Management: Les dérives autocratiques du DG de la CNPS

Yaoundé, 13 Février 2013
© Dominique Mbassi | Repères

Les méthodes de M. Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, faites d'abus de pouvoir, délestages des compétences, affectations et sanctions en guise de représailles, etc. nourrissent un profond malaise au sein de la Caisse nationale de prévoyance sociale.

La hiérarchie, de la présidence de la République au conseil d'administration en passant par le Ministère du Travail et de la sécurité sociale (tutelle technique) et le Ministère des Finances (tutelle financière), n'ignore rien du mélodrame que vit la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). A ce sujet, depuis bientôt quatre ans, elle est inondée de plaintes, dénonciations et autres notes alarmantes émanant des syndicats, des Délégués du personnel et des Cadres de la maison sur les dérives autocratiques ayant cours au sein de ce mastodonte doté de 135 milliards de FCFA de budget en 2013.

Le dernier avatar du malaise qui pollue l'environnement de travail à la Cnps est ce qu'il est convenu d'appeler le feuilleton Directeur Général-Agent comptable. Le premier, sans en apporter la preuve, décrie dans un courrier électronique adressé le 1er février au personnel «les agissements de concussion et de corruption» du second.

«Le Directeur Général est triste d'informer le personnel de la Cnps que, du fait du sabotage organisé par Monsieur Bodo Simon, Agent comptable, les salaires du mois de janvier ne seront pas payés à la date initialement prévue. En effet, poursuit M. Mekulu Mvondo Akame, celui-ci exige que des primes spéciales lui soient payées "pour avoir accepté de signer" les rappels de salaires de 9,5 milliards de francs aux personnels».

Il est pourtant de notoriété publique à la Cnps que l’Agent comptable ainsi jeté en pâture, bien qu'ayant apposé son paraphe sur les états financiers afin d'éviter une crise sociale, est frappé d'ostracisme par la suppression de l'agence comptable dans le dernier organigramme adopté le 3 décembre 2012 par le conseil d'administration sur initiative du DC. La Direction Générale est allée jusqu’à bloquer la puce de son téléphone de service.

En réalité, croit savoir M. Paul Mbondjo Ngolong, alors Directeur des Affaires Générales (DAG), dans une correspondance adressée le 14 novembre au Ministre du Travail et de la sécurité sociale, il s'agit là d'une stratégie du DG visant à «détourner les attributions, marginaliser ou bloquer l'action des autres responsables de la chaîne de dépense de la structure pouvant faire contrepoids à ses errements (DAG et Agent comptable)».


DÉLESTAGE DES ATTRIBUTIONS

Si, pour contourner l'indépendance de l'Agent comptable le DG a créé le département de la comptabilité pour hériter de ses attributions, le DAG est mis en semi-chômage au moyen de la création de la Direction des Finances et du patrimoine qui rogne sur ses attributions. Pour avoir contesté la note d'évaluation que lui attribue le DG le 18 mai 2012, cinq jours plus tard M. Mekulu Mvondo Akame le met à l'étroit, en accordant délégation de signature à son Adjoint pour l'exercice de certaines compétences. M. Mbonjo perdra quelque temps après son poste.

Pis, en cas de désaccord, la Direction Générale supprime ou réduit les ressources financières statutaires affectées à l'accomplissement du travail. Ainsi, entre 2009 et 2012, la DAG qui a bénéficié d'une dotation globale 127 milliards de FCFA, n'a pu, en raison de toutes sortes d'entraves, effectuer des engagements qu'à hauteur de 7 milliards de FCFA, soit 5,69 % de sa dotation.

Et encore, ce n'est que, d'après des sources internes, la partie visible de l'iceberg. Sous cape, elles évoquent, preuves à l'appui, des dépôts à termes faramineux en toute illégalité dans des micro-finances, la participation à des emprunts obligataires à l'insu de la hiérarchie et en dehors de toute transparence, l'exigence de mise à disposition de cartes bancaires illimitées dans le compte le plus fourni de l'entreprise, etc.

Malheur à ceux qui lui résistent. La demande d'explications apparaît comme l'une des armes imparables du DG, qui en distribue à tout-va, même les plus farfelues. Ainsi de celle adressée en 2012 à l'Agent comptable au motif qu'il est revenu au DG «par un des protagonistes que vous avez présenté mon bulletin de solde à un journaliste et à un responsable du Ministère des Finances. Les bulletins de solde des personnels de la Cnps, davantage encore du DG, doivent rester confidentiels».


LA PEUR S'EMPARE DU PERSONNEL

La peur est telle, que d'aucuns n'osent plus s'exprimer à visage découvert. C'est ainsi qu'une «Ligue invisible», constituée de personnel de la Cnps, a vu le jour pour soutenir le combat mené par les Délégués du personnel. L'une de ses correspondances datée du 16 juin 2012 dénonce les méthodes du DC, qui a «à son service son Commissaire de police qu'il a recruté pour un flicage professionnel des agents, ses espions qu'il a placés dans tous les services (...) et son Magistrat (...) pour monter les dossiers aux fins de licenciements».

Cette «Ligue invisible» dénonce «les manœuvres morbides qu'il (le Dg) a développées à l'issue du conseil d'administration extraordinaire fictif du 20 avril 2012, car seul le conseil ordinaire a siégé. En effet, profitant de l'état précaire du PCA (trop vieux et maladie, Mekulu lui a fait signer des délibérations illégales en usant de manœuvres dolosives.»

La première délibération porte sur la sortie définitive de la Cnps de la convention collective à compter de sa signature alors que la 2è lui donne quitus pour la négociation d'une nouvelle collective de la sécurité sociale, celle des communes et des mutuelles.

Seulement, dans une note d'information datée du 31 janvier 2013, les Délégués du personnel regrettent l'absence du Dg aux travaux de la commission de négociation et dénoncent les sanctions et affections illégales qui leur sont infligées en guise de représailles. Les Délégués du personnel poursuivent: «une grave crise a pris corps à la Cnps. Elle plonge dans la peur l'ensemble du personnel et risque de toucher les pensionnés et les autres assurés sociaux».

Une correspondance de 13 pages, ci-après reproduite dans son intégralité, adressée au Président du conseil d'administration le 31 octobre 2012, donne la pleine mesure de la réalité à la Cnps.



13/02/2013
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