Manœuvres - Operation Epervier: Paul Biya rencontre Dooh Collins à Genève

Yaoundé, 23 Août 2013
© Boris BERTOLT | Mutations

 

L’entretien, qui a eu lieu à l'hôtel Intercontinental, a entre autre porté sur l'affaire des «faux listings» dans laquelle «l'expert financier» mandaté par Amadou Ali serait impliqué.

 

 

Le Président Biya a fait une courte escale à Genève, en Suisse, avant de se rendre dans sa résidence privée de Baden Baden, en Allemagne, où il séjourne depuis quelques jours. Notamment à l'hôtel Intercontinental, où il a ses habitudes. Là-bas, le Chef de l'Etat a multiplié les rendez-vous, tout en prenant le soin de s'enquérir de la situation au Cameroun. Parmi ses multiples visiteurs, il y a eu un qui a fait l'objet d'où «mandat d'emmener» délivré par le Tribunal criminel spécial (Tcs) en avril: Francis Ebossé Dooh Collins. 

Les deux hommes, selon des indiscrétions, se sont entretenus sur plusieurs sujets dont celui lié à la conduite des investigations financières, par Dooh Collins, dans des banques occidentales afin de déterminer les noms des Camerounais susceptibles d'être poursuivis dans le cadre de l' «Opération Epervier», et qui a engendré l'affaire dite «des faux listings». 

Devant son interlocuteur, Dooh Collins n'a pas caché sa gêne par rapport à l'enquête actuellement en cours à la Direction de la police judiciaire, où il a été auditionné début mai, pendant trois heures pour des faits de «présomption de déclarations mensongères, diffamation et dénonciation calomnieuse». Il a tenté de rassurer le chef de ce que les accusations pesant contre sa personne ne sont guère justifiées. Après l'avoir écouté, le Chef de l’Etat a rassuré Dooh Collins de ce qu'il n'avait rien à craindre. D'où la satisfaction affichée depuis quelques jours par des proches. 

Sur l'état d'esprit de celui qui est connu comme «l'expert en intelligence économique», dans le cadre de l'opération de présumée de rapatriement des fonds détournés par des dirigeants et planqués dans des banques étrangères et autres paradis fiscaux, un de ses proches confie qu' «il est plus serein qu'il y a encore quelques semaines». 

La rencontre entre Paul Biya et Dooh Collins est intervenue au moment où la procédure judiciaire engagée contre celui qui est connu comme l'ancien «bras droit» d'Amadou Ali, dans le cadre de l'«Opération épervier» est au point mort. En effet, aucun développement notable, dans le cadre de cette affaire, n'a été signalé depuis son audition à la police judiciaire, le 8 mai dernier. Son passeport, qui lui avait été retiré; a été restitué «sur haute instruction», et il a pu s'envoler fin juin pour l'Europe et a déposé ses valises à Genève, où est située son entreprise Strageco Consulting Sarl, un cabinet conseil en intelligence économique. 

Avi Abraham Sirvan 

Ce n'est pas la première fois que Paul Biya et Dooh Collins se retrouvent. Habitué de l'hôtel Intercontinental depuis plusieurs années, le Chef de l'Etat l'y a reçu à plusieurs reprises dans le cadre d'activités ayant trait à la sécurité et la défense nationale. «Dooh Collins est un prestataire de services à la présidence», confie une source introduite. Une posture qui lui a permis de tisser des liens d'amitié avec l'entourage le plus proche du Chef de l'Etat. Il est, selon ceux qui l'ont côtoyé, «un homme de l'ombre». Il était proche du lieutenant-colonel israélien Avi Abraham Sirvan, décédé le 22 novembre 2010 au Cameroun des suites d'un accident d'hélicoptère. L'actuel délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguéle, est également cité comme faisant partie de son registre d'amis. 

Dooh Collins ne manque pas de renvoyer l'ascenseur au Président de la République, qu'il appelle «patron» devant des proches. Au-delà d'avoir participé à l'acquisition, auprès de la Turquie, du Rio Del Rey, un bateau géant actuellement utilisé par le Bataillon d'intervention rapide (Bir), il serait l'un des grands artificiers de la visite de Paul Biya en Turquie, en mars 2013. 

Mais rien n'est sûr quand l'avenir de Francis Dooh Collins. Comme lui, de nombreuses personnalités aujourd'hui incarcérées. 

Kondengui et au Secrétariat d'état à la défense (Sed) ont également sollicité Paul Biya, qui n'hésitait pas à leur donner toutes les assurances. Ce fut le cas avec Yves Michel Fotso, dont le passeport a été restitué avant qu'il ne soit arrêté plusieurs mois plus tard. La même démarche a été utilisée avec Marafa Hamidou Yaya, en 2008. Au moment où il est interdit de sortie du pays par Joseph Emmanuel Edou, à l'époque Dgsn, suite à une ordonnance du juge Pascal Magnaguemabé, c'est Paul Biya qui instruit que le passeport de l'ancien Ministre de l‘Administration territoriale lui soit rendu. Jean Marie Atangana Mebara, ancien Secrétaire général à la présidence de la République, n'a pas eu un sort différent des deux premiers.



25/08/2013
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