Logements SIC : la location à problème

Logements SIC : la location à problème
(Cameroon-Tribune 28/12/2010)


Il y a un paradoxe frappant entre la détermination des gens à obtenir un logement dans une des cités de la Société immobilière du Cameroun (SIC) et la situation financière de l’entreprise. Précisément les loyers. Il y a une semaine, l’on apprenait la somme hallucinante qui constitue les impayés actuels des locataires. Pas moins de 100 millions de F que le management de la société va essayer de récupérer dans les prochains jours. On lui souhaite bonne chance, parce que ce ne sera pas une partie de plaisir. La première chose sera d’identifier tous ces débiteurs.

Comme c’est de notoriété publique, il y a une différence nette entre les locataires officiels des cités SIC et les occupants des logements. Une opération de recouvrement des loyers impayés qui ne tient pas compte de cette réalité est pratiquement vouée à l’échec. Et pour cause ! La sous-location est la règle dans ce secteur où se bousculent les demandes de logement. Les locataires semblent avoir pris en otage les appartements, qu’ils contrôlent à leur guise. Les logements passent ainsi d’un frère à son cousin, du cousin à sa copine, de la copine à sa propre cousine, de la cousine à son frère aîné… un cycle interminable qui a l’avantage de la souplesse. L’essentiel étant pour les bénéficiaires de payer leur loyer, même s’il est au nom du locataire officiel.

Dans ces conditions, on peut comprendre la difficulté, même pour un responsable de la Société immobilière du Cameroun, à trouver un logement pour un proche. Un grand espoir a pourtant été suscité par l’opération de refonte des contrats, initiée il y a deux ans par le management de la SIC. Les résultats de cette opération d’assainissement sont toujours attendus. Tandis que les pratiques décrites plus haut continuent leur bonhomme de chemin.

Qu’est-ce qui peut donc justifier un tel niveau d’insolvabilité de la part des bénéficiaires de logements de la SIC ? A priori, la situation semble incompréhensible. Car l’attrait de ces logements sociaux réside justement dans leur accessibilité au plan du coût. Là où d’autres paient 80.000 à 100.000 F chez des propriétaires privés, les clients de la SIC n’ont que 40.000 F à débourser. C’est ce qui justifie la ruée vers les cités SIC, avec des acteurs parfois insoupçonnables. Au prix où se négocient les loyers dans les principales villes du pays et compte tenu du coût général de la vie, on peut effectivement comprendre cette tendance à amortir ses dépenses par un loyer acceptable. Mais ce qui est difficile à comprendre, c’est cette propension à oublier de passer à la caisse à la fin du mois. Cela relève en partie de la mauvaise foi, les locataires en question n’étant pas répertoriés dans les registres de la SIC.

Maintenant, il existe une autre catégorie de résistants, qui estiment que le bailleur n’en fait pas assez pour assurer le confort minimal à ses locataires. Et c’est vrai que les logements de la SIC ne sont pas, aujourd’hui, ce qu’il y a de plus enviable. La maintenance notamment est le talon d’Achille, derrière lequel beaucoup se cachent pour justifier leur incivisme. Résultat : les cités SIC sont tout sauf un paradis de bien-être, même si des couches de peinture ont été passées çà et là, il n’y a pas longtemps.

Yves ATANGA

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28/12/2010
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