Lutte contre la corruption : Fausses pistes, vrai combat

Lutte contre la corruption : Fausses pistes, vrai combat

Cameroun - Lutte contre la corruption : Fausses pistes, vrai combat L’interpellation de personnalités en vue, dans le cadre de la lutte contre les atteintes à la fortune publique, n’avait jamais autant fait couler encre et de salive que depuis le 16 avril dernier. Suite au placement en détention préventive de MM. Ephraim Inoni et Marafa Hamidou Yaya pour « détournement de deniers publics en coaction et complicité », les réactions les plus diverses ont fusé au sein de l’opinion publique. Moins que les chefs d’inculpation retenus contre ces deux anciens hauts responsables de la République, ce sont davantage leur stature et leurs précédentes positions dans les hautes sphères de la direction du pays qui semblent avoir le plus suscité l’émoi.

Il est sans doute tout à fait compréhensible que l’interpellation de pas moins qu’un ancien Premier ministre et un ex ministre d’Etat revête une intensité dramatique autrement plus prégnante qu’un banal fait divers. Pour autant, le fait que la machine judiciaire, implacable par essence, se remette en branle, devrait rappeler à tout un chacun le fameux proverbe latin : « Dura lex, sed lex ». « La loi est dure, mais c’est la loi » ; dans la mesure où les lois s’appliquent – ou sont censées s’appliquer – sans discrimination, même à tout citoyen jusque-là connu pour être honnête et méritant, mais tombé sous le coup de la loi. Le déclenchement de la procédure judiciaire devrait d’autant moins être influencé par le niveau des responsabilités antérieures des personnalités en cause qu’il intervient dans un contexte suffisamment connu.

Lancée il y a plusieurs années, la véritable croisade contre la corruption, « ce mal qui ronge notre société et freine notre marche vers le progrès » et que le chef de l’Etat n’a de cesse de fustiger, a jusqu’à récemment été plombée par toutes sortes de pesanteurs. Le dernier événement en date intervient dans un contexte où la donne a profondément évolué s’agissant du dispositif de promotion de la morale publique. Tout est parti du troisième congrès ordinaire du RDPC à l’ouverture duquel son président national, le chef de l’Etat Paul Biya, a, dans son discours de politique générale, réaffirmé la détermination des pouvoirs publics à combattre sans répit la corruption et le détournement des deniers publics : « Ma détermination à combattre ce fléau est totale […] la lutte contre la corruption va se poursuivre en s’intensifiant, sans complaisance, sans discrimination, indépendamment du statut social ou de l’appartenance politique des personnes incriminées. Personne ne pourra se considérer comme étant au-dessus des lois. »

L’autre aspect et non des moindres à considérer dans cette affaire, c’est que l’appareil judiciaire a le loisir de déployer son action dans un environnement clarifié. Un dispositif institutionnel de lutte contre la corruption bien structuré fonctionne, qui comprend notamment : la Chambre des Comptes de la Cour suprême qui juge de la régularité des comptes de l’administration publique et de ses démembrements ; la Commission nationale anti-corruption (CONAC) qui est passée de la phase pédagogique à une phase véritablement opérationnelle ; l’Agence nationale d’Investigation financière (ANIF) ; le Contrôle supérieur de l’Etat ; l’Agence de Régulation des Marchés publics (ARMP).

A l’action de ce dispositif institutionnel, il convient d’ajouter le rôle répressif des juridictions nationales traditionnelles. Last but not the least, une nouvelle juridiction à la compétence plus pointue a vu le jour. Il s’agit du Tribunal criminel spécial institué aux termes de la loi promulguée le 14 décembre 2011, dispositif de répression conçu pour être efficace et plus rapide dans les procédures concernant les affaires de détournement des deniers publics portant sur des montants d’au moins 50 millions de francs.

© Cameroon Tribune : Monda Bakoa


23/04/2012
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