L’Undp et les présidentielles

L’Undp et les présidentielles


 

1992-2004. La position de Bello Bouba, au fil des années.
 
Hier matin au siège de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), sis à proximité de Mahima Elig-Essono, Bello Bouba n’a pas eu le temps de s’asseoir qu’il avait déjà demandé à son secrétaire général, le pharmacien Pierre Flambo Ngayap, de mettre les journalistes hors du portail. 
L’Undp tenait hier une réunion de son bureau politique. L’ordre du jour n’a pas été communiqué, mais le secrétaire général, avant l’ouverture des travaux, a indiqué que « l’actualité nationale et la perspective des échéances politiques à venir » seront à l’ordre du jour, sans toutes autres précisions. 
 
Sur les 35 membres que compte le bureau politique, 29 étaient présents.  Ce bureau est amputé de trois membres : deux sont décédés et Delphine Zanga Tsogo est démissionnaire du fait de ses nouvelles fonctions à Elecam. 
 
Cette réunion du bureau politique se tient à trois mois de l’élection présidentielle. Jusqu’ici, ce parti n’a pas encore donné officiellement une position sur ces élections. Bien que son président, Bello Bouba ait clairement appelé le gouvernement à baisser les frais d’établissement de la carte  nationale d’identité pour faciliter les procédures d’inscription sur les listes électorales. 
 
Difficile à ce jour de mesurer le poids politique de ce parti qui a pourtant été la deuxième force politique du Cameroun. Mais les chiffres parlent d’eux – mêmes.  De 68 députés en 1992, et 13 en 1997, l’Undp ne compte aujourd’hui plus que six députés à l’Assemblée nationale. Le parti dans lequel militait en 1991  lors de sa création de fortes personnalités telles que Samuel Eboua, Ahmadou Moustapha, Issa Tchiroma Bakary et Delphine Tsanga  n’est plus à même de présenter des candidats  sur l’ensemble du territoire national.
 
Quant aux présidentielles, le parti de Bello Bouba n’a pris part à aucune élection après celle de 1992. En 1997, ils avaient boycotté l’élection  tout comme le Social democratic front (Sdf), mais négocié une plate–forme Rdpc-Undp quelques mois plus tard. Cette alliance avait permis à l’Undp de bénéficier, en novembre 1997, de trois postes ministériels et quelques places dans la haute  administration. C’est à cette faveur que Bello Bouba, Nana Aboubakar et Hélé Pierre ont pu entrer au gouvernement. 
A l’élection présidentielle de 2004, Bello Bouba décide de ne peut pas se présenter au profit de Paul Biya. Mais, le nombre de postes ministériels engrangés à la suite du scrutin passe de trois à deux, car entre temp. Au fait, Hélé Pierre a entre temps rejoint le Rdpc. Mais l’Undp n’a rien reçu en contrepartie.
 
A sa création, beaucoup voyaient ce parti comme une autre alternative politique au Sdf contre le Rdpc de Paul Biya. Ce qui explique le fait qu’aux élections du 11 octobre 1992, ce parti 20% des voix , juste dernière Ni John Fru Ndi du Sdf (35,9% ) et Paul Biya du Rdpc (39,9% )des suffrages.
 
C’est le 25 mai 1990 que  Bello Bouba Maïgari, ex-Premier ministre en exil au Nigeria, annonce la création d'un parti politique dénommé Union nationale pour la démocratie et le progrès au Cameroun (Undpc)). Le 9 février 1991, les membres-fondateurs réunis en assemblée générale constitutive à Douala, officialisèrent la naissance de ce parti sous la dénomination finale Union nationale pour le progrès et la démocratie (Undp). L'existence légale de l'Undp sera finalement  reconnue par la le 25 mars 1991. 
 
Boris Bertolt
Les réserves sur Elecam
 
Il aura fallu plus de six heures pour que Bello Bouba, président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) mette un terme à la réunion du bureau politique de son parti qui avait débuté dans la matinée aux alentours de 11h30mn. Un communiqué final n’a pas été rendu public, mais nous avons appris que les  débats ont largement porté sur la tenue de l’élection présidentielle. C’est ainsi que d’après plusieurs membres ayant pris part aux débat, le bureau politique « a estimé qu’Elecam faisait du bon travail, mais des réserves sont émises sur sa capacité à organiser matériellement des élections crédibles.
 
