Marafa, Abah Abah et Fotso: Premiers jours au Sed

YAOUNDÉ - 29 Mai 2012
© Assongmo Necdem | Le Jour

Chacun sera dans sa cellule dès la fin des travaux d’aménagement du quartier où ils ont trouvé trois autres détenus.

Au cours de l’après-midi d’hier, 28 mai 2012, tous quatre ont débarqué au secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie nationale (Sed). Eux, ce sont les avocats de Polycarpe Abah Abah, venus voir enfin leur client depuis son transfèrement, dans la nuit 25 mai, de la prison centrale de Yaoundé à Kondengui pour le Sed sis au quartier du Lac. Abah Abah, Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel Fotso y ont été conduits de force.

Les avocats, Jean-Calvin Bilong, Antoine Marcel Mong, Jean-Marie Nouga et Marion Nko'o, ont pu accéder au quartier où les trois nouveaux arrivants ont rejoint les anciens que sont Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Joseph Edou et Gilles Roger Belinga. «Les avocats des autres détenus peuvent également rencontrer leur clients s’ils le souhaitent. Ils peuvent venir à tout moment pendant les heures de travail. Les autres personnes sont aussi autorisées à venir, à condition d’avoir un permis de communiquer délivré par le parquet», rassure une source au cabinet de Jean-Baptiste Bokam, le patron du Sed. Un haut gradé soutient que Marafa, Abah Abah et Fotso ont été transférés sur ordre du procureur de la République près le Tribunal de grande instance du Mfoundi. «Ici, ils sont dans la toute nouvelle prison secondaire de Yaoundé créée par le ministre de la Justice le jour même de leur transfèrement», conclut-il.

Me Jean-Bilong dit avoir reçu ces mêmes assurances et explications au service central des recherches judiciaires du Sed, qui s’occupe de la garde des détenus. Une source ici minimise les actes de violence subis par ceux-ci lors de leur transfèrement. «Dès leur arrivée, ils ont été examinés par nos médecins qui ont d’ailleurs constaté leur bon état de santé», affirme le gendarme. Hier, les nouveaux pensionnaires du Sed ont reçu leurs repas des membres de leurs familles respectives, comme c’était déjà le cas au cours du week-end dernier. Leurs épouses ne cessent de défiler. Notamment Caroline Abah Abah et Cécile Fotso.


Réfections

Le quartier où Marafa, Abah Abah et Fotso ont rejoint les anciens est en réalité constitué de demeures qui existent au Sed depuis longtemps. Elles se situent en fin de prolongement de plusieurs bâtiments dont celui abritant le fichier central et le laboratoire central. Ici, on est vraiment au fond du Sed. Des aménagements ont été faits, même si un gendarme déclare que les travaux ont coïncidé avec l’arrivée des nouveaux détenus de l’opération Epervier. Le quartier est fermé par une clôture nouvellement construite. La couche de peinture, beige et rouge, est encore fraîche. De l’extérieur, on voit bien qu’à l’intérieur, les bâtiments sont disposés en forme de U. Il y a donc une cour.


Douches et Wc

De sources concordantes, les détenus sont logés deux à deux par cellule. Abah Abah et Yves Michel Fotso partagent le même local. Dès la fin des travaux d’aménagement en cours, chacun aura sa chambre. «Ici, les chambres sont modernes, avec des Wc et des douches internes. Rien à voir avec la prison de Kondengui où les prisonniers étaient sept dans une cellule ayant une latrine, partageant des lits à étages. Chacun a désormais un lit plus grand. Je doute que ces gens veuillent retourner là-bas», raconte un haut gradé de la gendarmerie. «Mais, prévient-il, nous sommes pleins. Il n’y plus de place pour d’autres personnes.» Polycarpe Abah Abah a l’air de se plaire au Sed. Lui qui a enfin pris une «vrai douche», selon un de ses proches. Toutefois, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances regrette les activités sportives qu’il n’a plus la possibilité de faire. Mais il apprécie la «gentillesse» des gendarmes affectés à la garde de ses compagnons et lui.

Toujours est-il que la surveillance est renforcée autour du quartier des détenus. Un poste a été crée à l’entrée, sous un prolongement de toiture flambant neuf, avec entre quatre et cinq gardiens armés de fusils et munis de détecteurs de métaux. De temps en temps, le portillon métallique rouge est ouvert de l’intérieur par un gendarme. Les visiteurs sont sommés de ne pas s’approcher. D’ailleurs pour y parvenir, il faut franchir l’obstacle d’une table qui occupe la voie étroite laissée par des voitures garées de part et d’autre du chemin vers Abah Abah et compagnie.



29/05/2012
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