Malaise au ministère des Relations extérieures.

Source: Camer.be 06 10 2016

 

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Des diplomates dénoncent leur mal être et demandent le toilettage de leur statut qui date de 1975.

Depuis lundi dernier, ce n’est pas la grande affluence au ministère des Relations extérieures, situé au quartier Nlongkak, à Yaoundé. Très remontés contre le secrétaire général de ce ministère, Felix Mbayu, qui assure l’intérim du ministre Lejeune Mbella Mbella, en déplacement à Genève (après avoir séjourné aux Etats-Unis et en Israël), des diplomates en service dans ce département ministériel ont décidé de n’y faire que de brèves apparitions, à défaut de rester au quartier pour vaquer à d’autres occupations.

 

Tout est parti du post d’un chef de service dans le groupe Whatsapp dénommé «Diplo-idées» créé par le secrétaire particulier du ministre Mbella Mbella, dans le but de recueillir les préoccupations des diplomates du Cameroun et de l’étranger, pour ensuite les porter à la hiérarchie. En fait de post, il s’agit d’un diagnostic sans complaisance de la diplomatie camerounaise aujourd’hui. L’auteur regrette d’emblée l’application sélective du décret du 22 avril 2013 portant organisation du Minrex. «Depuis trois ans, aucun des postes prévus par le texte réglementaire n’est pourvu (…), à part celui de chef du secrétariat particulier du nouveau ministre», rapporte-t-il, avant de recenser toutes les misères des diplomates camerounais sous le Renouveau.

 

«L’importance qu’on accorde à un secteur peut être mesuré, entre autres, par l’existence et la régularité des cadres de rencontre entre ses principaux acteurs. Ainsi les militaires et policiers ont leur cadre de concertation, qui se tient peu ou prou : le Conseil de sécurité présidé par le président de la République. Les magistrats ont leur Conseil supérieur de la magistrature, qui se tient plus ou moins régulièrement, sous la présidence effective du chef de l’Etat. Mais les diplomates n’ont pas droit à une conférence des ambassadeurs (…). Au Cameroun, la dernière conférence des ambassadeurs dont on se souvient s’est tenue en 1985»,  écrit le diplomate.

 

Ce cadre du Minrex s’indigne de ce que le président de la République ne s’est jamais rendu à l’Iric, même à l’occasion du quarantenaire de cette école en 2011, alors que Paul Biya a présidé le cinquantenaire de l’Enam en 2009 et est toujours présent aux cérémonies de sortie des élèves officiers de l’Emia. Le pavé dans la mare se poursuit : «Pourquoi depuis des décennies, le dossier relatif à l’adaptation et à l’amélioration de leur statut [celui des diplomates, ndlr] n’a jamais prospéré et/ou connu une issue heureuse. Qu’est ce qui fait problème à ce niveau ? C’est curieux quand même que jusqu’à présent, les diplomates soient régis par le décret n°75/773/ du 18 décembre 1975 portant statut particulier du corps de la diplomatie. Un texte devenu absolument obsolète».

 

Le diplomate se désole également de ce que jusqu’à ce jour les missions diplomatiques du Cameroun en Espagne, au Gabon et en Israël ne soient pas pourvus en ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires. Une fois au courant de cette tribune incendiaire publiée sur les réseaux sociaux, le SG du Minrex fait convoquer l’auteur dans ses services. Il lui rappelle l’obligation de réserve auquel il est astreint et menace de le sanctionner. Ce dernier a beau insister qu’il s’exprimait dans un cadre restreint, rien n’y fait. Mis au parfum de la tournure des choses, d’autres diplomates, notamment ceux de la même promotion que le «citoyen engagé», font savoir à Félix Mbayu qu’ils partagent les positions du chef de service sous inquisition et préviennent que la moindre sanction à son égard conduira à une grève  au Minrex.

 

Camouflet

 
Ce d’autant plus que les menaces du SG surviennent alors que les diplomates en service au Minrex font face à des frustrations dans leurs différentes directions. Ils sont en vadrouille, faute de bureaux. Ceux qui en ont n’ont pas de matériel de travail, pas d’internet. La prime trimestrielle de 66.000 FCFA à laquelle ils ont droit n’a été payée cette année qu’en juillet dernier. L’administration entend d’ailleurs dorénavant payer cette prime en fonction du rendement. «De quel rendement s’agit-il ? Avec quels moyens de travail ? On nous impose d’être là tous les jours à 7h, en tenue décente. Mais au quotidien, nous vivons dans la misère», fulmine un diplomate.

Face à «l’entêtement» de Félix Mbayu, qui refuserait de classer cette affaire, un collectif des diplomates, qui va au-delà du groupe whatsapp (lequel compte plus de 100 membres) est né. Ce collectif a réaménagé le «brûlot» qui a suscité le courroux du SG du Minrex, pour en faire une pétition adressée au président de la République. Ladite pétition (qui s’inspire du document publié en Page 15) sera remise demain au ministre Lejeune Mbella Mbella, au cours de la réunion de crise que va présider le Minrex, dont le retour est bercail est prévu ce jour.

 

Cette sortie à la roquette des diplomates en service au ministère des Relations extérieures est un camouflet pour le président de la République et sa «diplomatie de présence et de discrétion», mais davantage pour tous les diplomates et enseignants de diplomates qui travaillent (ou qui ont travaillé) auprès du chef de l’etat. Il s’agit notamment de Martin Belinga Eboutou, Ferdinand Ngoh Ngoh, Luc Sindjoun et René Emmanuel Sadi.

 



06/10/2016
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