Mali, Capitaine SANOGO : le Dadis malien ?

Mali, Capitaine SANOGO : le Dadis malien ?

Amadou Sanogo:Camer.beDepuis le mercredi 21 mars 2012, beaucoup de choses ont changé au Mali. L’acte symbolique de ce chambardement, c’est bien l’émergence d’une junte militaire en lieu et place du pouvoir constitutionnel, qui était incarné par le président Amadou Toumani Touré. A la tête de cette junte, s’affirme progressivement un homme, le capitaine Amadou Haya Sanogo.Un jeune capitaine qui, à plusieurs égards, ne manque pas de rappeler un autre capitaine qui dans des circonstances quasi similaires, s’était imposé au devant de l’actualité en Guinée, il y a un peu plus de trois ans. Il s’agit du capitaine Moussa Dadis Camara qui, à la tête du fameux CNDD, avait succédé au général Lansana Conté, mort le 22 décembre 2008. En plus de leur jeunesse et de leur inexpérience, les deux hommes partagent également beaucoup d’autres choses dont le fait de n’être pas suffisamment connu au sein même de leurs armées respectives. Mais au-delà des hommes qui les conduisent, ce sont même les deux.

Mais au-delà des hommes qui les conduisent, ce sont même les deux coups d’Etat qui ont des points de ressemblance. Ce qui, pour les Maliens, n'est peut-être pas une bonne nouvelle.

Excepté le fait que Sanogo ait un teint plus foncé que celui de Dadis, les deux chefs de juntes ont beaucoup de traits de ressemblance.

C’est ainsi que, comme les Guinéens il y a plus de trois ans, les Maliens ont regardé avec une certaine curiosité les premières images montrant le capitaine Amadou Haya Sanogo. Parce que comme Dadis, le chef du Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat, CNRDR, n’est pas particulièrement connu de ses compatriotes. Situation d'autant plus compréhensible que le nouvel homme fort n’avait pas exercé de hautes fonctions dans la hiérarchie de l’armée malienne. Sa jeunesse et son grade ne l’y autorisaient peut-être point. Ou peut-être que le népotisme dont on parle aujourd’hui l’en aura empêché. Du coup, il a également en commun avec l’actuel pensionnaire de la résidence Ouaga 2000, l’inexpérience.

Toutes choses qui se manifestent au travers d’un brin d’agitation et de spontanéité qui caractérise ses premières déclarations. On sent tout de suite qu’on n’a pas affaire à quelqu’un qui était particulièrement préparé à l’exercice de la mission qui est, de fait, la sienne. Motivé et se voulant bien intentionné, le capitaine Sanogo est là aussi sur les traces de son prédécesseur guinéen. Il se veut aussi "sincère". Un terme qui était particulièrement cher au capitaine Dadis.

Quant aux premières intentions, le capitaine Sanogo indique qu’il n’est pas dans le désir de son équipe de "s’éterniser au pouvoir!". Cette promesse pourrait faire sourire plus d’un. Parce qu’au sommet de sa gloire à la tête du CNDD, le capitaine Dadis n’avait pas dit moins. Mais dans le cas guinéen, le chef de la junte s’était tout de même montré un peu plus précis, quant au délai au bout duquel il rendrait le pouvoir. A cela s’ajoute une dimension un peu plus vague des motivations du coup d’état et de la mission du CNRDR, telles qu’elles ont été énoncées par le capitaine Sanogo.

Au-delà des ces quelques points identiques chez deux chefs de junte, les observateurs notent que ce sont certaines attitudes que l’on peut déjà remarquer de la part et à l’endroit du CNRDR qui font penser au CNDD. Il s’agit notamment des scènes de pillage qui traduisent le caractère relatif de l’autorité de la nouvelle junte sur l’ensemble de l’armée malienne. Autant Dadis avait une voix de stentor avec des colères légendaires, autant Sanogo avec sa voix éraillé, peine à s'exprimer et inspire pitié !...

On a également le fait qu’à l’intérieur du pays, à certains égards les putschistes soient perçus à la fois comme des héros et des sauveurs, alors que de l’extérieur les condamnations les plus fermes pleuvent, les unes après les autres. Mais il faudra tout de même faire remarquer qu’à la différence du CNDD d’il y a quelques années, le CNRDR suscite une certaine hostilité de la part des grandes forces politiques maliennes. Les partis politiques, associations et autres syndicats exigent son départ immédiat !

Une attitude qui pourrait s’expliquer par la mésaventure qu’avait eue le capitaine Dadis et dans laquelle, il avait failli entrainer la Guinée, alors même qu’il avait été applaudi des deux mains par les forces politiques et sociales guinéennes à son avènement. Décidément, le passé peut servir à quelque chose !

© GuineeConakry.info : Pivi Bilivogui


28/03/2012
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