Manœuvres: Le Premier Ministre Philemon Yang chasse les proches de Cavaye Y. Djibril de l’ENAM

Douala, 08 avril 2013
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager

Six élèves inscrits à l’école nationale d’administration et de la magistrature (Enam) sous le sceau du président de l’Assemblée nationale en 2012 ont été renvoyés de la grande école vendredi dernier sur instruction de Philémon Yang.

La promotion 2012-2014 de l’Enam vient d’être dépourvue de six de ses éléments. Ces élèves ont été prévenus par Toussaint Mendzana, directeur général de l’école, vendredi 5 avril 2013 qu’ils ne devraient pas retourner sur la «colline du quartier du Lac à Yaoundé» ce lundi. Et pour cause, leur a indiqué le chef d’établissement, le Premier ministre a instruit qu’ils passent par des méthodes réglementaires pour intégrer à nouveau l’école qu’ils fréquentent depuis un peu plus de quatre mois.

De fait, les six jeunes gens ainsi exclus sont des cas spéciaux parce qu’admis à l’école sur la seule « instruction » de Cavaye Yéguié Djibril au titre de la formation des cadres administratifs de l’Assemblée nationale. Ce qui est une tradition depuis des décennies. Mais cette année-ci, le gouvernement voit d’un mauvais œil qu’une poignée de personnes intègre l’école et en ressortent munie des même parchemins que leurs camarades qui y ont été admis par voie de concours alors qu’ils ont été inscrits simplement par les bons soins du président de l’Assemblée nationale. Moralité ? Les 6 exclus devront attendre les prochains concours de l’école pour se frotter à la concurrence du congrès [appellation du concours de l’Enam dans les milieux estudiantins en raison du nombre élevé de postulants, Ndlr].

L’entourage du Pan contacté par Le Messager affirme que le président de la chambre basse du parlement a pris acte de la décision du gouvernement et s’en est remis à l’arbitrage du président de la République qu’il avait déjà saisi par le passé pour la même question alors que la direction générale de l’Enam l’exhortait à se plier aux critères de concours pour faire admettre le personnel du parlement au sein de la prestigieuse école. Tapant sur le même clou, un très proche de Cavaye – ayant requis l’anonymat - affirme que le Cameroun n’ayant pas d’école d’administration parlementaire, il est impérieux que le personnel de la maison qui vit au quotidien, l’activité parlementaire aille à l’Enam se brancher sur le flux des rouages de l’administration afin de rendre l’activité parlementaire plus efficace comme cela se fait sous d’autres latitudes.

Mais la cohue qui s’est saisie de ce scandale a sa petite idée sur la trame de l’histoire. La chronique mondaine pense en effet, que le Pan s’est longtemps servi de cette passerelle offerte par le gouvernement pour faire admettre « sans concours, cousins et voisins du village » à l’Enam. Ce, d’autant que l’essentiel des personnes dont les noms figurent dans les listes du Pan transmises à la direction générale de l’Enam depuis une dizaine d’années est issu de la même aire sociogéographique que lui. Pour eux, le gouvernement aurait ainsi simplement décidé de stopper la manœuvre en priant Cavaye Yéguié Djibril de revenir à l’orthodoxie.


Focal: Coups de tête … pas très honorable

Que ces dernières années auront été rudes pour la notoriété du « très honorable » Cavaye Yéguié Djibril… Jadis craints par les membres du gouvernement quasiment à ses pieds, le Pan a dû faire face à plusieurs actes d’humiliations de l’exécutif depuis 2011. Celui qui est pourtant la deuxième personnalité de République était resté impuissant en juin 2011 face Jean Nkuété, alors vice-Premier ministre chargé de l’Agriculture qui au cours du lancement de la saison agricole de cette année-là affirmait que « le très honorable président de l’Assemblée nationale n’a pas raison. Le coton camerounais ne se porte pas si mal.» C’était une violente réplique au discours du Pan qui quelques jours avant, à l’ouverture la session de juin de la représentation nationale, affirmait que « le coton camerounais file du mauvais coton » réclamant en des mots à peine voilés, la tête de son principal dirigeant, Iya Mohamed.

Le propos de Jean Nkuété qui fut repris par les journaux avait sérieusement irrité le Pan qui, à la recherche d’une bouée de sauvetage dans ce psychodrame » n’hésitait pas de taxer les journalistes de corrompus. « Lorsque je dis que le coton camerounais ne se porte pas bien. Les journalistes vont prendre 15.000 et 1.0000 Fcfa pour dire que, j’ai tort. J’ai raison », tempêtait-il à l’hémicycle au cours d’une séance de la question orale au cours de la même session. Le Pan s’accrochait ainsi aux journalistes visiblement pour éviter Jean Nkuété présent dans la salle. Quelques temps avant, Cavaye essuyait une douche froide à l’aéroport de Nsimalen, lorsque revenant d’un voyage, les équipes de la gendarmerie en poste le privait d’une partie de son escorte. Le Pan pris la mouche et s’en remettait au ministre délégué à la présidence chargé de la Défense pour une sanction à la hauteur de l’humiliation que lui avait fait subir la commandante des troupes.


Le plus récent affront qu’a essuyé Cavaye est venu du président Biya lui-même. Sous sa casquette de président national du Rdpc, le chef de l’Etat biffait le nom du Pan ainsi que des autres députés issus de son parti parmi les postulants aux sièges de sénateurs. Pourtant, Cavaye aurait attendu en vain jusqu’à la dernière minute, un signe de refus en catimini de l’homme à qui il a promis en octobre 2011 de « verser la dernière goutte de sang pour le défendre » afin de retirer sa candidature pour lui éviter une humiliation en public. Paul Biya refusera d’envoyer ce signe à Cavaye. Et le brave homme se prenant pour un exégète des messages non-dits du président prenait ce silence pour un « oui ». Il prendra sur la place publique un « non » en plein visage !

Rodrigue N. TONGUE


08/04/2013
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