances. Ses collaborateurs lui présentent un dossier en vue de la mise en vente aux enchères d’un véhicule stationné depuis quelques mois au port de Douala. Celui qui l’avait importé refusait en effet, de s’acquitter des droits de douane y relatifs.
En lisant ce dossier, il se rend compte que le véhicule était destiné au préfet du département du Koug-Khi, de création récente. Ce véhicule acheté par Victor Fotso devait permettre à cette autorité administrative (à laquelle l’État n’avait pas les moyens d’affecter une voiture de fonction), de remplir ses obligations professionnelles quotidiennes. C’est alors que le secrétaire d’Etat demande à ses collaborateurs de trouver une ligne budgétaire pouvant prendre en charge, les droits de douane. Par la même occasion, Marafa Hamidou Yaya demandera au préfet de s’organiser pour prendre livraison de son véhicule.

Quelques jours plus tard, Victor Fotso va remercier Marafa Hamidou Yaya. Avant de prendre congé du futur secrétaire général de la présidence de la République, le milliardaire va émettre le souhait de présenter son fils à son hôte. C’est ainsi que quelques jours plus tard, Yves Michel Fotso se rend au cabinet de Marafa Hamidou Yaya. Au cours de l’échange qui va suivre, le jeune Fotso lui dira s’être déplacé sur recommandation de son père. Quelques mois plus tard, Victor Fotso commet un livre intitulé «sur le chemin de Hiala». L’ancien administrateur directeur général de la Camair lui fait parvenir une édition de luxe, accompagnée d’une lettre de transmission.

Depuis lors les deux hommes se fréquentent avec assiduité. Ils trouveront toujours le temps pour se voir et se réconforter en période de malheur, comme pendant les périodes fastes. Dans l’épreuve, les relations se sont davantage consolidées. Leur détention au Secrétariat d’Etat à la défense, a les a encore plus rapprochés. La preuve: l’avocat de Marafa Hamidou Yaya a été commis pour le dépôt de la plainte d’Yves Michel Fotso contre le chef de l’Etat, Paul Biya et Cie, pour sévices corporelles lors de son transfèrement.

Accusés de détournements, les deux hommes sont conscients pour leur part, de payer le prix de l’amitié. Entre anecdote et souvenirs du temps de leur superbe, ils se rappellent qu’Amadou Ali a plus d’une fois, demandé au milliardaire de Bandjoun de livrer Marafa Hamidou Yaya à travers la société Beith Limited, qui a reçu 16 des 29 millions de dollars décaissés pour l’achat de l’avion présidentiel. Mais, pour l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, l’amitié n’est pas un délit.

© Mutations : Boris Bertolt


21/09/2012
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