Manœuvres: Le Rdpc prépare son congrès

DOUALA - 18 FEV. 2011
© A. Mbog Pibasso | La Nouvelle Expression

Le parti présidentiel pourrait tenir un congrès dans la mouvance du 26è anniversaire du Rdpc, le 24 mars 2011.


Cadres du RDPC (Douala, Mars 2010)
Photo: © Cameroon-Info.Net Archives


Sera-t-il ordinaire ou extraordinaire ? C’est sans doute un autre débat. Toujours est-il que selon des informations réputées crédibles émanant de l’entourage immédiat de la présidence national, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) tiendra très prochainement un congrès. Bien que la date officielle soit encore secrète, des sources proches du dossier laissent croire que cette grand’messe très attendue non seulement par des militants et sympathisants, mais également par des observateurs de l’espace sociopolitique, pourrait avoir lieu au plus tard en mi-avril 2011.

Le congrès ordinaire, attendu depuis des années, pourrait enfin se tenir puisque sauf changement de dernière minute, le congrès aura lieu dans la mouvance de la célébration du vingt-sixième anniversaire du Rdpc le 24 mars prochain.

Malgré une certaine discrétion affichée par la direction du parti pour la conduite des opérations, les préparatifs du prochain congrès se poursuivent activement, au point que Paul Biya son président national pourrait en faire l’annonce à tout moment. Toutefois, dans certains milieux de la présidence de la République où l’on fait état de « l’agenda chargé du président de la République cette année », non seulement la thèse d’un congrès « imminent » du Rdpc est bel et bien accréditée, mais, d’aucuns vont même à indiquer qu’il se tiendrait d’ici deux mois à Yaoundé, au palais des Congrès qui fait office du siège du parti, et non à Douala comme cela aurait été envisagé à un moment par la hiérarchie du parti.


Légitimité pour le président national

En attendant que le chef de l’Etat, par ailleurs président national ne se prononce définitivement sur la date du prochain congrès, l’on affirme dans son entourage que le congrès dont il est question est « bel et bien le congrès ordinaire ». Evidemment, c’est le congrès ordinaire qui passionne les militants du Rdpc, puisqu’il faut remonter quinze ans plus tôt pour retrouver les traces du dernier congrès ordinaire du « parti de la majorité responsable ». Pourtant, les textes fondateurs stipulent que le parti tient le congrès ordinaire tous les cinq ans, sans oublier que l’article 37 du règlement intérieur du Rdpc dispose que le congrès ordinaire se tienne après le renouvellement des structures de base. En l’état actuel, sauf une dérogation spéciale qui consisterait par exemple à écourter le mandat des responsables locaux élus en 2007, le congrès ordinaire pourrait difficilement se tenir. C’est dire que non seulement les mandats des principaux responsables, aussi bien des membres du Bureau politique que ceux du Comité central sont désuets. Hormis les membres du Comité central qui appartiennent à la dernière cuvée des présidents de sections élus en 2007, il n’y a véritablement que le président national qui jouit de la légitimité et de la légalité, car chaque fois que c’est nécessaire, Paul Biya prend le soin d’organiser un congrès extraordinaire pour se donner une nouvelle légitimité.

Selon toute vraisemblance, Paul Biya voudrait être en phase avec les textes fondateurs de sa formation politique avant de briguer un autre mandat à la tête du pays lors de l’élection présidentielle d’octobre prochain. Au regard des divergences et des batailles de positionnement qui ont fait leur lit au Rdpc, il est claire que les places au Bureau politique et au Comité central vont se vendre chères. Une opération généralement source de moult coups bas, dont une gestion peu efficace peut produire des résultats contraires aux objectifs du parti. Est-ce pour cette raison que les instances dirigeantes du parti voudraient s’entourer d’un minimum de précautions avant de déclencher la machine ? Ce n’est pas improbable. D’autant que des batailles de chiffonniers sont observées dans toutes les sections du parti à travers le pays, y compris pendant la « campagne d’intensification des inscriptions sur les listes électorales » où ils étaient au moins censés parler le même langage. La cassure étant profonde, les uns voulant en découdre avec les autres, n’hésitent même pas à nouer des alliances contre nature.


Juvénisation et innovations

Du coup, certains dans les rangs du parti en viennent à se demander si un congrès ordinaire du Rdpc en cette année électorale ne créera pas plus de problèmes qu’il en résoudra. En tout état de cause, le président national serait disposé à donner un nouveau visage au parti, avec des changements notables au sein de Bureau politique dont les membres pourraient passer de vingt-et-un à trente, tandis que le Comité central pourrait se retrouver avec environ un demi millier de membres, titulaires et suppléants confondus. Par ailleurs, l’option de la juvénisation devrait être confirmée, de même que la création des organes opérationnels afin de rendre moins lourd, le Comité central.

Toujours sur le chapitre des innovations, l’on devrait être définitivement fixé sur la place des « personnalités ressources d’accompagnement » prévue nulle part dans les textes, mais dont la présence parce que constituées essentiellement de ministres, directeurs généraux de sociétés et opérateurs économiques, fait actuellement ombrage aux présidents de sections, pourtant reconnus par les textes comme des patrons politiques à la base. Le toilettage des textes avec une « sérieuse option pour la modernité » devrait permettre au Rdpc d’être un parti plus proche des aspirations populaires, prédit-on.


09/03/2011
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