L’Opération Epervier à remettre à plat

L’Opération Epervier à remettre à plat

Cameroun : L’Opération Epervier à remettre à plat La conduite de l’Opération Epervier apparait de moins en moins crédible et commande un aggiornamento. En quelques jours, l’accélération de l’actualité dans le cadre de l’Opération Epervier a achevé d’étaler les incongruités et les injustices de cette initiative d’assainissement des mœurs publiques. D’abord, l’acquittement de Jean Marie Atangana Mebara, qui aurait dû être un signe de la vitalité de notre justice, lequel a finalement été maintenu en prison après des acrobaties judiciaires douteuses, a jeté un froid et surtout révélé finalement aux yeux de tous, l’injustice de notre justice.
 
Ensuite, l’affaire Marafa Hamidou Yaya, dont l’arrestation, au regard de ce qu’on sait ces jours –ci de ses rapports avec le chef de l’Etat, n’est pas uniquement à inscrire dans la lutte contre la corruption et même n’a peut être pas forcément à voir avec elle, jette aussi sa part d’ombre sur cette opération.

Ces deux évènements qui se sont invités brutalement sur l’espace politique, échappant à tout contrôle appellent à questionner sérieusement le pourquoi et le comment de l’Opération Epervier. Le pourquoi renvoie à l’objectif que le pouvoir a voulu atteindre en lançant cette opération. Il a été dit, à qui voulait l’entendre, que ce serait le moyen le plus idoine de mettre en déroute les fossoyeurs de l’économie camerounaise et in fine du développement de notre pays. Un discours forcément flatteur pour l’opinion qui a toujours besoin de boucs émissaires, d’autant qu’il attendait aussi que les fonds détournés soient récupérés.

Le comment lui renvoie à la conduite de cette Opération Epervier. Il n’est pas exagéré de dire que depuis le début de cette opération, les droits élémentaires des accusés ont été bafoués de bout en bout, l’humiliation devenant la règle, comme s’il fallait y passer pour rendre effectivement justice.

A titre d’exemple, les charges colossales imputées aux mis en cause ont, dans la majorité des cas, fondu comme neige au soleil lors des procès, de sorte qu’on s’aperçoit que les accusations reposent sur des « preuves fantaisistes » tricotées à la va vite par des inspecteurs d’Etat incapables de les soutenir devant la justice.

Haman Adama

Tout semble aussi indiquer qu’il n’est pas question qu’un mis en cause puisse s’avérer innocent, notre justice instruisant alors uniquement à charge, ce qui est simplement scandaleux. De même pour les procédures, rien n’est fait pour garantir aux accusés leurs droits inaliénables. Voici deux années qu’Haman Adama croupit à Kondengui, sans qu’un juge ait daigné la convoquer, idem pour Ngamo Hamani, Henri Engoulou ou encore Ntongo Onguené.

Pour beaucoup dorénavant, l’Opération Epervier n’est plus ce qu’on avait cru dès son lancement. A l’instar des purges staliniennes, soutiennent-ils, elle consiste à éliminer les potentielles figures de proue qui pourraient s’avérer moins conciliantes dans les stratégies de succéssion à la tête de l’Etat du Cameroun.

Ce discours, à l’évidence, agace le Président de la République et ses collaborateurs qui se sont mêmes fendus d’un communiqué soulignant que l’Opération Epervier ne vise qu’à combattre les détournements de deniers publics. Il va bien falloir qu’ils apportent la preuve que telles sont véritablement leurs intentions. Pour y arriver, ils pourraient par exemple remettre à plat l’ensemble de cette opération telle qu’elle a été menée jusqu’ici. Ce ne serait pas faire preuve de faiblesse mais plutôt d’honnêteté.

Alors, il n y aura pas de raison que les réticences actuelles perdurent.

© camerounactu.net : Guy Zogo


15/05/2012
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