Sur la participation des l’Undp au gouvernement, les membres du bureau politique ont jugé la plate-forme  « caduque ». Certains allant jusqu’à la qualifier de « mauvaise ». Depuis 2004, l’Undp n’a plus que deux personnes au sein du gouvernement.
Le bureau politique n’a pas donné de position claire sur la participation de l’Undp à l’élection présidentielle. Mais lm’un des participants a tenu à nous rassurer : « Les choses ne seront plus comme en 1997 et 2004 ».
 
Le bureau politique n’est qu’une instance consultative au sein de l’Undp. C’est le comité central qui décidera d’une participation de ce parti à l’élection présidentielle. Les résolutions finales de la réunion d’hier seront rendues publiques ce jour.
 
B. B.
 

Le tombeur de Samuel Eboua
 
Bello Bouba. Il ne s’est pas encore prononcé sur sa participation à l’élection présidentielle.
 
Il est né en 1947 à Baschéo, dans le département de la Bénoué.Bello Bouba Maïgari réputé à l’époque très proche d’Ahmadou Ahidjo, occupe  plusieurs hautes fonctions sous le régime du parti unique. De 1972 à 1975, il est secrétaire général au ministère des Forçes armées. Puis secrétaire général adjoint à la présidence de la République de 1975 à 1982. Dans le gouvernement d’Ahidjo du 7 janvier 1982, il est ministre du Plan. Il est nommé premier ministre en novembre 1982, et le reste jusqu’au 22 août 1983. 
 
Son départ du gouvernement intervient dans un contexte où Paul Biya accuse son prédécesseur de préparer un coup d’Etat. Bello Bouba est remplacé par Ayang Luc, un autre ressortissant du septentrion. A la suite de son éviction du gouvernement, il s’installe au Nigéria. 
 
Il réapparait sur la scène politique en 1991 avec  l’Undp, où il parviendra à évincer Samuel Eboua pour prendre la tête de ce parti en janvier 1992. Au départ, il affiche son hostilité au Rdpc. Allant jusqu’à exclure Issa Tchiroma et Hamadou Moustapha qui participent au gouvernement de novembre 1992. Mais en 1997, il va intégrer le gouvernement pour ne plus le quitter. Il sera tour à tour ministre d’Etat en charge du Développement industriel et commercial (1997 -2004), ministre d’Etat des Postes et télécommunications (2004-2009) et depuis 2009, ministre d’Etat en charge  des Transports. 
 

« L’Undp est dans la roue du Rdpc » 
 
Mathias Owona Nguini. Pour le politologue, les deux partis partagent le même socle  conservateur.
 
Que pensez-vous de l’alliance entre l’Undp et le Rdpc?
L’Undp est devenu, depuis 1994, un parti de collaboration. Cette formation politique qui était classée comme parti d’opposition, participe désormais comme parti d’appoint aux coalitions formées par le Rdpc. Dans cette optique, elle est un précieux instrument politique, qui permet à M. Biya et à ses associés politiques, d’élargir leur stratégie de clientélisme gouvernementale. En somme l’Undp est dans la roue du Rdpc.
 
Qu’est ce que cette collaboration a apporté au Cameroun ?
Il est vrai que les ministres issus de l’Undp n’ont généralement pas eu à occuper leur fonction de membres du gouvernement dans les ministères de souveraineté. Cela est en partie dû au fait que, ce parti a toujours opéré comme un junior partner dans ses alliances politiques et économiques avec le Rdpc. N’empêche que les ministres de l’Undp n’ont pas apporté une touche singulière, nettement repérable, dans les secteurs ministériels qui leur ont  été confiés. Leur gestion s’inscrit en droite ligne de celle des ministres du Rdpc. 
 
