Lutte contre la drogue : Quelle efficacité ?

Lutte contre la drogue : Quelle efficacité ?

Cameroun - Lutte contre la drogue : Quelle efficacité ?«En rangeant les effets de ma fille de 15 ans partie en vacances chez sa tante, j’ai trouvé des sachets d’alcool, des cigarettes et un joint dans son sac de classe. Je ne m’en suis pas toujours remise. Je croyais que ces choses ne concernaient que les délinquants, les enfants abandonnés à eux-mêmes. Je ne sais quoi faire», confie une mère de famille visiblement éprouvée, à une réunion d’église.

Depuis quelques années, la consommation de l’alcool et du tabac s’est démocratisée, s’étendant aux jeunes. Le cannabis, fortement combattu depuis les indépendances, fait aujourd’hui plus qu’un timide retour. Les zones rurales et les espaces festifs, dans les villes, sont considérés comme à l’avant-garde de cette pratique, selon les forces de l’ordre.

« Au Cameroun, les milieux sociaux touchés par la consommation du cannabis ont tendance à s’élargir, devenant hétérogènes au point qu'il est difficile aujourd'hui de dresser un portrait type du consommateur. Vous avez certes beaucoup de jeunes, mais aussi des intellectuels et des familles bien sous tout rapport », explique-t-on du côté du Comité national de lutte contre les drogues, qui tire le signal d'alarme.

A entendre ses responsables, le cannabis n'est plus, comme autrefois, réservé aux vieillards dans les villages où l’on se roulait de temps en temps un joint pour tenir au champ. De milliers de Camerounais l’ont déjà expérimenté. « Les usagers les plus nombreux désormais sont ouvriers, prostituées et employés, juste derrière les personnes se déclarant sans emploi », assure notre source.

L’arrivée des drogues dites dures sur « le marché » constitue aussi un sujet d’inquiétude pour les pouvoirs publics. En effet, l’apparition de l’héroïne, la cocaïne et même de l’ecstasy, connu pour être la drogue du violeur, a été confirmée. Il a, par exemple, été établi que la proxénète du quartier Melen à Yaoundé, en cavale depuis le scandale, en faisait usage sur les enfants qu’elle prostituait.

D’après les autorités compétentes, la situation se dégrade depuis quatre ou cinq ans. Le Cameroun paierait ainsi, comme d’autres pays du continent jusque-là à l’abri du phénomène, la volonté de diversification des trafiquants africains, confrontés à la saturation du marché et au verrouillage des circuits dans leurs zones traditionnelles d’activité. « Ils ont tendance à faire du pays et principalement de Douala un relais pour inonder un pays voisin bien connu. Ce qui nous inquiète, c’est la disponibilité de ces produits. Ils circulent sous le manteau et n’importe qui peut en transporter par petites quantités », continue notre source.

A 100 ou 200 FCFA quelques feuilles séchées, le cannabis est le produit le moins cher sur le marché. De fait, il est à la portée de toutes les bourses. C’est aussi le produit illicite le plus consommé au Cameroun. La cocaïne reste, elle, la drogue la plus onéreuse. Il faut compter au moins 50.000 FCFA, le gramme du produit pur.

Aussi, reste-t-elle principalement l’affaire des gens de la haute société. Alors que la diffusion de la drogue se redessine sur le continent, les pouvoirs publics ont saisi l’urgence de combattre le phénomène plus en amont, en asséchant l’offre de produit. D’où la coopération avec les polices des pays de la sous-région dans le cadre d’Interpol. La journée du 26 juin, consacrée à la lutte contre l’abus et le trafic illicite des drogues, est l’occasion de faire le point sur les campagnes menées dans notre pays.

© Source : Cameroon Tribune



30/06/2012
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