M. Bello Bouba pourrait-il présenter sa candidature à la présidentielle de 2011 ?
Il n’y a pas de chance à ce que l’Undp présente un candidat à la présidentielle. Cette formation politique et son chef ont choisi de s’aligner systématiquement sur le candidat du Rdpc à la présidentielle. Si cette stratégie à été récompensée par la présence permanente de quelques membres de l’Undp dans le gouvernement, elle a l’inconvénient de faire de ce parti, une succursale politique du Rdpc. Bello Bouba apparaît comme un chef de parti principalement occupé à préserver sa dignité de ministre d’Etat plutôt qu’à mesurer les inconvénients de sa collaboration avec le Rdpc, qui a contribué à démobiliser une grande partie de l’électorat de son parti . 
 
L’Undp a-t-elle une chance de se démarquer un jour du Rdpc ?
Au plan idéologique, non. Parce que, les deux formations partagent le même socle  conservateur lié à leur origine dans l’Unc. L’Undp pourrait se distinguer du Rdpc en empruntant sur le terrain du clientélisme ethno-régional, des dossiers historiques délicats, des querelles entre les présidents Biya et Ahidjo, le push manqué de 1984 et ses répercussions politico-judiciaires. Malheureusement pour les radicaux de l’Undp, leur leader a choisi la voie d’une collaboration soutenue avec le Rdpc. Cette dernière privilégie plutôt la vieille relation entre barons de l’Ahidjoïsme. 
 
L’absence de Samuel Eboua n’y est-il pas pour quelque chose ?
Les leaders du parti, ravis d’accéder aux positions gouvernementales grâce à ses alliances personnelles, puis formelles avec le Rdpc, n’ont pas mesuré les conséquences. Ceci a permis au Rdpc d’isoler méthodiquement l’Undp en le confinant d’abord dans la région septentrionale, avant de lui ôter ses positions de replis par une savante reconquête du grand Nord. On comprend alors tout le soin mis par les stratégies politiques du Rdpc de décembre 1991 à janvier 1992, pour obtenir l’éviction de Samuel Eboua à la présidence de l’Undp.
 
Propos recueillis par Cathy Yogo

Votre avis : Que pensez-vous de la présence de l’Undp au gouvernement ?
 
« Ce n’est plus un parti crédible » : Ernest Talla, comptable
Ce parti est juste là pour remplir les formalités. Il a perdu sa crédibilité depuis plusieurs années. Cette situation s’explique par le fait  que la démocratie camerounaise se porte très mal.  La démocratie un concept qui nous a été initié par les blancs et que nous n’avons jamais maitrisé la vraie signification. Au Cameroun, les partis politiques cherchent à se rallier avec le gouvernement parce que les leaders veulent s’enrichir. Que ce soit l’Undp ou les autres partis politiques, ils ne savent pas ce que signifie la être un pays démocrate. Je leur conseille d’œuvrer d’abord pour le développement économique du Cameroun parce que l’Europe a d’abord énormément investi sur le plan économique avant de s’adapter à  la démocratie classique.
 
« Ce parti qui va mourir » : Romuald Tasse, ingénieur
L’Undp est un parti qui va mourir parce que son ralliement avec le parti au pouvoir ne lui apporte rien de concret sur l’évolution démocratique de son parti. Le groupe a aussi perdu la confiance de beaucoup de ses militants. En plus, c’est un parti politique qui depuis des années n’a plus un seul député à l’Assemblée Nationale. Je pense que les partis politiques dans notre pays doivent revoir leurs objectifs. Certains aujourd’hui ne visent plus la conquête et l’exercice du pouvoir ils ont d’autres objectifs que même leurs militants ne connaissent pas. 
 
« Un parti sans stratégie » : Aurélin Tagne, agent commercial
La stratégie de l’Undp n’est que la continuité du régime des leaders politiques qui ont travaillé sous le règne d’Ahidjo, l’ancien président de la République. Ces leaders se caractérisent beaucoup plus par l’absence d’un programme politique pour l’évolution du leur formation politique. Le cas de l’Undp aujourd’hui, s’explique par le fait que c’est un parti sans stratégie  fixe. Hier c’était un mouvement de l’opposition. Aujourd’hui c’est un parti de la majorité.
 
P.N. (stg)





24/08/2011
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